<< Ne m'en veux Venzel, je t'en prie …. Ne m'en veux pas … >>

 Voilà quatre jours que la panthère était enfermée dans sa chambre, si étroite pièce comparée à la suite dans laquelle elle vivait quelques jours plus tôt. Une pièce sombre aux volets fermés, a peine meublée, dépourvue du moindre effet personnel mais qui s'était trouvée accueillante pour cette âme peinée. Depuis ces quatre jours, l'hybride pleurait presque sans cesse, larmes brûlantes qui glissaient sur ses joues blêmes sans que rien ne puisse retenir leur traversée, tantôt assise contre la porte de bois, les genoux ramenés contre sa poitrine qu'elle entourait de ses bras, tantôt allongée sous les couvertures entassées sur le lit en espérant retrouver un peu de chaleur. Jamais elle ne s'était sentie si mal, jamais elle n'avait autant culpabilisé, et la venue du roi, chaque jours, lui demandant ce qu'elle avait ne faisait que la renforcer dans ce qu'elle croyait. L'idée de se confier ne lui plaisait guère, même à l'homme qu'elle aimait, mais la solution qu'elle avait choisie n'en était pas moins douloureuse. La jeune femme avait préféré tout garder pour elle, ses émotions, ses nouvelles peurs, sa culpabilité, sa tristesse également, tout. Les souvenirs qu'elle avait recouvrés n'avaient été que des coups donnés en pleine poitrine qu'elle ne pouvait qu'encaisser, qu'elle s'interdisait de dévoiler.





 Une semaine venait de passer, une semaine où ses journées s'écoulèrent lentement, seconde après seconde, minute après minute, sans qu'elle ne puisse faire la différence entre jour et nuit. Elle avait perdu la notion du temps et si on le lui demandait, l'hybride serai incapable de dire depuis combien de temps elle se maintenait enfermée ici. Ses pleurs l'épuisaient et lorsqu'elle parvenait à se calmer un peu, tout ces souvenirs récemment retrouvés la rattrapaient dans son sommeil pour lui rappeler a  quel point elle se détestait d'avoir ainsi perdu la mémoire et d'avoir vécu éloignée de toutes ces vérités pendant ces 8 années. Ce n'était pas de sa faute direz vous, et c'est la vérité, mais elle avait besoin a cet instant d'en vouloir a quelqu'un, et elle n'avait trouvé qu'elle. Venzel ? L'idée de lui reprocher quelque chose ne l'effleura même pas, elle ne songea pas non plus à en vouloir à l'un des deux autres rois pour les massacres qui avaient produits ces événements. Non, seule elle en était fautive, elle en était persuadée. D'autant plus que la vampire ne se souvient que des événements passés avant son arrivée au château. Ce qu'il s'est déroulé entre l'instant où elle s'est vu fuir deux persécuteurs le jour où elle s'est faite capturée et celui où elle s'est réveillée la tête vide reste décidément totalement noir, contrairement à ce que le garçon pourrait penser.

Ceci était la raison de l’éternel refus qu'elle envoyait au roi lorsqu'il la visitait. Non pas qu'elle ne voulait pas le voir, la panthère en mourait d'envie, mais elle savait bien qu'il la rassurerait et chercherait à la convaincre que rien de tout ce qu'elle a vu n'était de sa faute, hors elle était persuadée de l'inverse et refusait tout autre point de vue.
Cependant, cette obsession à se taire n'était pas la seule raison, elle vient également d'une réaction qu'elle aurait en le voyant, purement primaire. Elle avait soif, terriblement soif et elle n'avait pas bu la moindre goutte de ce liquide tant apprécié depuis presque dix jours. Alors évidemment, si elle devait se retrouver face à quelqu'un … elle le mordrait, elle en est certaine, elle le mordrait et elle le videra de son sang jusqu'à le tuer. Comment ferait elle si cette personne était l'homme qu'elle aimait, celui pour qui elle donnerai sa vie ? Jamais elle ne se le pardonnerai, et ceci était la seconde raison de son obstination.
Une solution ? La seule que j'ai est d'attendre, encore, qu'elle se calme, et qu'elle accepte de lui parler, enfin, de lui expliquer ce qu'elle a vu, ce qu'elle croit, ses raisons et motivations également, tout lui réveler. Sachez pourtant que ce n'est pas aujourd'hui que ceci arrivera, la jeune femme étant encore en larmes à cet instant, serrant contre elle un oreiller qu'elle avait balancé à l'autre bout de la pièce quelques heures plus tôt.



 Finalement, une seconde semaine s'écoula, tout aussi lentement que la première, sans que la jeune femme ne dise un mot au roi en peine sur ce qu'elle ressentait, elle en était incapable. Aikia s'était enfin calmée oui et elle avait enfin comprit que quoi qu'elle fasse, elle ne pourra rien changer aux événements du passé, mais elle n'arrivait à cesser de culpabiliser pour autant, et c'était pour cette principale raison qu'elle refusait d'en discuter, car au fond, si elle lui expliquait qu'elle ne voulait pas sortir de la chambre par peur de le mordre, elle se doutait qu'il la comprendrai, ce n’était en soit plus un problème. La vampire chercha donc, durant plusieurs jours, le courage d'ouvrir la bouche et de prononcer quelques mots, très simple, qui pourraient débuter une discussion, en vain. Pendant 3 jours, elle ne su rien répondre, pas même lui dire de partir, rien, a la fois parce qu'elle avait peur qu'il ne la repousse mais également par faiblesse physique. Voici plus de 2 semaine, presque une vingtaine de jours que la femme ne s'était pas nourrie, hormis de son propre sang, et elle n'avait désormais plus la force de se traîner jusqu'au lit pour s'y installer plus confortablement. Dépourvue de toute énergie, elle n'avait plus que le choix que de rester au sol en attendant que l'on vienne la voir, et le sixième jour encore, c'est le roi qu'elle attendait. Cela faisait d'ailleurs plusieurs jour qu'elle espérait qu'il vienne, qu'il ne se lasse pas, qu'il ne l'oublie pas, et plusieurs jours qu'elle continuait de le repousser alors qu'elle ne désirait plus que de le prendre dans ses bras, enfouir son visage dans son cou, humer son odeur et le sentir là pour elle. Pourtant ce jour là, personne ne vient toquer à sa porte, personne ne l'appela, personne ne chercha à savoir ce qu'elle avait, et ce jour là, elle fut la seule à pleurer de nouveau, de peur qu'il ne l'ai cette fois oublié, de peur qu'il en ai eu assez d'attendre cette réponse qui tardait à venirr. Terrorisée à cette idée, la jeune femme recommença à penser au sang, ce qui ne fera que s'intensifier les jours suivants, a chaque instant, elle devait se nourrir sinon quoi elle exploserai.


 Ses craintes furent toutes vérifiées environ trois jours plus tard, alors qu'elle avait réussit a se déplacer jusque l'armoire pour prendre un gros pull coloré. Complètement gelée, elle s'était ensuite recroquevillée sur elle même, tremblante, pour essayer de trouver une quelconque source de chaleur, difficilement. Jambes ramenées contre elle, le menton sur les genoux, elle fixait la porte face à elle en attendant qu'il vienne la retrouver, lui parler, la consoler enfin car elle n'osait pas quitter sa chambre quand tout son univers s'effondra, d'un instant. Vous souvenez vous de cette étrange capacité, découverte peu de temps avant, qui faisait qu'elle ressentait,voyait et entendait tout ce que le démon ressentait ? Et bien c'est exactement ce qu'il se passa à cet instant, là, alors que ses yeux se fixèrent sur la poignée de la porte, son esprit lui s'envola jusqu'aux cachots du château où l'être aimé se faisait torturer par son frère. Une torture plus pour elle que pour lui a ce moment, l'homme étant entre les mains expertes de la succube et a ce qu'une partie d'elle ressentait, il aimait ça.
Instinctivement, la mâchoire de l'hybride se resserra, violemment alors qu'une première larme salée s'échappa de son œil gauche pour glisser d'un extrême lenteur le long de sa joue jusque finir sa chute sur sa main gauche refermée en un poing. Que … Que venait elle de voir, de sentir … ?! Qu'est ce que cet homme qu'elle pensait fidèle était en train de faire … ?! Il … Il disait l'aimer merde !! Avait il fallu si peu de temps pour qu'il l'oublie ?!
La vision ne dura que quelques secondes, deux ou trois, mais elle lui sembla horriblement longue, horriblement douloureuse, et lorsqu'elle reprit ses esprits, elle ne fut même pas étonnée du flot de larmes qui s'échappait de ses magnifiques yeux noisettes. Comment osait il ? Comment ?! Comment avait il pu la regarder durant toutes ces semaines, tous ces mois, et lui dire qu'il l'aimait ?! Comment il avait pu se jouer autant d'elle et de ses sentiments ?! Mais qu'elle conne, qu'elle conne !! Elle l'avait cru, toutes ces fois, elle l'avait cru, quand il disait qu'il l'aimait, quand il disait ne désirer qu'elle, quand il disait qu'elle était le mieux qu'il lui était arrivé, elle le croyait ! Et quelques minutes plus tôt encore elle l'attendait, elle attendait que son amour vienne la rejoindre, comment elle avait pu être si conne ?!! Putain, combien de fois l'avions-t-on prévenue qu'elle allait souffrir en restant avec lui, qu'il jouerait avec elle tant qu'elle l’intéresserait avant qu'il ne la brise ?! Pourquoi ne les avait elle jamais écouté ?! Pourquoi bon Dieu ?!!

Toute la nuit elle pleura, des heures durant, sans dormir, jusqu'au lendemain encore, où sa micro vision lui revenait en boucle, le plaisir qu'elle avait elle même ressentit à travers lui, les gémissements qu'elle l'avait entendu produire, son consentement … Merde c'était pour elle tout ça avant !! Pourquoi une autre ?! Pourquoi maintenant ?! Pourquoi alors qu'il venait encore la voir, quelques jours plus tôt, la gorge nouée par la douleur pour savoir ce qu'elle avait ? Pourquoi se moquait il tant d'elle … ?!

Les heures passèrent, puis un jour, puis deux, puis trois et sans qu'elle n'ai rien fait pour se nourrir, la jeune femme recouvra assez de force pour mettre la chambre sans dessus dessous, pour frapper le mur suffisamment fort pour y creuser un trou et surtout, pour le haïr. Elle le haïssait oui, cet homme pour qui elle aurai été bêtement capable de donner sa vie, cet homme qu'elle pensait bon et amoureux, elle le haïssait de tout son cœur, de tout son être, et elle ne désirait plus que de lui faire payer de l'avoir trompé de la sorte. Elle ne savait pas quand, ni comment, mais il allait souffrir autant qu'il venait de la faire souffrir elle, au point qu'elle en eu envie de mettre fin a ses jours. D'ailleurs elle en était persuadée, elle finirai par le faire après lui avoir fait payer, elle trouverait un moyen de se tuer, le Roi n'aurait plus besoin de s’embêter avec un esclave amoureuse comme ça, et il aurait toute occasion d'aller voir ailleurs, d'en toucher une autre l'espace de quelques heures, d'en aimer une autre jusqu'au matin suivant. Il serai libre ainsi, elle aussi, et enfin l'orage qui faisait rage à l'extérieur depuis 3 jours disparaîtra.

<< Je te déteste Venzel, tu ne peux pas avoir idée à quel point je te haïs !!>>


 L'idée qu'il puisse être sujet à une horrible machination ne l'effleura pas une seconde, durant toute la semaine qui s'écoula, jamais elle ne pensa que ce qu'elle avait vu n'avait que pour but de lui faire oublier l'hybride, et jamais elle ne fit le lien entre ce qu'il s'était passé la semaine passée et les événement avec Azael, le benjamin des rois. Non, rien du tout. La seule chose qu'Aikia n'arrivait à comprendre et qui a cet instant, la faisait encore hésiter sur ce qu'elle devait faire, était tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. C'était impossible de jouer une telle comédie aussi longtemps, d'être si sensible à un rejet ou qu'un roi si empli de mauvaises intention ai désiré l'aider. Elle ne comprenait pas … Peut-être avait il simplement eu besoin de se soulager de toute la douleur qu'il ressentait a cause d'elle, ou peut-être était il désireux de sensations nouvelles qui sait ? Mais dans ce cas là, pourquoi ne jamais lui en avoir parlé avant? Avait il peur qu'elle ne se braque ? Qu'elle le prenne mal ? Même si c'était ce qu'il serai arrivé à coup sûr, elle aurait préféré ça que de l'apprendre de la sorte.

 Toute ces questions, ces possibilités ne lui vinrent qu'une fois sa colère en partie passée, une semaine après environ, et les jours qui suivirent ne furent qu'emplie de cette même tristesse apathique qui l'affaiblit d'avantage.  Elle passait ses jours à réfléchir, penser, hésiter, se questionner. Une fois la colère complètement passée, ou presque, Aikia ne sut plus quoi croire, quoi faire. L'homme qu'elle aimait l'avait trompé, mais elle n'arrivait a accepter qu'il ai pu se moquer d'elle toutes les semaines précédentes, tous les mois passés. Personne ne pouvait être si bon comédien, pas au point que ça en soit si naturel, elle en était certaine. Mais il y avait toujours un hic, ce fameux hic de ce qu'elle avec ressentit, vu, qui la faisait tant hésiter. Que devait elle faire ?!


 Lorsque le roi revint toquer à sa porte, un soir de pluie, la jeune femme était éveillée, mais silencieuse. Elle l'écouta l’appeler sans faire un geste, puis après plusieurs essais, elle l'entendit soupirer puis faire demi tour et partir. Assoiffée comme elle l'était, tout ses sens étaient en éveil, et elle parvint à capter encore plus de sons qu'elle ne le faisait d'ordinaire, encore plus d'odeurs. Le bruit du tissus frottant contre sa peau lorsqu'il se tourna, l'odeur de l'eau sur le bois, eau collée à sa main droite sur le bois de la porte, son sang battre dans ses veines. Aikia ferma alors les yeux et inspira longuement le parfum de l'homme qu'elle aimait, mais qui lui avait tiré tant de larmes les jours passés, sans bouger. Aurait elle du le retenir ? Le prévenir qu'elle était là pour l'écouter ? Qu'elle voulait des explications ? Elle en était de nouveau incapable ..
Presque un mois qu'elle ne s'était pas nourrie, et l'avantage d'être un vampire, c'est qu'on ne meurt pas, mais se sentir si faible n'est guère mieux, épuisé au point d'être incapable de bouger, de parler, de penser concrètement. Elle avait la gorge sèche, horriblement sèche, et d'ici quelques heures, le peu de raisons qu'il lui restait pour songer à Venzel disparaîtrait pour ne se persister que de cet horrible désir de sang. D'ailleurs, dans quelques heures et alors que sa raison se sera éteinte, elle commencera à délirer également, mais ça, elle ne le savait pas encore, tout comme elle n'avait pas conscience de la tête qu'elle avait, son teint grisatre, les iris rouges, ses cernes sombres, ses cheveux emmelés. Depuis combien de temps n'avait elle pas été prendre soin d'elle, trop malheureuse pour cela ? Un moment déjà, mais encore un peu et elle ne tiendrai plus, elle dévérouillerai cette porte pour aller se nourrir du premier venu, qu'elle tuerai, puis un second, qu'elle achèverai également, et encore un troisième, et bien d'autre. La suceuse de sang pourrait ainsi enlever la vie a chaque esclave présent dans l'aile avant d'être satisfaite. Le seul problème ? Une grande partie des esclaves serait morte, inutilement car leur sang ne resterait pas dans son organisme et elle rejetterai tout a peine dix minutes plus tard.


 Le résultat fut exactement comme il avait été prédit, et le lendemain soir, vers 19heures environ, ses hallucinations débutèrent. Elle recouvra son énergie, puis la reperdit d'un coup, elle se mit à hurler, puis d'une minute à l'autre, explosa en larme, elle jura à l'intention du roi puis le supplia dans le vide de revenir à ses côtés, elle le voyait dans la pièce, à moins que ce ne soit dans son esprits, puis il disparu, elle s'énerva contre lui, de la même façon qu'elle l'avait si vite haï une semaine plus tôt pour la même raison du sang, puis elle retomba folle amoureuse de l'homme. Il revint accompagné d'une autre femme, et finalement, plusieurs Venzel apparurent, tous accompagnés, tous heureux, tous prêts à la narguer. Ils lui proposèrent leur sang, puis l'offrirent à leur nouvelle compagne, ils disparurent de nouveau et elle recommença à hurler, à crier dans toute l'aile qu'on vienne l'aider, la sortir de cette pièce horrible, alors qu'elle s'y était enfermée toute seule. Jusqu'à l'instant où ses cris furent transmis par pensé, de telle sorte que le démon ai pu les entendre, ses supplications folles, ses propos incohérents, ses rires idiots. La panthère avait besoin de lui, c'était certain, et elle ne voulait en aucun cas reparler des événements passés, qu'elle avait déjà complètement oublié, elle voulait son sang, juste son sang .....

Elle ne pensait plus qu'à cela, qu'à lui, ce nectar si vital dont elle avait tant envie, tant besoin. Il lui en fallait, maintenant, tout de suite, c'était une nécessité. Quiconque la verrait à ce moment confirmerait ces dires, il fallait la nourrir, elle en devenait folle. Le sang était sa drogue et Aikia aujourd'hui, plus que tous les autres jours, était en manque. 6 semaines qu'elle ne s'était jamais nourrie .. La soif atteignait son paroxysme, la douleur aussi, si bien qu'elle délirait déjà depuis plusieurs heures. Tout ça de sa faute … Tout ça parce qu'elle avait refusé de le revoir .. Elle aurait du accepter, rien que pour se nourrir, elle aurait du comprendre qu'elle ne mourrait pas si elle s'abstenait de boire, et même si c'est ce qu'elle espérait inconsciemment, elle regrettait maintenant d'en être là, dans cet état. L'hybride était sale, le teint gris, les yeux injectés de sang, les cheveux emmêles, ses vêtements déchirés, sa peau griffée sous des excès de rage et de manques soudains. Elle s'était rongé les ongles aussi, jusqu'à des fois les arracher, mordue les poignets, ses habits étaient tachés de rouge, sa mâchoire aussi à force d'avoir cherché à avaler son propre sang. Elle n'en avait pas conscience, certes, mais lorsque cela arrivera, elle regrettera.

Faible, plongée dans une énième hallucination, Aikia se remit à hurler sur l'un de ses nombreux fantômes, assise contre le pied du lit, les jours humides. N'avait elle encore alarmé personne de tous ses cris ? Ou alors ceci était il tant normal à Edenis qu'un esclave perde la tête que plus personne ne réagissait ? Sans doute .. Pourtant, quelqu'un, enfin, finit par arriver, paniqué, inquiet, stressé, tremblant d'appréhension et de peur. Il s'approcha de la porte précipitamment pour la frapper, criant. La panthère n'entendit rien de tout cela pourtant. Elle avait juste … Cesser de bouger, de pleurer, de crier et de respirer, immobile et attentive à une seule chose : le cœur de l'homme derrière la porte de bois, battant à rythme irrégulier, propulsant sang et énergie dans tout son corps. Tout ceci à portée de main. Ô comme elle en avait envie …
Sans avoir conscience de quoi que ce soit, Aikia, s'approcha pour tirer sur la poignée, ses canines s'imposant entre ses lèvres de nouveau.
La porte fut aisée à ouvrir.
L'homme fut aisé à attirer.
La veine fut aisée à trouver.


Il aurait pu être n'importe qui. Sa victime aurait pu être un homme ou une femme, une jeune esclave ou un démon expérimenté, elle s'en serait prit au premier qui aurait osé approcher sa chambre, l'approcher elle. Cet homme serait celui qui la soulagera, celui qui la nourrira, celui qui lui permettra d'étancher sa soif,  il serait l'outil que la vampire utiliserait pour calmer sa douleur, sa rage, sa peine et sa folie. Elle allait boire, elle allait mordre, elle allait vivre, elle allait tuer.



Il n'avait pas cillé, pas protesté lorsque la jeune femme l'attira a elle pour le plaquer contre le mur. Il semblait incapable de réagir même. Etait-ce la surprise ? Le choc de la revoir si mal en point ? La douleur de se savoir responsable ? Personne n'aurait pu le dire, et elle même n'y pensa pas. Sachez d'ailleurs qu'Aikia ne comprit même pas que sa proie était l'actuel cadet des rois, Venzel Easus, il n'était pour elle qu'un homme parmi les autres qui allait lui servir à survivre.

Calme, lèvres entrouvertes, la panthère fixait sa gorge, pâle sur laquelle elle sentait battre doucement une veine au rythme du cœur de son propriétaire. 15 centimètres, à peine, il était là. N'osant y croire, la vampire passa son doigt abîmé sur le cou de l'homme, a l'emplacement de l'artère principale, d'une lenteur impressionnante. Pour elle … Ceci n'était rien que pour elle … On aurait pu lui faire meilleure cadeau.
S'approchant enfin, elle ouvrit la mâchoire et enfonça ses crocs douloureux dans la chair du démon, perçant sa veine pour enfin, goûter son sang.
Le plaisir fut immédiat, mais de courte durée. La première gorgée lui tira un frissonnement et son rythme cardiaque s'accéléra, au même titre que l'espace entre chaque aspiration, qui diminuait. Elle buvait plus vite, plus fort, incapable d'oublier la sensation de plaisir et de soulagement qui la prenait. Libérée, la panthère avait enfin ce qu'elle désirait, alors elle resserra ses doigts sur les cheveux de l'homme, comme pour le forcer à rester immobile, et elle continua de boire.

15 secondes. Ce bonheur dura 15 secondes, a peine, jusqu'à ce qu'Aikia ne se raidisse soudainement lorsque le roi posa sa main dans son dos. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce contact l'avait ramené à la réalité, consciente de tout ce qui l’entourait, libérée pour la première fois des effets du sang lorsqu'elle en buvait. C'était comme … si cela était normal, comme si elle ne buvait que de l'eau, mangeait quelque chose d'habituel, elle se sentait normale. Aucune pression, aucune attirance, aucune force étrange a la poussant à ne se concentrer que sur le liquide. Rien, toutes les limites étaient tombées, et celles imposées à son esprit aussi. C'était ça le pire. L'esclave avait conscience de tout ce qui l'entourait, elle entendait le bruit du vent contre la fenêtre, respirait l'odeur du bois, très présent dans la pièce, sentant la main du démon sur sa peau … et se souvenait de tout ce qui s'était passé.
Ces sensations, cette impression ne dura qu'une nanoseconde avant que l’épiderme de sa proie ne s'humidifie sous ses larmes et qu'elle ne le lâche, de son propre gré, sa volonté. Une autre première fois. Elle choisissait de le lâcher, de s'écarter, mais plus que ça, elle refusait de s'approcher, de le toucher, de le mordre. Elle ne voulait pas de son sang en elle, pas de son odeur sur ses vêtements, pas après ce qu'il avait fait.
Comment aurait put-elle accepter de toute façon ? Il l'avait trahie, trompée, partie en voir une autre dès qu'elle s'écartait un peu de lui. Il disait l'aimer, mais il la trompait dès qu'elle avait le dos tourné. Il disait être fidèle mais était incapable de respecter ses engagements, ses promesses. Elle aurait du les écouter, tous ses gens qui l'avait mise en garde, qui lui avait confié qu'il était une mauvaise personne, qu'il était manipulateur, menteur et profiteur. Plus que tout maintenant, Aikia regrettait de s'être laissée bernée pendant tous ces mois, car ce méfait avait fait disparaître toutes les gentillesses, toutes les bonnes actions qu'il avait eu à son égard. Non, elle ne lui pardonnerait jamais.
D'ailleurs … Pourquoi était il là ? N'en avait il pas assez de la faire pleurer, de la briser, il fallait aussi que ce traître vienne admirer son chez d'oeuvre, produit de sa tromperie ? N'avait il aucune fierté ?
Elle le détestait.


Sa mâchoire tremblait violemment, faisant s'effondrer une goutte de sang sur le sol, entre ses pieds nus. Ses ongles la brûlaient, comme pour lui rappeler la raison d'une pareille maltraitance. Sa gorge était noué, bloquée, obstruée par un excès d'émotions, son ventre se tordait, ses entrailles s'emmelaient.
Rage, peine, tristesse, dégoût, douleur, haine. Il aurait du la laisser mourir.

<< Aikia je …. >>

Le souverain ne termina même pas sa phrase, elle serra les dents et recula, incapable de voir plus que des formes floues, résultat de ses larmes. Pourtant, elle ouvrit la bouche pour parler, prise d'une vision très nette d'une chevelure entre les cuisses du roi. Elle sanglotait, parlait avec peine, mais elle avait besoin d'explications, de comprendre. Ne le satisfaisait elle pas ? Ne l'aimait il plus ? Ou pas du tout ? Au fond … Elle ne devait être plus qu'une femme amoureuse, une énième parmi toutes celles à qui il avait du faire croire à son amour, une nouvelle en larme face à lui, qui y avait cru. Qu'elle idiote, tomber amoureuse d'un démon, elle ne pouvait qu'en souffrir.
L'hybride garda la mâchoire contractée et leva une main jusque sa joue pour essuyer ses larmes, incessantes.

<< Comment t'as pu me faire ça Venzel …. Comment t'as osé ...Tu disais m'aimer et l'instant d'après tu …. elle se remit à pleurer, coupée par un sanglot, mais reprit.
… Comment t'as pu …?! >>

Le roi baissa la tête, comme s'il s'en voulait. Peut être regrettait il enfin, peut-être était ce un minimum sincère, peut-être ne lui avait il pas toujours menti … Elle voulait espérer, dieu qu'elle voulait y croire, mais l'image était trop nette, les sons trop vifs, les sensations trop agréables. Elle ne pourrait jamais y croire totalement …
Si la jeune femme soupçonnait un quiproquo ? Aurait pensé qu'à cet instant, il regrettait une toute autre chose, celle de s'en être prit à elle, à l'avoir violentée, violée ? Non, elle ne savait encore rien de tout cela, elle était persuadée que tout était clair, qu'il ne l'avait blessée que sentimentalement. Et il continuait … Qu'il réponde, qu'il démentisse, qu'il confirme, qu'il parle, elle avait besoin e l'entendre !
Devant ce silence, ses larmes redoublèrent d'intensité. Qui ne dit mot consent, elle croyait encore qu'elle aurait pu se tromper, mais nan, il acceptait les reproches … Pourquoi ?!
Tremblant d'avantage, l'hybride continua, elle avait besoin d'une réponse, une réaction, n'importe quoi mais pas ça !

<< Venzel dis quelque chose !elle pleurait touours, mélange de perles de sels et de larmes de sang.
Tu m'as trompé et c'est la seule réaction que t'as ?! Merde réagis … ! Expliques moi, fais quelque chose !!! >>

Elle allait continuer quand elle le vit relever la tête, sourcils froncés, surprit. Il ne semblait pas comprendre.

<< Attends … De quoi tu me parles Aikia … ? Je ne t'ai jamais .. >>

Elle le savait, il allait dementir. C'était trop beau, mais que préferait elle ? Qu'il se taise ou qu'il lui mente ? Elle ne savait pas, alors elle le coupa, poing serré.

<< Arrêtes tes conneries, je l'ai vu, je l'ai sentie ! Je t'ai entendu gémir, j'ai gémit aussi … Je l'ai vue penchée entre tes jambes et toi ne faisant rien pour la repousser, pour te débattre ! Tu oses encore me dire que tu ne m'as pas trompé, que tu n'as pas couché avec elle ?! Arrêtes de me mentir Venzel, je l'ai sentie .. ! Merde pourquoi t'as fais ça ?!!! >>

Aikia ne cessait de remonter ses mains à ses joues, ses yeux, cherchant à calmer les furieux sanglots dont elle était devenue la proie. Le dire à voix haute le rendait encore plus réel, moins inconcevable. Il en aurait été capable, plus elle y repensait, plus elle s'en persuadait … Alors pourquoi mentir ?
En y repensant, son cœur se serra, si fort, à tel point qu'elle cru qu'il allait lâcher, imploser dans sa cage thoracique. Combien de fois lui avait il dit, soudainement très serieux, qu'il l'aimait et ne supporterait pas qu'il lui arrive malheur ? Combien de fois lui avait il assuré qu'elle était la seule qu'il fréquentait, et que jamais il ne la tromperait ?
Les preuves étaient là, il était un parfait connard, démon manipulateur, menteur. L'hybride ne comprenait plus pourquoi ses frères hésitaient sur son camp, il était évident de deviner auquel il appartenait.