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Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un.
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeDim 9 Sep - 16:51



Le geste exécuté par le Meidan, de même que son interrogation, ne s'étaient voulus ni agressifs, ni méprisants, mais raide et fiévreux, le rebelle n'avait su réprimer ni la précipitation de son initiative, qui d'un regard extérieur pouvait sembler offensive, ni le mordant de ses paroles. D'une question, certes en rien innocente mais à l'instant uniquement motivée par la curiosité obsessionnelle d'un homme qui ne souhaitait qu'obtenir toutes les informations qu'il lui manquait, il était passé à une rhétorique acide et provocante, indésirée autant que malvenue, bien peu diplomate et certainement pas souhaitée alors qu'il puisse être ainsi à la merci d'une potentielle ennemie. De ce fait, et alors qu'il n'avait souhaité que quelques réponses dans un échange courtois à défaut de se voir agréable, il n'avait obtenu qu'un froid soudain et brutal, un retroussement de nez amer et une distance physique qui ne l'arrangeait en rien, le tout additionné à un ego démoniaque froissé.
Combo.

Fautif, Ningal n'eu pourtant pas le réflexe de culpabiliser, pas même celui de s'excuser. S'il était vrai qu'il fut le maladroit à avoir dégradé une situation déjà bien complexe, il ne fut pas, du moins pas encore, celui qui en fut véritablement conscient. Seule lui apparût la susceptibilité évidente de sa protectrice, si palpable d'ailleurs qu'il sentait la colère et l'amertume qui en découlaient lui hérisser les poils.
Ce constat, celui de l'irritabilité de la belle cornue dont la répartie venait de se faire cinglante et non celui de sa pilo-erection, fut lui même responsable d'un grognement de sa part, fatigué.
A son tour, le rebelle bascula la tête vers l'arrière, calant son pariétal contre le brûlant de la roche et paupières closes, il se permit un soupir profond, les dents serrées. L'Homme poisson, tout le temps que dura sa courte vie, eut sans cesse à faire face à la connerie humaine. Cette fâcheuse et désagréable tendance dont disposaient trop aisément les Hommes à saisir la moindre opportunité, qu'elle soit justifiée ou fruit d'un imaginaire justement trop susceptible, pour se lancer dans une joute tantôt verbale, tantôt physique qui voulait se solder par la déchéance mentale et/ou charnelle de la victime.
Cette connerie humaine, il l'avait subit, vécue puis combattu, sans jamais parvenir à l'exterminer. D'aucuns dirent que l'Homme fut une vrai mite, un parasite immortel impossible à éradiquer. Il semblait que le parasite ne soit pas l'humanité, mais finalement un gêne qui se retrouvait chez d'autres races, car à constater d'abord même susceptibilité, puis même tendance à insulter gratuitement autrui chez la démone lui confirma qu'elle n'était finalement pas si différente de tous les autres.
Ce bilan l'agaça fortement, autant qu'il le lassa. Que quelqu'un se montre moins expéditif dans ses conclusions semblait être une joie qui ne lui serait jamais accordée.

Le blessé ne fit même pas l'effort de répondre. Il en avait assez de se défendre face à des imbéciles bornés, de se battre contre leur stupidité obstinée. C'était comme de convaincre un sourd avec les mots, impossible. Car à l'insulter, puis à répondre complètement à côté de sa question - car finalement, le fin de sa réplique laissait sous tendre qu'il ne s'agissait là que d'une occasion de vider son sac - l'innommé semblait finalement guère plus attentive qu'un malentendant.
Mais qu'elle se défoule, qu'elle se lâche, reproche, crie et insulte. Il avait essuyé son lot d'interlocuteurs frustrés en mal de quelqu'un à accuser, se voir être incriminé par un de plus ne changerait pas la face du monde.


De longues minutes alors, Ningal resta ainsi immobile, son crâne appuyé sur la pierre brune et sa cage thoracique à peine soulevée par des inspirations qu'il maîtrisait désormais.

Tout ce temps, il le consacra à calmer, puis éteindre un feu qui brûlait en lui, une colère enfouie depuis des années, réanimée par la langue toxique de la diablesse, une ire puissante et meurtrière qu'il se refusait pourtant de destiner au monde entier.
Lorsque enfin, deux paupières s'ouvrirent sur des prunelles mordorées, le Meidan avait recouvré un calme impassible, celui là dont il ne se départissait d'ordinaire jamais, une épaisse carapace qui lui assurerait, dans les minutes, heures ou jours à venir de ne plus ni s'emporter, ni se vexer, ni même finalement de s'inquiéter de quoi que ce soit, car cette carapace le coupait finalement de n'importe quel impact extérieur.


Ses iris se portèrent naturellement sur la jeune femme qui était devant lui, de l'autre côté de la maigre cavité, effondrée contre la paroi rêche et la moitié du flanc encore suintante.

Il réprima un soupir et à son tour, il se redressa.

Leur danse n'avait pas finie de se jouer, il lui fallait faire encore quelques pas pour clore, jusque la prochaine, un enchaînement qui devenait rituel.
Se saisissant de la lame, il la fit chauffer à son tour avant de venir, sans un mot, la plaquer sur la chair de l'étrangère.
Si l'épuisement ne lui avait permit de prendre conscience de la présence du rebelle à ses côtés, la soudaine douleur qui irradia dans sa cuisse alors qu'il concluait l'office initiée fut une parfaite occasion de s'en rendre compte. Impitoyable face à la douleur qui tira un cri étouffé à sa victime, Ningal poursuivit et termina sans jamais se stopper. La laisser reprendre son souffle aurait rendu chaque caresse apposée par le fer incandescent plus insupportable encore.

L'homme poisson n'attendait aucun remerciement, aucune reconnaissance, ni un regard ni un sourire.
Encore moins un coup de feu.

Tous deux sursautèrent. La balle s'était figée dans la roche, à trois centimètres bienvenus de la tête de la cornue, trop près pour que l'on puisse déterminer si elle avait été manquée de très peu, ou si c'était le garçon à l'épiderme bleuté qui était visé.
L'auteure, une rebelle aux mèches roussies, avait la gorge en sang, un bras ballant et certainement une plaie à l'abdomen. Elle peinait à tenir debout, alors à l'entrée de la grotte, et encore davantage à maintenir son bras levé pour pointer sur eux une arme qui ne disposait peut-être même plus de munitions. Mais son visage était resplendissant d'une joie malsaine, déchiré d'un sourire à mi chemin entre la sincérité maladive et la folie éphémère, à la fois réjouit de la situation et complètement brisé par celle ci.

- Regardez moi ces deux amants, réfugiés là à se câliner ... C'est'ti pas mignon ?

La jeune femme réprima un gloussement qui fit gargouiller quelque chose d'inquiétant dans sa gorge, peut-être une masse poisseuse qui marquait le début de la fin, puis elle s'avança.
Ningal quant à lui fronça les sourcils. S'ils étaient tous deux à moitié nus et lui entre les cuisses perle de la diablesse, la raison de telle situation était toute autre. Mais à vrai dire, ce n'était pas le quiproquo qui lui était désagréable, mais davantage la simple et bien déplaisante présence de la rouquine à leurs côtés.
Erah ne faisait pas partie de l'équipe envoyée dans le canyon pour récupérer vivres et munitions, qu'elle soit désormais là indiquait que des renforts avaient été envoyés, il était juste bien malheureux que ce fut cette tarée qui fasse partie de la cavalerie.

- Bon, vous m'faites une place ?
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeLun 10 Sep - 15:41
*


Ils étaient bien aussi stupides l'un que l'autre, tous deux reniés en ce monde et incapables de se comprendre, de s'accorder une confiance mutuelle bienvenue, butés à passer outre quelques échanges posés... Au moins ces échanges ci étaient-ils sincères.

La diablesse n'en pouvait tout comme lui plus de lutter contre vent et marrées, les humains n'étaient que des idiots, et elle estimait qu'il leur était trop semblable pour qu'il n'ait pu voir en elle autre chose que ce que son image renvoyait d'elle, une démone, quand bien même s'avéra t-elle être une démone pleine de bonnes intentions. Trop semblables, mais pas suffisamment, ils étaient sembla t-il voués à se livrer reproches et rancoeurs, mal dirigés évidemment, mais puisque l'orage dehors leur promettait de les garder ici encore de nombreux jours durant, vider son sac sur la personne en face de soi paraissait d'une logique amère.
Fatiguée, la jeune femme ne sentit même pas la caresse de son vêtement frôler l'intérieur de ses cuisses relevées, dont les genoux marquaient un angle droit à de nombreux centimètres du sol. Quelque part, dans son esprit, un neurone du réagir à la présence de ce corps étranger calé contre le sien, mais ce ne fut que la brûlure implacable de la lame qui tira la démone de sa presque inconscience.
Par réflexe, elle poussa un gémissement, sursauta et se saisit du Meidan, concentré quant à lui sur sa tâche. Passant un bras autour de son épaule, elle déposa sa main sur sa nuque et griffa la peau sèche de son cou, l'attirant toujours un peu plus près d'elle, sans le vouloir aucunement. Son autre main s'élança sur l'avant bras du rebelle, comme si elle avait voulu le faire cesser, pourtant elle ne fut pas en mesure de le repousser. Achevé son geignement, la cornue, soudainement redressée sur elle même, percuta de nouveau la roche dans son dos tant de ses cornes que de l'arrière de son crâne que ses excroissances osseuses prévinrent de la brutalité malvenue d'un choc si vif.
Sa respiration haletante peinait à s'extirper d'entre l'étau de ses mâchoires contractées, et lorsque la douleur acheva d'irradier de sa cuisse à son flanc, la diablesse poussa un long soupir de soulagement. Elle aurait même été prête à le remercier si un coup de feu ne l'avait pas tirée brutalement de son état, somme toute second. Une fois qu'ils eurent sursauté, ils tournèrent chacun leurs regards dans la direction de l'intruse qui, mal en point, les menaçait de son revolver dont du sang dégoulinait encore, poisseux et puant. La vision approximative de la démone ne lui permis pas de constater de l'individu qui se trouvait face à eux, ni du caractère catastrophique de son état, ce fut son odorat qui la renseigna sur la gravité de la situation jusqu'à ce que ses deux yeux purent lui offrir les images claires qu'elle s'était efforcée d'attendre.

Ses mains restèrent sur la peau malmenée du Meidan tandis que l'autre créature s'exprimait d'une voix rendue rauque par la maladie. Un gargouillis ridicule résonna dans le fond de sa gorge alors même que la rebelle continuait de palabrer, à vrai dire, la diablesse n'eut pas le réflexe de repousser son binôme, mais ça n'avait pas d'importance, bouger les rendrait dangereux à d'autres yeux, et Ningal était passablement plus susceptible de prendre une balle qu'elle.
La vision encore quelque peu floue, la cornue fronça ses sourcils sombres sur deux yeux dont les iris ne parvenaient pas à se décider sur une teinte quelconque, et passaient de ce fait du grisâtre au noir ébène, un fait significatif de son propre mal.

- J'en reviens pas sa gorge expulsa subitement un peu d'une masse opaque d'un sang coagulant un rebelle et un démon.

Un ricanement s'étrangla quelque part dans toute la poisse qui lui coulait dans l'oesophage, elle fit signe de son pistolet au jeune homme de reculer, tout en lui indiquant, non sans un sourire, de se départir de son poignard. D'un rapide coup d'oeil, la rebelle avait su voir que certains points avaient été mieux réalisés que d'autres, et lorsque ceux qu'elle avait appelé "amants" furent de nouveau à bonne distance, elle pointa son arme en direction du garçon, son regard fixé sur la démone.

- Je dois demander à qui pour avoir droit à une intervention ?

Ayant interprété le regard impassible de l'homme-poisson d'une trop bonne façon, la rousse s'en alla s'asseoir à côté de la cornue, sans jamais pointer son arme ailleurs que sur le troisième personnage présent à l'intérieur de ce renfort caverneux. Son rictus mauvais offrait un contraste parfait avec l'odeur de mort qui s'échappait de tout son corps affaiblit, et d'un autre geste, elle fit comprendre à l'infernale de soigner ses blessures, trop consciente de son incapacité à refuser d'agir alors que son binôme de fortune demeurait dans la menace d'une mort certaine.

La diablesse s'attela lentement à sa tâche, rendue fébrile par la douleur qui parcourait son propre corps et trop peu précise par la faute du tremblement irrégulier de ses mains.

- Ningal c'est ça ? L'homme poisson. Ca m'étonne que t'aies réussi à te faire une place, surtout maintenant que je te vois essayer de te taper la pute du diable.

Elle tourna la tête dans la direction de la femme à son côté, et fronça les sourcils devant son air renfrogné.

- T'arrête pas toi.

La rousse vint faire barrage du dos de sa main lorsque de sa bouche s'échappa une toux sanguinolente. La démone ne put pas même tenter de l'atteindre, trop faible pour que tout acte put porter ses fruits, elle aurait été trop lente pour empêcher au rebelle de recevoir une balle tirée en réaction.
L'intruse se tourna de nouveau vers l'homme en face d'elles, assis à l'autre bout de la petite grotte.

- Va falloir me raconter c'que vous faites là, et pourquoi vous semblez être les seuls à vous en être tirés. Me dit pas que t'as abandonné les tiens pour.... ça ?


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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeSam 29 Sep - 22:20



N'en avaient-ils jamais assez, tous ici dans cette contrée et même au delà, de toujours juger et dépriser chacun des hères croisés ?
Le mépris de la rouquine agaçait le Meidan, autant finalement que celui exprimé par la démoniaque rebelle quelques minutes plus tôt. Mais passant outre le fait qu'il lui soit une seconde fois nécessaire de supporter pareil ressentiment, ce fut surtout la présence de la folle dingue, plus que les préjugés, qui mirent à mal son calme trop récemment recouvré. Les deux blessés avaient mieux à faire que de devoir écouter, répondre et supporter les chapelets de connerie qu'elle pouvait bien déblatérer, il en allait de même pour ce qui concernait chacun des actes stupides et impulsifs qu'elle pouvait bien exécuter. Alors être confronté aux deux et ce pendant une durée indéterminée parce que la demoiselle avait sélectionné, parmi la maigre poignée d'abri possible qui s'offrait à elle, leur grotte à eux .. Il y avait de quoi se tirer les cheveux.
Ningal fut tenté de hausser les yeux au ciel, grogner dans sa barbe et lui demander, de façon aussi cordiale que respectueuse, de bien aller se faire foutre, mais aussi vite que l'idée eu traversé son esprit, celle-ci s'évanouit, écrasée sous le poids conséquent d'une évidence qu'il aurait été bien malvenu de balayer.
Erah était une métamorphe frappadingue, l'araignée qui squattait son esprit malsain avait déjà laissé éclore un millier d'oeufs toxiques qui avait fini, des années plus tôt, de coloniser la moindre parcelle de lucidité qui eu pu un jour subsister dans les méandres de sa matière grise, et on pouvait désormais lui imputer autant de vice qu'elle avait commis de crimes. Si à la Caserne, ses déviances étaient bridées par la menace d'une autorité supérieure, ici au coeur d'un maëlstrom gigantesque, rien, et surtout pas deux rebelles blessés et désarmés, ne pourraient s'en charger.

Convaincu que la folie de la jeune femme n'était ni à sous estimer, ni à titiller, le garçon choisit à la provocation un mutisme obstiné, fruit d'un sentiment d'impassibilité qui, bien qu'on soit venu le déranger d'une balle presque bien placée - ou trop bien placée ? - à dix centimètres de son crâne, persistait encore.
Sans un mot alors, il choisit la soumission à la révolte et se recula. Il avait apprit voilà des combats qu'il fallait souvent mieux mettre son ego de côté plutôt que de risquer sa peau. Une balle était vite partie. Pour autant, cette menace n'était pas suffisante pour le pousser à discutailler. Si l'homme poisson avait bien une chose en horreur, c'était de palabrer.
Il haussa les épaules à l'ultime question de la désormais patiente, réaction somme toute peu explicite qui pourtant, sembla satisfaire la blessée qui en profita pour l’interpréter comme une approbation. Elle sourit de son rictus morbide, et poursuivit sur sa lancée moralisatrice.

-  J'suis d'accord que prendre du bon temps pendant le service c'est l'feu m'enfin .. Merde, pas avec ça quoi. D'un air presque complice, elle rebondit avec un dédain soudainement recouvré, lourd d'une haine qu'elle semblait partager avec tous ses pairs. Mf ..T'aurais laaargement pu trouver mi.. Aïe !

Sa subite souffrance, conséquence directe d'une chirurgienne de fortune vraisemblablement renfrognée, se solda par une gifle puissante retournée en moins d'une seconde.

Le coup fit sursauter l'homme comme la démone. Si l'une se raidit du fait d'une vive douleur, le second le fit d'un choc qu'il ne comprit pas, la sensation d'avoir lui-même essuyé un estoc et encore quelques secondes après, d'en ressentir la brûlure sur sa joue, et ce alors même que seul la poussière charriée par les bourrasques venait s'infiltrer jusque son épiderme sensible.
Ningal fronça les sourcils, sans que l'on ne put dire s'il l'eut fait sous le joug de la confusion ou d'un mécontentement certain à voir une innocente se faire frapper, mais encore une fois, il ne put agir.
La pointe d'un glock venait de se figer juste sous la mâchoire de l'infernale, et ce avant même qu'elle n'ait pu se remettre du revers essuyé, menace insensée qui la poussa à relever la tête.

- Me refais encore une fois ça salope de démone et j'te fais sauter la cervelle.

Diablesse et meidan déglutirent de concert. Erah, prise d'un nouveau rire gargouillant, fini par laisser échapper l'ordre de poursuivre. Il devenait néanmoins évident que son état ne s'améliorerait pas grâce à quelques points, au contraire d'ailleurs, car si son corps s'affaiblissait, sa folie ne cessait d'empirer.
L'oeil du rebelle bleuté s'attarda discrètement sur leurs différents atouts, disséminés ça et là dans l'étroite anfractuosité. Son espadon reposait à plusieurs mètres, avec ses vêtements et sa gourde. Les armes à feu de sa compagne de fortune étaient guère plus proches. Ne demeurait que des pierres, des rocs et du sable, seul avantage peut-être qu'ils pourraient tirer de cette tempête.
Ningal attendit de croiser le regard de la belle dénudée, peut-être pour l'avertir d'un coup à venir, puis véloce, bien trop vis à vis de ce qu'aurait du permettre son propre état physique, il se saisit d'une épaisse poignée de poussière et l'y envoya au visage de la rousse. Tant pis pour l'innommée, il était trop proche pour la manquer, s'il parvenait à prendre le dessus, il s'excuserait plus tard. Même aveugle, elle aurait certainement l'intelligence de tenter quelque chose, il ne pouvait miser que la dessus.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeLun 1 Oct - 12:19
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Si par réflexe la démone avait fermé les yeux, elle le fit cependant trop tard pour s'épargner de recevoir au moins quelques grains de poussières directement mal placés. Elle fronça les sourcils, ignorant la vive douleur à la lèvre qu'une gifle brutale avait achevé de raviver, ça en plus d'une plaie rouverte qui de nouveau laisserait échapper quelques filets de sang, d'abord maigrichons, puis plus gênants.
Malgré la soudaine obscurité, due à la maladresse obligée du Meidan qui siégeait fébrilement devant elle et leur bourreau, la diablesse attrapa les cheveux de la rebelle, à la base du front, et envoya l'arrière de son crâne se fracasser contre la paroi rocheuse. Erah, qui se tordait de douleur, émit un grognement puissant de furie tangible, et d'un geste presque mécanique, elle tira en direction de son assaillant dans l'espoir de le punir de pareil affront. Si l'un ou l'autre fut touché, ce furent néanmoins les deux qui éprouvèrent la morsure d'une balle hâtive venue se loger dans de quelconques chairs. Lorsque finalement la cornue pu de nouveau ouvrir des paupières que dissimulaient deux yeux rendus rouges d'irritation, elle se dirigeait, non sans hâte, ni sans douleur, au côté de ses armes, incapable alors de désarmer la folle furieuse.

Elle parvint près de son paquetage alors que de nouveau le pistolet de la rebelle se tournait vers son collègue, un homme qu'elle semblait prête à tuer malgré qu'ils furent dans le même camp. Sans prendre la peine d'attendre l'avènement d'un nouveau drame, la diablesse attrapa son glock et visa le bras tendu qui menaçait l'homme poisson. Elle tira sans sommation aucune, ne préférant laisser aucune marge de manoeuvre à cette chienne qui pu lui permettre de mordre une fois nouvelle. Celle ci d'ailleurs lâcha son arme au même moment qu'un cri rageur s'extirpa d'entre ses lèvres.

Devant le manque de réaction du jeune homme cela dit, la cornue du s'occuper elle même d'augmenter la distance que séparait Erah de son outil, et une fois celui ci envoyé quelques mètres plus loin, la rebelle fut maîtrisée et réduite au silence d'une manière trop peu délicate pour qu'elle ait pu résister à l'évanouissement.
Penchée vers l'avant, au dessus du corps inconscient d'une idiote qui s'accrochait à la vie tel un morpion sur une couille, la diablesse se laissa retomber contre le mur caverneux pour s'y reposer le temps d'un instant. Elle nimba son regard d'un voile épidermique puis releva paupières, passées quelques infinies secondes, de sorte à examiner ce qui se présentait devant elle. Un souvenir lui martela soudainement l'avant de la boîte crânienne, et c'est ainsi que la réminiscence du coup de feu qu'elle avait prit dans le flanc lui revint en mémoire.

Elle dirigea ses deux mains vers son ventre de sorte à palper sa peau, trouver le point d'entrée de la balle grâce au sang qui sans doute s'extirpait de la plaie, pourtant, elle ne trouva rien de plus que la viscosité toute relative d'un fluide carmin en train de sécher, s'il ne l'était déjà pas complètement.
La félonne fronça les sourcils sur deux yeux toujours entièrement noirs dont le contour rougi de sa peau lui donnait des airs de véritable diable. Plongée dans l'incompréhension, elle s'attela finalement à la découverte visuelle de sa propre peau, mais une fois de plus, elle n'était ceinte d'aucune blessure nouvelle.
Un pic douloureux lui remonta le long des côtes et s'infiltra jusqu'à son muscle cardiaque qui accéléra soudainement. Elle entendit ensuite une masse s'échouer avec écho dans la poussière et le sang.

Relevant les yeux, la -gentille- rebelle pris conscience d'un fait terrible qu'elle n'expliquait pas, mais auquel elle n'avait pas le temps de trouver un sens. Elle se précipita alors auprès du Meidan, écroulé sur le sol rêche et l'aridité d'une terre qui ne convenait pas à sa nature aquatique.

- Eh merde ! Rouvre les yeux !

Sa main s'acharna à tapoter la joue de l'homme rendue sèche par le temps, mais elle fut dans l'obligation de changer avec la seconde pour le faire légèrement pivoter dans sa direction.

- Ningal debout, c'est pas le moment de dormir !

Elle n'arrêta pas avant de l'entendre grogner, ça lui suffisait, mais pour combien de temps ?
La félonne cessa brièvement de tenter de le réveiller de sorte à pouvoir examiner la plaie bien nette qui creusait la peau du blessé. Elle jura entre ses dents et parti reprendre ses instruments pour tâcher de le soigner, une fois de plus.

Tout le temps que dura l'intervention, la rebelle ne cessa de tenter d'apporter réponses aux questions qui roulaient dans son esprit fatigué et qui lui apparaissaient comme insensées. Elle avait ressenti une blessure qui n'était pas la sienne, comme si elle avait été victime, à la place du Meidan, d'une attaque qui ne l'avait finalement pas même effleuré.
Même plus tard, lorsqu'elle eut achevé de le recoudre, elle ne parvint pas à contenter la frustration, fille de sa curiosité, et c'est pourquoi elle préféra se concentrer entièrement au bien être du jeune homme encore endormi.


Une affirmation certaine lui trottait dans la tête à l'instant même où la diablesse se saisit de sa gourde encore aux trois quarts remplie : la tempête ne semblait pas faiblir, et ils ne tiendraient certainement pas longtemps comme ça, sans vivres, sans nourriture et plus que tout, sans eau. Le caractère aride de l'endroit asséchait tout ce qui n'était pas de cet univers, et plus encore. Comme la démone n'aurait pas été à sa place dans l'étendue bleue d'une mer magnifique, Ningal lui n'était pas à la sienne ici, coincé dans un désert de terres assoiffées et de sables brûlants.
Elle poussa un profond soupir et déboucha le goulot humide.
De la même manière qu'elle l'avait fait plus tôt, elle s'attaqua à l'humidification d'une peau qui s'effritait par la faute d'un manque avéré. Elle laissa glisser l'eau sur l'azur de son épiderme sensible et ses yeux reprirent lentement la teinte grise qui les caractérisait tant.

S'occuper de lui sembla l'apaiser, au point tel que ses iris prirent la couleur de l'écume, un gris très pâle presque blanc. Imperturbable, la cornue suivait du regard les tracés larges que sa main s'employait à dessiner ça et là, jusqu'à recouvrir tout ce corps de la caresse satisfaisante d'une eau salvatrice.

Erah demeura inconsciente longtemps, assez peut-être pour que la vie pu la quitter, en tout cas, lorsque Ningal s'extirpa de son repos mérité, la rebelle n'émergeait toujours pas, et l'autre, celle qui avait patiemment veillé sur lui, avait finit par s'endormir, non loin de lui dans le sable venu du dehors, rongée par la fatigue et le visage peint du sang qui s'écoulait encore faiblement de sa lèvre écorchée.



Si l'aquatique lui avait émergé longuement, la diablesse n'en fut pas consciente, car sa conscience elle l'avait abandonné une journée entière. Elle douta cela dit qu'il fut éveillé longtemps, une fois qu'elle même eut quitté les bras de Morphée le doux.
Ses yeux ouverts sur deux iris presque entièrement laiteux, une couleur qui devait sa teinte à l'absence de forces qui occupaient son corps, la félonne se redressa, s'étira -non sans mal- et prit soin de s'enquérir de l'état de son compagnon d'infortune. Il gisait toujours à l'endroit où elle l'avait laissé, allongé sur le flanc gauche, dos au mur. Elle soupira, atterrée par leur manque cruel de chance, leur situation relevait du comique, au moins comme le fait qu'ils se soient retrouvés eux deux coincés l'un avec l'autre.
En glissant sa main gauche dans ses cheveux plein de poussières, l'innommée dirigea son regard près des dernières rations d'eau dont ils disposaient. Sa nature démoniaque ne l'empêchait pas de se dessécher, elle avait besoin de s'hydrater, et les nombreux jours déjà qu'ils avaient passé à l'intérieur de la caverne ne faisaient que lui rappeler que d'ici peu, elle finirait par s'écrouler à cause de l'absence d'eau.

La déglutition fut sèche et difficile, la cornue, malgré sa nature pensée malhonnête et perfide, au moins, n'avait pas ingurgité une seule goutte du liquide précieux, qu'elle avait cédé au Meidan qui, comme elle avait eu raison de le croire, en nécessitait davantage que sa propre personne. Pourtant, de constater que leur dernière gourde n'était plus pleine qu'au quart restant, la rebelle dû se rendre à l'évidence, ils ne tiendraient pas.
Comique de mourir entouré de personnes qui nous haïssent. Comique, ou triste.

D'assise, la démone se hissa sur ses deux jambes, non sans chanceler. Un soupir bref et contrit s'échappa d'entre ses lèvres sous l'effort, et ce fut son récipient dans la paume de sa main droite qu'elle s'approcha de l'homme poisson.
Elle dévissa le bouchon en tremblant, s'efforça d'économiser la moindre gouttelette, en répandit comme à son habitude depuis leur arrivée ici, sur le corps déjà redevenu aride du rebelle. Cette fois pourtant, elle termina la petite bouteille pour hydrater son oesophage.
Elle quitta sa nouvelle position, c'est à dire de s'être assise sur ses genoux, position qu'elle avait adopté pour s'occuper de son compagnon, pour se relever une fois de plus, abandonnant, à côté du corps immobile de l'aquatique, ce dernier réceptacle de tout l'espoir qu'il leur restait.

Elle habilla son corps de la longue cape qu'elle arborait toujours, glissa ses cornes dans ce qui demeurait de sa capuche percée et barra ses traits d'un voile épais qui ne laissait plus apparaître dans l'ombre que deux yeux d'une pâleur stupéfiante.
Décidée, la félonne attrapa ses armes dont elle avait du se défaire jusqu'à présent, puis se dirigea vers l'entrée, jamais sans aviser la tempête à l'extérieur.
Sa poitrine s'éleva dans une longue inspiration, la dernière qu'elle pourrait prendre avant longtemps, puis elle tourna la tête en direction du blessé, l'autre folle quant à elle devait être morte, comme si elle avait espéré le voir s'éveiller pour lui demander de rester. Cette simple pensée la fit lever les yeux au ciel, si elle voulait avoir une chance de faire ses preuves, il fallait qu'elle le sorte de là.

Consciente du risque qu'elle prenait, la possibilité de mourir engloutie sous le sable ne la découragea pas. Ils allaient mourir si personne ne se décidait à tenter le diable, et puisqu'il s'avéra qu'elle était la seule encore capable de tenir debout, comme d'être simplement consciente... le choix ne se faisait plus.

La longue cape noir disparu dans le torrent extérieur, comme happée par les vagues diluviennes qui s'abattaient alentour.


La traversée fut longue et pénible, voire impossible. La plage qui s'était déposée sur le sol de la région ingurgitait la moindre botte et ses particules aimaient à venir se loger dans les recoins les plus intimes. Peinant à se frayer un chemin, rendue aveugle par les terribles bourrasques, la démone s'effondra une heure environ après son départ de la petite grotte.


Trois jours plus tard, ses yeux gris s'ouvrirent sur le mur anthracite de la salle dans laquelle elle avait été déposée. Sa gorge la brûlait, et même si la faim ne se faisait plus si puissamment ressentir, la soif quant à elle tiraillait ses entrailles. Le verre d'eau posé à côté du lit d'hôpital dans lequel elle était allongée y passa, mais n'atténua que peu son irrépressible envie.

Tandis que la femme à cornes luttait dans la petite pièce dans laquelle elle était enfermée pour avoir l'attention de quelqu'un, le Meidan lui, avait été installé dans la salle de soin commune à tous les rebelles, sauvé quelques minutes après la démone et transporté à la base en urgence.
Lorsqu'il ouvrit enfin les yeux, une infirmière vérifiait l'état de ses bandages, et deux minutes plus tard, un homme d'une quarantaine d'année les rejoignait dans le but d'obtenir un rapport.

- Soldat ! Ravi de vous voir encore en vie. C'est un miracle.

Il lui laissa le temps d'émerger, de comprendre où il était, qu'il avait été porté loin de tout danger et que la sécurité faisait de nouveau partie de son environnement, toute proportion gardée.

- Vous êtes en sécurité à présent, nous vous avons trouvé il y à trois jours, vous faisiez peine à voir.

Une fois que le Meidan fut attentif, le gradé posa les yeux sur la tablette qu'il avait apporté avec lui, peu enclin à faire la conversation, comme d'ailleurs sans doute peu préoccupé par le sort de son collègue. Il entama ainsi son enquête, marquant à chaque fois un court temps de pause entre deux questions.

- D'autres n'ont pas eu votre chance. Le rapport fait mention d'une attaque de démons hum ? Vous étiez... partis sécuriser la zone de l'attaque qui avait pris pour cibles les Re'derin ? Qu'en est-il ? Et comment se fait-il que si peu d'entre vous aient pu réchapper de l'embuscade ?

Le rebelle prit le temps de la réflexion, caractérisé par le tic qui le faisait aspirer de l'air à la commissure gauche de ses lèvres et produisait un son insupportable.

- La tempête n'est pas arrivée tout de suite, le rapport estime que vous et votre équipe êtes partis presque trois heures avant l'arrivée de l'ouragan, et la patrouille de ce matin nous rapporte l'existence d'autres rebelles dans la ville. Vraisemblablement, vous ne vous êtes pas chargés d'eux, les ordres étaient pourtant clairs. Qu'est ce qui vous en a empêché ?

Il attendit les réponses du rescapé, mais ne rebondit pas sur aucune d'entre elles, il le ferait ensuite.

- Autre chose, comment vous êtes vous retrouvés dans cette grotte, Erah et vous ? J'imagine que vous avez tous deux été blessés pendant l'attaque, vous avez eu de la chance de trouver un refuge, enfin... vous plus qu'elle. Elle n'a pas survécu à ses blessures, les soins qu'elle vous a administrés étaient de toute évidence meilleurs que ceux qu'elle a reçu.


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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeMer 31 Oct - 12:42



N'en avaient-ils jamais assez, tous ici dans cette contrée et même au delà, de toujours juger et dépriser chacun des hères croisés ?
Il avait le corps endolori, raide de journées entières passées immobile, allongé tantôt à même le sol poussiéreux d'une caverne frappée par les bourrasques, tantôt tout contre le moelleux d'une couche propre dont le drap, certes moins blanc et bien moins doux que par le passé, était toujours plus agréable que la rugosité du sable trop sec qui eu irrité, asséché toujours plus sa peau assoiffée.
Lorsqu'il se réveilla, tiré d'une inconscience longue de plus d'une centaine d'heures, ce fut là la première sensation qui le frappa, et l'objet de sa première réflexion. L'esprit encore tout embrumé, il s'efforça à bouger la masse musculeuse qui demeurait là, inerte depuis trop de temps pour faire circuler son sang, et dégourdir des membres qu'il commençait à ne même plus ressentir. Qu'il fut blessé ne le dérangea pas outre mesure, néanmoins il sentit, au premier geste, la force de quelques bandes et tissus qui bridèrent en maigre mesure les mouvements qu'il souhaitait exécuter.
Ce fut les dites bandes qui lui rappelèrent en premier lieu les événements récents, altercations passées, blessures et coups encaissés, puis le vent, le sable, la tempête et enfin la soif terrible et l'eau salvatrice qu'ils ne pouvaient se permettre de gâcher. Il se remémora la douleur, celle d'une balle, puis de deux, surtout et plus que tout, l'aridité de l'air et de son environnement qui le desséchait lentement, le tuait davantage à chaque seconde qui s’égrenait, et ainsi, il constata qu'il n'en était plus rien. Son corps avait été hydraté longuement, peut-être maintenu dans un bain et ce pendant des heures pour qu'il puisse se remettre du choc ainsi que des plus graves blessures, et de ce fait, chacune des perforations, des entailles ou des profondes lacérations avait cicatrisé à une vitesse considérée comme phénoménale pour le commun des mortels.
Cette capacité qu'il avait, lui comme chacun des membres de son espèce, lui assurait de survivre, mais en rien de se rétablir complètement. Le processus était très long, une technique d'urgence qui s’exécutait sans qu'il n'en fut conscient et qui ainsi, des heures durant s'il était maintenu protégé dans l'eau, lui permettait de puiser de l'énergie pour alimenter son système immunitaire qui, naturellement, s'occupait alors de résorber les plaies et traumatismes les plus considérables, mais qui se stoppait dès lors que ceux-ci atteignait un stade considéré comme plus " gérable ", et pour lesquels il ne risquait plus sa vie.
De ce fait, Ningal, sans être tout à fait rétabli, se voyait être dans un état presque correct qui lui assurait de recouvrer force et vigueur d'ici peu.
Toutefois, si son corps lui semblait s'être vite remis des confrontations de ces derniers jours, son esprit lui était plus fatigué, et ses souvenances, plus longues à lui revenir en mémoire. Si dans les grandes lignes, tout se déroulait sans heurt, il se devait de se concentrer pour se remémorer des détails les plus précis : les chiffres, les paroles échangées, la position des membres de son équipe, leur comportement ainsi que leurs stupides décisions, tout ceci ne lui revint précisément qu'une fois qu'il ai dû y réfléchir pour répondre aux interrogations d'un gradé auquel il n'avait aucune raison de dissimuler le moindre détail. De ce fait, docile et sincère, il conta et raconta le déroulement de la mission, appréciait par ailleurs qu'on le laissa parler sans le couper, de ce fait préciser quelques points qui auraient pu paraître ambigus au premier abord, et ce à chaque question, ou presque. Car il en demeura une face à laquelle son état ne lui permit pas de réprimer son désaccord, et bien que d'habitude il eu pu rester plus imperturbable qu'un roc, il en fut rien cette fois ci.

Les dernières palabres du rebelle au tic désagréable firent froncer les sourcils au Meidan. Les suppositions implicites de son supérieur étaient bien loin de la vérité, le voir ainsi imputer à la rouquine fêlée les qualités d'une autre qui, par ailleurs maintenant qu'il en prenait conscience, n'était pas avec lui et devait certainement subir les préjugés d'autres survivants, fruits d'un quiproquo qu'il ne semblait pouvoir être corrigé que trois jours après leur arrivée ici - si elle était ici d'ailleurs ? - lui déplaisait fortement.
Redressé pour n'être qu'appuyé que sur son séant, Ningal corrigea alors l'homme debout face à lui, sans jamais savoir si ses paroles pourraient changer quoi que ce fut à la position probable de sa nouvelle alliée, du moins celle qui l'avait été bon gré mal gré le temps d'une tempête, qui il l'imaginait sans mal, si elle était mêlée aux autres hères rebelles, serait toujours rien de plus qu'une ennemie à qui il était nécessaire de soutirer aveux de crimes et de complots. Qu'elle s'abstienne, ou au contraire les confesse trop vite ne lui assurerait qu'une promesse de torture plus infâme encore que celles promulguées par les membres de sa race.

- Erah est responsables de certaines de mes blessures, en rien des soins que j'ai reçu. Ceux-ci m'ont été attribués par une démone, qui aurait dû être avec moi dans la grotte, et qui a aussi besoin de soins. Où est-elle ?

Si Ningal demeurait poli, son ton était plus impérieux que d'ordinaire. Il soupçonnait sans mal que la diablesse qui ai prit soin de lui soit désormais dans une mauvaise position, mais naif, il espérait encore qu'à intervenir, il pourrait peut-être empêcher qu'il lui soit fait du mal sans raison aucune différente du racisme seul.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeJeu 1 Nov - 11:53
*


Certains éléments pouvaient effectivement faire des miracles s'ils étaient appliqués sur les bonnes personnes, la nature était ainsi faite, et les Meidan pouvaient survivre à de graves blessures s'ils étaient plongés dans un bain d'eau qui fut au moins tiède. Cette singularité n'était cela dit pas propre à toutes les espèces, nombreuses écopaient de la faiblesse humaine une fois sous apparence humanoïde, et par ailleurs, toute cette application miraculeuse nécessitait quelques prérequis à ne pas négliger. En effet, les baignades salvatrices ne profitaient qu'aux Meidan qui choisissaient de quitter momentanément leur habitat naturel, car s'ils demeuraient sous l'eau, leur régénération n'était qu'au mieux accélérée, mais non miraculeuse. Aussi, tenter de contourner l'ordre naturel des choses, par exemple en sortant un aquatique blessé de l'eau pour assécher sa peau, puis le replonger dans le caractère salutaire d'une eau coulée n'aurait de fait aucun impact sur la santé de l'individu, et pire, une telle pratique s'avérerait dangereuse pour quiconque tenterait de se jouer de Mère Nature.

Ningal avait ainsi été bichonné, soigné, veillé. La démone qui l'avait accompagné et qui, patiemment, avait suturé chacune de ses nombreuses plaies n'avait quant à elle pas bénéficié du même traitement, mais rien de surprenant à sa situation, elle était l'ennemie, là où le doute et la honte régnaient en maîtres. Les putains du diable ne méritaient aucun traitement de faveur, ni même aucune attention, et même s'il s'avérait que certains démons avaient prouvé leur bonne foi, les cornes qui saignaient leurs crânes n'avaient de cesse de rappeler au monde entier leurs origines félonnes.
La diablesse ne faisait aucunement exception, et c'est pourquoi elle avait été enfermée dans une pièce, seule, juste assez bien traitée pour pouvoir s'estimer au moins un tant soit peu chanceuse. Elle soupira devant le manque de réaction extérieure, coincée là qu'elle était à attendre elle ne savait trop quoi, encore un bourreau stupide qui la considérerait à peine comme un être vivant.
Assise sur son lit, elle laissa son regard vagabonder de mur en mur, passant de la saleté caractéristique d'une tâche de terre sur la façade à sa gauche, à la porte, et ce à chaque fois qu'une paire de bottes venait couiner devant sa garde. Agacée, elle se laissa tomber sur le dos, les omoplates enfoncées dans un matelas presque aussi dur que la pierre. Son bras vint finalement recouvrir ses deux yeux, s'il n'était pas temps qu'elle soit interrogée, elle patienterait sagement. Le rebelle qui viendrait l'assommer de questions stupides n'allait sans doute plus tarder, et si leur but avait été de la faire languir au point qu'elle put douter ou ressentir une quelconque forme de stress, il n'en fut rien, car elle sombra dans un demi sommeil à peine réparateur en à peine quelques secondes.


- Hum...

L'inspiration brève de l'homme fit de nouveau retentir un petit claquement insupportable, son tic aurait pu rendre nerveux n'importe qui, et exciter le plus impatient des quidams de ce monde. Ningal semblait garder un calme impassible, ce qui n'était finalement pas réellement surprenant.

- La seule démone encore en vie que nous avons retrouvé se situait à l'extérieur de la grotte, à moitié ensevelie sous le sable. Ca n'a pourtant aucun sens. Hum...

Un nouveau temps de pause, une nouvelle inspiration, et l'attention du gradé passa de sa tablette à la peau bleue de l'homme poisson toujours docilement assis devant lui.

- Vous prétendez que la cornue qui se fait passer pour une rebelle vous aurait porté secours ? il pouffa d'un demi rire rendu nerveux par un agacement soudain Ca n'a absolument aucun sens. La seule raison pour laquelle elle est tolérée ici est que les généreux ne voient pas en elle une réelle menace, qu'elle est coupée du reste des siens, qu'elle n'a accès à aucune information qui tienne de la confidence, et qu'elle ne demeure pas à l'intérieur de la ville. Il est pourtant clair que c'est une espionne, ce dont les chefs se rendront bien compte à un moment donné, et peu importent ses motivations, nous allons la faire parler. Il est absolument inadmissible qu'elle tente de corrompre des membres de la rébellion de par le biais de quelconques frasques.

Il se redressa sur lui même, comme si l'idée même qu'un démon puisse faire montre de la moindre honnêteté lui sembla surréaliste comme tout bonnement impossible. Jugeant le caractère hérétique d'une telle pensée, le gradé décida de mettre un terme à la conversation, davantage guidé par sa propre opinion biaisée de la réalité et un agacement avéré que par le véritable désir de partir.

- Bien, reposez vous soldat. Vous rendrez votre rapport une fois qu'il sera entendu que vous puissiez tenir sur vos deux jambes. Oh, et tâchez de vous montrer plus réaliste dans votre compte rendu, Erah était une guerrière de talent. Quant à la cornue... Naisul se portera mieux une fois qu'elle ne sera plus là, vous comprenez surement cela.

Sans un mot de plus, l'homme, son horripilant tic et sa tablette disparurent derrière la grande porte qui fermait l'infirmerie. Les idées arrêtées des rebelles sur les démons n'étaient pas surprenantes, il était par ailleurs davantage plaisant de faire disparaître une vérité dérangeante que de s'en accommoder et de vivre avec, même si cette vérité faisait qu'une alliée de plus se joignait à la bataille.


Ses cornes claquèrent contre le métal dans un son qui trouva écho dans la pièce incroyablement vide, se réverbérant dans l'immensité somme toute minuscule de cette cellule maquillée qu'était la sienne, lorsque la porte s'ouvrit brusquement et qu'une femme y pénétra sans s'être préalablement annoncée. La surprise l'avait sortie de sa somnolence d'une manière si peu douce que son cerveau du se faire à l'idée qu'il n'était plus temps de se reposer, sa vision devint tout de suite trouble et ce ne fut que grâce à son ouïe qu'elle pu interpréter les choses.

- Debout.

Elle ne put s'empêcher de grommeler, comme une enfant que l'on sort du lit trop tôt d'une façon presque sauvage. Elle bascula sur son arrière train puis ses pieds nus vinrent rencontrer le sol froid de carrelage pâle rendu sale par la poussière, elle même en était encore en partie couverte.


C'était toujours un éternel recommencement.
Les choses n'allaient jamais impeccablement bien ici, encore moins lorsque l'on avait les yeux rendus opaques par une absence étonnante de caractéristique humaine, après tout ils n'étaient pas pareils, eux et les humains. La félonne suivit calmement la femme qui était venue la chercher, l'avait suivit sans faire de vague et en silence, rien ne lui aurait apporté de contester ou ne fut-ce que parler, la docilité était de mise, de même que son entière coopération, mais de fait, elle n'était pas différente de son ancien binôme, elle suivait les ordres lorsqu'ils lui étaient directement adressés, elle savait écouter, et jauger son environnement, les gens présents, tout comme elle savait lorsqu'il était indiqué de se la jouer littéralement rebelle ou non.
Dans le cas présent, elle n'avait pas vraiment le choix, et lorsqu'elle fut emmenée dans une autre salle, elle répondit aux questions qui lui furent posées avec le plus de justesse, offrant tous les détails dont elle disposait sans jamais cacher quoi que ce fut. Elle n'en eut ni la motivation, ni l'envie, ni même la nécessité flagrante.
C'étaient ses yeux, qui la trahissaient. Leur changement régulier de couleur, en plus du caractère racial de son apparence, ne faisaient que remettre en question, malgré elles, des paroles bourrées de sincérité. La bêtise environnante poussa les personnes qui l'interrogeaient, déjà sceptiques, à estimer qu'elle mentait, ce qui acheva d'allonger la durée d'un interrogatoire qui devint somme toute moins courtois au fil du temps.


Sans grande surprise, l'état du Meidan c'était nettement amélioré durant les trois longues journées qu'il avait passé alité. Ses blessures ne risquaient pas de se rouvrir à moins qu'il ait forcé comme un imbécile, et il était désormais autorisé à quitter le lit. La vie ici ne le prémunissait malgré tout aucunement de devoir intervenir en cas d'attaque, mais il ne fut pas sollicité dans l'immédiat. L'infirmière lui rendit ses affaires, l'accompagna jusqu'à la sortie, faute d'avoir d'autres patients auxquels promulguer des soins, et lui indiqua que la personne à laquelle les rapports étaient d'ordinaire rendus n'était pas disponible pour le moment, puisque concentrée sur l'affaire même dont il était l'un des principaux sujets. Elle lui conseilla d'attendre, ou de trouver un autre responsable, ces gradés importants chargés d'enquêter et de mettre un terme à certains mystères. Avant qu'il ne la quitte cela dit, elle lui indiqua également que d'autres membres de son équipe avaient survécu, trois au total, dont leur mystérieux chef.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeJeu 1 Nov - 19:27




Il semblait que tous ici, au sein de la Caserne et à des kilomètres alentours, eurent tôt fait de se forger une opinion des plus préjudiciables sur la démone méchée de bleu. Ningal, qui durant longtemps, n'avait pas même pris le temps de s'y attarder, bon soldat qu'il était, le constatait avec le même dépit qu'autrefois, à la différence seule que cette fois ci, il y imputait également une pointe de culpabilité. Si lui même ne s'était pas préoccupé ni des rumeurs ni des ouï-dire à propos de la cornue dès lors qu'elle eu commencé à faire parler d'elle, il serait mentir de dire qu'il ne fut pas un tantinet influencé par la réputation qui précédait ceux et celles de son espèce lorsqu'il fut pour la première fois confrontée à elle, quelques sept jours plus tôt. La voir se mêler à ceux de son camp, parler en leur nom et ce sans sembler les avoir consulté, les ignorer ou les provoquer n'avait évidemment pas beaucoup aidé. Néanmoins, l'avoir côtoyé, que ce fut de bon ou de mauvais gré lui avait fait constater son erreur, et sans dire qu'il lui fisse désormais confiance, ou même qu'il l'eu crû tout à fait innocente, il se refusait désormais de l'accuser de tous les torts. Ce encore moins si cela signifiait acclamer les folies d'une rebelle certes talentueuse mais avant tout complètement perchée et approuver les tendances racistes d'un gradé intolérant.
Si l'idée de défendre la diablesse alliée ne lui fut pas tout à fait rebutante, Ningal doutât toutefois de sa capacité à s'y oser et encore davantage à avoir gain de cause. Après tout, il était le premier à éviter de s'impliquer dans le moindre débat. Observateur silencieux à l'avis certes non pas figé, mais trop souvent en désaccord avec l'opinion publique, il préférait à l'éventualité d'un dialogue animé - qui lui même se serait trop facilement soldé par une nouvelle baisse de sa côte - la mise en sourdine de ses valeurs aux profits de celles communes qui semblaient être portées par l'ensemble d'une ville aveuglée par ce que d'aucuns considéraient comme des qualités : la rage et l'ambition. Pour autant, se devait il, une fois encore, de clore deux lèvres qui ne savaient finalement que se figer, suivre des ordres qu'il n'approuvait pas et taire des décisions qu'il ne cautionnait pas davantage ? Il était peut-être temps de faire comprendre à quelques quidams égoïstes que la nature de leurs actes et pensées n'était pas tout à fait cohérente avec le but qu'ils proclamaient rechercher.


Il fallu à l'infirmière davantage de temps pour lui faire d'ultimes recommandations concernant les soins et les activités conseillées qu'il ne lui en fallu pour traverser l'ensemble de la Caserne et trouver les quartiers où était maintenue recluse la démone dépréciée. Sa tâche facilitée par les commérages qui ne cessaient de fuiter des groupes de survivants trop curieux, il apprit, en plus de la position de l'innommée, le nom et le prénom du gradé qui l'interrogeait, ceux de deux autres rebelles postés à ce qui lui servait tout autant de chambre que de cellule, la nature et l'allure de son dernier repas ainsi que deux trois autres détails dont il se serait, pour le coup, bien passé. Le pas rapide et le bras encore en écharpe, il ne tarda pas à faire face au premier garde, tatoué du front aux orteils de motifs abstraits, qui le toisa avec autant de curiosité que de mépris.

- J'ai besoin de discuter avec Adnan.
- Et moi j'ai une furieuse envie de me faire sucer par une sirène.

Le Meidan laissa brièvement passer dans ses yeux l'éclat de son mécontentement mais plutôt que de l'exprimer, il se contenta d'insister, davantage motivé par l'idée d'avoir gain de cause que par l'envie de faire disparaître le rictus qui étirait désormais les lippes de son interlocuteur.

- Eh bien préviens le de ma présence, peut-être ton vœu pourra-il s'exaucer plus tôt que prévu.

Soufflant du nez, le rebelle céda, vraisemblablement moins intraitable que son allure pu le laisser croire. Il s'éloigna quelques secondes, le temps peut-être d'interpeller son chef qui semblait ne pas se fatiguer à questionner, encore et toujours une démone qui, en dépit de ses tentatives, ne démordait pas, maintenait sa version des faits et ce sans jamais trahir une erreur quelconque.
Tous deux revinrent quelques minutes plus tard. Le gradé, un grand homme plus barbu qu'il n'était chevelu arborait une vilaine cicatrice qui courait de la commissure de ses lèvres jusque son oreille déchiquetée, dégât irrémédiable dû à la lame d'un cornu qui s'était presque autant fait connaître que les trois régents démoniaques.
Adnan n'était pas connu ni pour sa méchanceté, ni pour son ambition. Un poil plus intègre que bon nombre de ses collègues, il avait davantage tendance à écouter la paroles des fantassins et autres sous gradés, et cherchait une certaine forme de justice. Il n'en était toutefois pas moins un homme que la guerre comme le mensonge fatiguait et altérait, et si un jour, le meidan eu crû en lui, il n'était plus certain de lui faire encore totalement confiance.

- Que me veux-tu Ningal ?
- Faire mon rapport Monsieur.

Il fronça quelque peu les sourcils, contrarié d'avoir été dérangé pour trop peu.

- Suis la procédure. Prends un papier, un crayon, remplis le et transmets le à ton responsable. Je suis occupé.
- Je préférerai vous en faire part de vive voix. Je crains que d'ici là, vous n'alliez déjà condamné la démone.
- Remettrais-tu ma capacité de jugement en cause ?

Si Ningal s'enfonçait tout seul ? Hm.

- Non Monsieur. Mais je voudrais que vous preniez en considération ma version des faits avant de décider de quoi que ce soit.

Adnan finit par croiser les bras sur sa poitrine, et d'un signe de tête, il enjoignit le soldat à poursuivre. Ses palabres maladroites et sa manière d'insister semblaient appuyer un ressentiment dissimulé, ou des doutes profondément ancrés, dans un cas comme dans l'autre, il semblait avoir de quoi le justifier.
Ningal entama alors son rapport, cette fois ci clair et concis, encadré par des années d'expérience. Il prit soin d'assurer que la diablesse avait davantage cherché à les aider, à épargner et protéger qu'à leur causer du tort, puis que c'était elle, et non pas Erah, qui s'était occupée de lui, sans jamais sembler prendre personnellement les accusations que tous ne cessèrent jamais de lui promulguer.
Ce fut alors qu'il finissait sur l'intervention de la rouquine qu'il se stoppa net, coupé par la vive douleur qui s'infiltrait sur sa joue. Le claquement brusque se mua en une brûlure qui ne cessait d'aller crescendo, mais alors qu'il apposait ses doigts sur la chair meurtrie, il ne sentit que la fraîcheur habituelle de son épiderme.
Ses deux iris surprises se posèrent sur le visage devenu inquisiteur de son chef, tandis que ses oreilles elles traitèrent les ondes sonores qui transmirent à son esprit une incompréhension tout aussi soudaine face à cet arrêt.

- Eh bien ?

Si ces paroles furent traitées par son cerveau, elles ne furent ni assimilées, ni comprises, car toute son attention se focalisait désormais sur cette souffrance seule, nouvelle mais familière, qui sévissait sans raison aucune. Pris néanmoins d'une intuition subite, le meidan grogna une question, cette fois ci bien moins impassible qu'il ne le fut jusqu'alors.

- Quelqu'un est encore en train de l'interroger ?

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeVen 2 Nov - 1:30
*


Un sourcil interrogateur se haussa, le regard inquisiteur que darda le vieil Adnan sur le Meidan acheva de révéler l'impatience qui désormais marquait nettement ses traits durcis par la guerre. Il ne doutait aucunement de la capacité auditive des surnaturels, lui même cachait bien son jeu, en bon changeforme qu'il était, pour autant, la salle qui se trouvait dans son dos, close, était suffisamment insonorisée pour étouffer la moindre réverbération et de fait empêcher à même l'ouïe la plus fine de se satisfaire du moindre son venu de l'intérieur. C'était par ailleurs pour cette raison que la pièce faisait une salle d'interrogatoire parfaite, les rares fois où elle servait, car n'étaient pas conduits ici les prisonniers de guerre. Aussi, le presque cinquantenaire ne croyait pas que son interlocuteur ait pu être le témoin de quoi que ce fut. Il décida toutefois de ne pas lui mentir, il n'y avait absolument rien d'étonnant à ce que la séance se poursuive malgré son absence toute relative.

- Daehad et Cage sont chargés de poursuivre l'interrogatoire en mon absence. D'ailleurs, si tu n'as plus rien à ajouter...

Avant même que l'idée d'insister ne naquit dans l'esprit du Meidan, le rebelle devant lui fit voler en éclat la moindre tentative, ou ne fut-ce que le moindre désir, de protestation, l'étouffa dans l'oeuf avant même que Ningal ne put songer à s'imposer de nouveau.

- Je prends note de ton rapport, mais mentir ne vous aidera ni l'un ni l'autre. La seule raison pour laquelle tu n'écopes pas d'une mise à pied pour insubordination est due à ta loyauté exemplaire et ton talent. Je ne sais pas franchement pourquoi tu la protèges, mais même si de nombreuses zones d'ombres persistes, tu n'es peut être pas sans savoir qu'elle a tué un membre de ton escouade. D'ailleurs, vos témoignages à tous les deux entrent en contradiction avec ceux fournis par les membres restants de ton groupe, celui de ton supérieur compris.


* * *

Si Cage était connu pour son impartialité, son calme, son imperturbabilité, le peu de mots qui sortaient de sa bouche et la loyauté sacrée qu'il vouait à Adnan, Daehad lui, l'était pour son impulsivité en combat, sa brutalité lors d'interrogatoires, la soif de sang qu'il dissimulait toujours sous une étoffe de docilité peu convaincante, et le tic insupportable qui le caractérisait tant, celui que le Meidan avait du supporter tout le temps que dura le premier entretien qu'il passa avec un gradé de Naisul.
Cette facette capricieuse, la démone venait d'en faire les frais, et ce malgré les ordres donnés au quarantenaire peu de temps avant qu'elle ne fut emmenée dans la petite salle où la lumière lui brûlait depuis les yeux.
Tout le temps que s'éternisa leur échange, à force de répétitions et d'une certaine forme d'incrédulité qui ne trouvait aucune raison, sinon dans celle du racisme d'un homme, Adnan avait sut temporiser et garder l'enragé à distance de leur presque détenue, toutefois, désormais qu'il n'était plus là, l'esprit de ce dernier, qui avait eu le temps de s'échauffer, laissait à ses mauvaises manies tout le loisir de se manifester.

- On recommence à zéro tu veux ? lui avait-il demandé, un rictus barrant son visage, au moment même où son supérieur quittait la salle

Deux minutes passé le départ du vieux changeforme suffirent à permettre à une large paume de s'abattre, et à une joue de chauffer. La félonne n'avait gardé d'imperturbable que les traits, mais elle bouillait de l'intérieur, ce que seul son regard ne trahit. Lorsqu'il vira du gris encore pâle au noir de jais, le rebelle s'exclama, tout sourire, heureux de savoir que son geste avait su la contrarier.

- Je dois t'avouer que je ne suis pas très patient. Si tu pouvais cesser de mentir nous pourrions mettre un terme à tout ça beaucoup plus vite.
- ...
- Bien. Ressayons. Admets-tu t'être rendue au plateau pour prévenir ta race de la présence de rebelles et de l'arrivée d'une escouade entière venue de Naisul ?
- Je le répète : Non.
- Mauvaise réponse.

Alors qu'Adnan terminait sa phrase, une autre punition vint s'abattre sur le visage pâle de la démone, de fait incapable de répliquer. Plus dure, plus féroce, elle marqua la joue d'une empreinte brûlante dont la différence flagrante de couleur laissait visible le contraste entre le teint de l'innommée et la zone où était venue s'imposer une main déterminée.

- Encore une fois tu veux ? As-tu orchestré l'attaque, et es-tu à l'origine du meurtre d'un des membres de l'escouade !?
- Je vous l'ai déjà dit, c'est lui qui m'a...

Si la douleur des deux premières gifles n'avait pas été suffisante pour lui soutirer la moindre plainte, celle ci, dont la puissance venait de monter d'un nombre certain de crans, acheva de marquer son oeil comme de rouvrir une lèvre déjà fendue qui peinait à cicatriser. Un gémissement s'exfiltra de la gorge de la cornue, et sa tête s'affaissa d'un coup brusque. Peu consciente du partage de douleur qui la liait au Meidan, la jeune femme ne se soucia pas une seconde de son sort, du moins pas pour ça, et de toute manière elle n'avait pas eu d'autre choix que de se faire à l'absence de renseignement sur son ex compagnon d'infortune qu'on avait gracieusement daigné lui fournir.
Alors qu'une quatrième attaque se préparait, l'homme silencieux qui observait la scène au fond de la salle se manifesta, et tandis que le bras du fou furieux s'élevait de nouveau en l'air, il en saisit soudainement le poignet, peu enclin à laisser son supérieur battre une femme sous ses yeux.

- Ca suffit.

N'étant loyal qu'envers Adnan, Cage, la petite trentaine, un homme mate venu sans doute des contrées de Sa'Artam, ne se souciait pas de la faute évidente que représentait son geste. Interférer de la sorte avec les pulsions d'un homme militairement plus respecté que soi était un danger certain auquel il n'accordait pas la moindre importance. Adnan, plus vieux, plus sage peut-être, avait donné des ordres, avait sommé au désormais bourreau de réprimer ses pulsions sanguinaires et de respecter le protocole qu'il souhaitait suivre. Rien de tout cela n'avait été respecté.


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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeDim 18 Nov - 10:52




Se permettre de faire un résumé exhaustif des événements passés à un haut gradé était de l'insubordination ? Oser attirer l'attention d'un général pour lui faire part d'informations qui pourraient lui être utiles dans son travail était de la sédition ? En quoi désobéissait-il ? Qu'on l'accuse de faire obstacle à une procédure aurait été plus sensé que de lui reprocher de se rebeller face à l'autorité.
Ningal grinça des dents. La guerre écrasait tout ce qui pu être un jour bon en l'homme, elle annihilait gentillesse, pitié et compassion désintéressées, écrasait réflexion, logique et autonomie. Sous prétexte de rigueur, on leur interdisait l'initiative, sous couvert de non réciprocité on prohibait la moindre tentative de rédemption. Il fallait apprendre à tuer l'ennemi sans faillir, par la même, on apprenait à battre son ami sans culpabiliser ; on prônait une paperasse ridicule plutôt que de favoriser les échanges humain, en somme on ne cessait d’assommer sa propre humanité, finalement celle de toute la race, à coup de décisions désastreuses, d'ordres oppressifs et d'autorité indiscutable, sans même se dire finalement que quelque chose pu clocher dans cette logique aussi débilisante que meurtrière. Qu'il fut accusé de désobéir aux ordres en était une preuve d'autant plus flagrante qu'à sa connaissance, rien, ni dans les textes ni dans les discours, n'avait un jour interdit qu'il puisse oser interpeller un homme qui n'était son égal qu'à cause de ses médailles, tout tenait donc qu'à des habitudes, des usages devenus règles. Cette putain de logique était inscrite si profondément en eux que plus personne ne se rendait compte qu'elle n'avait rien ni d'officiel, ni d'imposé, et si là était leurs seuls arguments justifiant leur inhumanité, ils allaient devoir ouvrir les yeux un jour ou l'autre, car si l'espèce survivait, elle ne serait finalement pas plus que l'ombre d'elle même, mauvaise et vicieuse, guère meilleure que les démons qu'ils étaient tous si fiers de combattre.

Le constat de son impuissance était aussi amer que frustrant, mais ses émotions ravalées, le meidan se contenta d'une docilité pudique qui depuis toujours, semblait lui faire valoir un tant soi peu de considération de la part de sa hiérarchie. Au contraire de la cornue qu'il avait pu côtoyer, ni ses iris, ni ses poings ne trahirent sa colère enfouie. Il avait appris à contrôler le moindre de ses muscles, de ses nerfs et de ses tics, à l'origine pour éviter de donner satisfaction à qui que ce soit, désormais pour ne jamais attirer l'attention. Ningal était pour beaucoup un automate, un soldat fidèle sans désir ni opinion, motivé semblerait-il uniquement par la satisfaction de ses supérieurs. Que tous se trompent à son sujet lui était bien égal, il ne doutait à l'instant pas que telle méprise puisse finalement tourner à son avantage.
Persuadé que le blessé n'oserait plus l’apostropher désormais qu'il eu été menacé, Adnan se tourna sans plus lui accorder d'attention, glissa dans la serrure une épaisse clef et poussa le battant d'une porte que le poids ne semblait en rien déranger.
Que des pas précipités viennent à résonner sur les dalles glaciales du couloir, puis qu'on appelle son nom à différentes reprises le convainquit néanmoins à se retourner, faire face au jeune qui servait cette fois ci de messager, trop fluet qu'il était pour pouvoir ne serait-ce qu'encaisser une gifle.

- Le lion géant ! Il est au centre ville, l'équipe de Rowen s'est mis en route, mais ils ont besoin de renfort !

Le sang du gradé ne dut faire qu'un tour à l'entente de ses palabres car il changea immédiatement de comportement, passant du geste contrôlé à celui plus précipité. Il fit volte face, héla les deux rebelles qui poursuivaient jusqu'alors l'interrogatoire dans la pièce insonorisé et leur ordonna de stopper leur office pour l'accompagner sur place au plus vite, visiblement bien plus préoccupé à l'idée de stopper un meurtrier que d'interroger une potentielle ennemie. Au moins disposait-il d'encore assez d'intégrité pour faire passer son devoir avant sa haine.

Aucun ne fit attention au Meidan, silencieux et invisible, quelques pas en retrait, blessé, inutile au combat et de ce fait, d'autant plus négligeable. Dans l'empressement, pas un ne l'aperçu, immobile opportuniste qui, dès lors que l'occasion se présenta, profita de l’inattention générale pour forcer une serrure qu'on avait, quand même, pris le soin de verrouiller de nouveau. A son tour, le rebelle se glissa dans la pièce et s'approcha de la presque prisonnière, non pas motivé pour sa part par un racisme assoiffé d'une vengeance injustifiée, mais bien par un presque désir d'accomplir une bonne action, au moins de rendre la pareille à celle qui lui avait à de trop nombreuses reprises sauvé la vie.

L'innommée demeurait assise, pieds et mains liés solidement à une chaise, la vue barrée de mèches smaragdines qu'elle ne pouvait que supporter sans jamais pouvoir les glisser derrière son oreille, et la lèvre en sang. D'ici, il pouvait remarquer que les soins qu'elle avait reçu étaient bien moindres que ceux qui lui avaient été prodigués à l'infirmerie, un constat sans surprise qui ne fit qu'ajouter à la liste d'injustices qu'il prenait soin de tenir à jour.
S'attelant de suite à la détacher, et ce en usant d'un bras qu'il aurait dû garder en écharpe, Ningal se contenta d'une poignée de mots à son attention. Il n'était pas là pour faire la discussion.

- On est quittes. Maintenant dégage d'ici, dégage de Rasguar, et ne revient pas.

Il se redressa, la détailla un instant, occupée à se masser les poignets, et justifia ses ordres comme son ton, pris par on ne sait quelle pulsion d'expliquer la raison de sa sommation.

- Personne ne veut de toi ici.

La fermeté de ses paroles les rendrait peut-être d'autant plus blessantes, mais il n'avait pas le choix. Pas un n'était capable de comprendre qu'elle ai pu agir de leur côté, rester ici ne lui assurerait que de se faire pendre, car elle en avait froissé quelques un qui feraient tout pour la faire disparaître. Et lui n'aurait plus aucune raison de la tirer d'une future emmerde auprès de ses collègues.
Il lui tourna finalement le dos pour sortir. Il fallait qu'elle se magne, l'agitation ne durerait pas longtemps, et lui espérait un peu de répit avant qu'on ne vienne l'accuser d'avoir aidé la cornue à s'échapper.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeLun 19 Nov - 21:00
*


Le front barré de mèches rebelles, la jolie démone était encore couverte du sang séché dont sa peau avait été nappée des jours durant. Ningal ne s'était pas trompé lorsqu'il avait cru constater que les soins qu'elle avait reçu avaient été moindres, comparés à ceux qui lui furent promulgués du moins.
Mais ce constat ne sembla pas les préoccuper ni l'un ni l'autre, à vrai dire, le contraire eut été surprenant.

Lorsqu'elle fut libre de ses liens, la démone s'attarda au massage de ses poignets, là où les cordes serrées avaient entamé sa peau et laissé derrière elles leur marque rougeâtre. Elle fut soulagée de pouvoir bouger de nouveau, mais ne résista pas longtemps au réflexe que celui qui lui fit passer sa langue sur la plaie suintante à sa lèvre. Elle grimaça en réponse à la douleur.
Alors que le géant bleu lui tournait déjà le dos, inquiet lui sembla t-il, et bien qu'elle ne sut pas tout à fait pour quelle raison, ses paroles elles, la firent d'abord froncer les sourcils. Un sourire vague étira finalement sa lippe, les yeux rivés sur le geste qu'elle continuait d'effectuer à la base de chacune de ses mains, la gorge nouée par la déception ainsi que par la maladie.

- Merci. Et... oh, merci pour ces charmantes paroles également. Je ne suis pas sûre de mériter tant de gentillesse, surtout de la part d'un rebelle.

L'amertume dans sa voix était palpable. Elle avait compris le message, et ce bien avant qu'il ne le lui adressa. Au fond, elle ne comprenait pas réellement son comportement, ses gestes ne s'accordaient pas à ses mots, et elle jugea de fait insensé qu'il ne la libère pour finalement la blesser, elle savait pertinemment qu'elle n'avait plus rien à faire ici, qu'elle n'était pas la bienvenue -si tant est qu'elle le fut un jour- et qu'elle devait partir. La lui jouer méchant sauveur à la langue venimeuse n'était qu'un bonus, et s'il la croyait assez sotte pour ne pas comprendre qu'elle devait quitter la ville en lui faisait directement du mal.... alors c'était lui, l'idiot.

Elle passa devant lui sans un regard, elle douta même qu'il lui en adressa aucun. L'encadrement de la porte trop frêle pour accueillir quatre épaules, deux d'entre elles se rencontrèrent, et l'une d'elles en percuta une autre sans qu'elle le voulut vraiment.
Ne l'avait-il pas mérité au fond ?

Cette pensée ne lui traversa pas l'esprit car ses pensées ne se tournaient désormais qu'uniquement dans la direction de sa fuite. Ce que la diablesse savait néanmoins fut que les rues de la métropole, ou du moins ce qui en demeurait, étaient trop longues et son corps trop faible pour qu'il lui fut permit de s'échapper dans l'instant. De fait, plutôt que de prendre à droite en direction de la sortie sud, elle prit à gauche dans le but de trouver la porte située à l'opposé. Une porte qu'elle rejoignit sans encombre, il s'avéra aisé d'y accéder grâce à ce lion que tous les rebelles tentaient en vain de capturer. Elle n'avait que faire de l'animal, et l'estimait sans doute plus intelligent qu'aucun autre dissident présent au Rempart, après tout, leurs cas étaient en partie similaires.

Elle enjamba maladroitement une caisse renversée dans la précipitation, à croire que cette ville était sujette au foutoir permanent. Un songe, une pensée, la mena à estimer que tout ça ne lui manquerait pas, mais son ras le bol passé, elle savait parfaitement qu'elle n'avait aucune autre raison de vivre que celle de venir en aide à son prochain. Elle n'était ni proche de ceux de sa race, ni de la communauté qu'elle tentait de soutenir, aucune espèce ne l'acceptait et il n'y avait aucun espoir quant à la possibilité d'une rédemption qu'elle n'avait par ailleurs pas à demander.
Elle se ferait une raison plus tard, même si la raison ne la prémunissait pas de recommencer. Après tout, que ferait-elle si elle abandonnait la lutte sans pour autant rejoindre l'ennemi ? Autant se laisser mourir ou se livrer à un camp ou à l'autre, mais périr ne faisait pas partie de ses désirs dans l'immédiat.

Une fois dehors, après qu'elle eut passé le caisson en bois à demis éventré, la jeune cornue leva le regard vers ciel pour tenter de se repérer. Elle redressa subitement le nez lorsque ses sens lui indiquèrent qu'un homme approchait dans son dos.
La tonalité de pas lourdauds qu'elle perçut dans son dos lui indiqua qu'il ne pouvait s'agir au choix que de deux type de personnes. Dans le premier cas, il s'agissait d'un homme alourdit par les années, l'alcool ou le gras, un rebelle en pâte qu'elle ne souhaitait surement pas rencontrer. Dans le deuxième cas, ce ne pouvait être que le blessé qui l'avait délivré de la salle d'interrogatoire, mais une fois de plus, elle estima que cette possibilité n'avait aucun sens, à moins toutefois qu'elle désira entrer dans le district blême.
Dans son état, cette situation était peu probable.
Loin de vouloir attendre de voir laquelle de ces idées était la bonne, la diablesse emprunta le trottoir d'en face et longea la chiée de bâtiments recouverts de poussière pour s'aventurer dans le quartier. Les rebelles n'étaient pas absents dans cette zone, pour autant, la popularité de ces lieux était passées, elle savait qu'en agissant bien, et si elle se dépêchait, elle pourrait atteindre sa planque avant que ses jambes ne la lâchent.

C'est à force de marche que l'usure de son corps la rattrapa. Elle n'avait pas imaginé qu'un quart d'heure lui semblerait durer des heures et que la précipitation lui ferait perdre l'entièreté de ses dernières forces.
Ce fut au moment d'ouvrir la porte, scellée à clefs, que sa carcasse lui fit défaut, et alors, un nuage de saletés quelconques s'éleva tout autour d'elle au moment où elle rencontrait le sol.
La conscience ne la quitta pas, ou du moins ne le fit-elle pas totalement.
La volonté l'avait poussée à s'effondrer quelques pas passée l'entrée, pour autant, elle n'était plus capable de bouger. Elle sentit son esprit virevolter lentement, ses narines furent assaillies par l'odeur du bois sec et son regard se posa sur la main qui s'était positionnée en face de son visage.
Elle baragouina un dernier mot avant qu'elle ne fut plus capable de réfléchir.

- Hmpf... fait chier...

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeDim 25 Nov - 17:24




L'eau était glaciale. Qu'importait qu'il tourna jusque la résistance le robinet surmonté d'un symbole rougeâtre élimé, rien d'autre ne sortait que ce cracha opaque, sale et presque assez froid pour se figer dans la tuyauterie. Si son épiderme n'était pas déjà azurée de nature, le garçon aurait juré voir sa peau virer au bleu, mais même sans ce repère visuel, ses doigts étaient assez raides pour confirmer que sa sensation de froid n'était pas uniquement due à ses faiblesses récentes. L'hiver persistait, intraitable, mais au moins préférait-il ces brûlures ci que celles, mortelles, des lourdes journées d'été. Ou de missions en plein désert.
Cinq minute durant, il se frictionna les paumes sous le jet frigorifié, détachant ça et là les croûtes de sang séchées qui s'étaient formées sur sa peau, s'étaient accrochées sous ses ongles. Le liquide, terne à la sortie du bec de plomb, se teintait d'un dilué écarlate curieusement vif tout contre le blanc de l'évier. C'était peut-être ça qu'il détestait le plus à cette période de l'année, ces couleurs tranchées, vives et agressives sur l'immaculé de la saison gelée. Le carmin de l'hémoglobine évacué à grandes giclées d'une carcasse encore tréssautante, l'obsidienne des roches avilies par la poussière léché par l'ambre des flammes dévastatrices. Tout était plus intense, plus violent, de morbides spectacles que l'on ne pouvait qu'observer, aveuglément, car finalement rendus si insipides par le froid raidissant qu'ils ne provoquaient à terme plus la moindre réaction humaine. Aucune pitié, aucune compassion, plus la moindre considération pour ce qui, avant, était un homme, une femme, une créature intelligente dotée de sensations et de sentiments. Les rebelles avaient, voilà longtemps déjà, perdu ce pour quoi ils targuaient se battre, la glace n'y était pour rien. Mais à pétrifier leur corps, elle faisait surtout constater au soldat que plus aucune autre chaleur ne pouvait réchauffer leur âme.

Le grognement qui parvint à ses oreilles le sorti de sa réflexion. L'innommé inconsciente était allongée sur ce qu'il avait trouvé de plus confortable, un canapé lit ouvert, dont le matelas, encore épais, comptait plus de trous que le tissu qui le recouvrait. Rien de luxueux, mais c'était toujours mieux que le plancher humide contre lequel elle s'était effondrée, une heure plus tôt.
Ningal n'avait rien fait d'extraordinaire. C'était davantage par agacement que par inquiétude qu'il s'était lancé à sa suite à la Caserne, après l'avoir aperçu prendre un chemin contraire à ses indications. Persuadé que la demoiselle allait une énième fois s'amuser tant à le contredire qu'à se mettre inutilement en danger, il l'avait suivi, assez déterminé à la faire dégager de la ville pour, s'il le fallait, la tirer par les cornes jusque Ebeleïn.
Il n'avait pas pu s'y résoudre. La traîner, évanouie, jusque la frontière pour uniquement s'assurer de tenir parole sans même se préoccuper de son état était stupide, la démone n'était pas en état de voyager, qu'elle l'eu voulut ou non. Bonne âme, il avait adapté ses plans et s'était alors dévoué à lui offrir des soins qu'on lui avait refusé, pris par un sentiment qu'il n'appréciait finalement guère de responsabilité, car loin d'être ni paternel, ni fraternel. Il ne lui devait rien après tout.

- Ne bouges pas. Tu as réussi à rouvrir tes plaies, enfin toi ou Daehad, et je ne suis pas certain d'avoir fourni un travail suffisamment solide pour supporter tes acrobaties.

Le meidan coupa l'arrivée d'eau puis attrapa un torchon accroché à l'un des tiroirs pour s'essuyer les mains. Son regard ne s'attarda que plus tard sur la silhouette recroquevillée sous la couverture, fiévreuse. Le changement de climat ne semblait pas l'avoir beaucoup réussi, la diablesse avait le teint pâle, les yeux cernés et le nez pris. Un vulgaire microbe sans doute, mais il était déjà suffisamment pénible de devoir se remettre de lourdes blessures pour ne pas avoir à le faire tout en consacrant la moitié de son énergie à combattre milliards de micro organismes envahissants.
Sans attendre de réponse - et encore moins d'opposition - il se détourna d'elle. Si son principal labeur avait été achevé, il en demeurait un autre qu'il se devait d'exécuter.

Il ne lui consacra de l'attention qu'une fois vingt minutes écoulées, et s'approchant d'elle, il se fit gentleman grognon. Dans ses mains, un plateau que son épaule droite avait du mal à soutenir, une assiette pleine et un grog. Il fut un temps où Ningal cuisinait, une époque où il prenait le temps de se préparer des repas aussi goutûs que copieux. Il était difficile de faire quoi que ce fut de convenable avec trois conserves périmées et une collection d'épices presque aussi vieille que lui, mais cela sentait bon, et c'était chaud. Toujours mieux que ce qu'on lui avait servit ces quelques jours de prison.

- Mange. Et dors.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeLun 26 Nov - 0:27
*


Allongée sur ce qu'elle osait appeler son lit, la jeune femme redécouvrait avec surprise le décor familier de sa misérable planque, un endroit qu'elle affectionnait davantage pour le simple fait d'être constitué de mur, d'intimité, que pour le lieu lui même. Elle aimait vivre ici car tous ces quelques meubles hachés par temps étaient les siens, elle était chez elle et tout ça lui appartenait. Pour quelqu'un qui n'avait jamais rien eu, tout cet amas d'objets usés par les vices et la guerre représentait beaucoup.

Au sortir du réveil, la jeune femme avait poussé un léger grognement, un grognement qui n'avait été évoqué qu'à cause de la lancinante douleur qui remuait l'intégralité de son corps meurtri. Loin de méconnaître chaque parcelle de son anatomie, la démone se surprenait cependant de sentir jusqu'aux corps étrangers qui s'étaient insinués dans le sien. D'abord recroquevillée, allongée sur le flanc, elle s'était tournée et avait roulé sur le dos, puis l'instant d'après, elle observait avec bonheur qu'elle se trouvait toujours là où elle s'était finalement évanouie.
La situation lui pesait, les démons, comme les hommes, elle avait toujours su les fuir, se prémunissant d'un quelconque état qui fut semblable à celui dans lequel elle se trouvait, mais elle avait toutefois fini par se montrer suffisamment imprudente pour faire vivre à sa carcasse abîmée de véritables épreuves.

Sa surprise ne fit qu'enfler à mesure que la conscience reprenait ses droits sur cet état second qu'engendrait le sommeil. A vrai dire, elle s'était attendue à retrouver son parquet, humide et froid, mais voilà qu'elle était de fait couchée sur le confort tout relatif mais suffisant de son divan mité. Lorsqu'elle aperçu la silhouette du Meidan plus loin, ses sourcils se froncèrent tous deux de concert. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre de quel ressort découlait sa situation. La curiosité remplaça l'étonnement, pourtant la diablesse se garda bien de piquer le jeune homme d'un trait acéré amer, la reconnaissance l'en empêcha, de même qu'un désir sensé de ne pas vouloir envenimer ce semblant de relation qui ne semblait se faire que de douleurs et de services rendus. Au lieu de ça, elle l'écouta d'abord lui donner son ordre, franchement... pensait-il vraiment qu'elle fut alors en mesure de se lever ? Ces mots lui firent lever les yeux au ciel sans que jamais le silence elle ne rompu.

Tandis qu'il la quittait pour s'aventurer plus avant dans le petit appartement poussiéreux, rejoignant la demie cuisine qu'une porte ne barrait plus de sa présence, les pensées de l'innommée se regroupèrent jusqu'à fourmiller, elle ne comprenait décidément rien de cet homme ni de ses manières. Il l'avait insulté à peine deux heures plus tôt, et voilà qu'il s'occupait d'elle comme on couvait un oeuf au bord de l'éclosion.
Elle pouffa du nez, suffisamment bas pour qu'il ne l'entendit pas.
Pourquoi lui avoir sommé de quitter la ville, en la gratifiant auparavant d'injures, pour ensuite s'atteler à la protéger même de son propre état ? Après tout.... qu'il l'ait sauvée passait encore, mais cette lubie toute nouvelle qu'il eut de vouloir la nourrir n'avait rien de sensé. Pourquoi ne l'avait-il pas tout simplement déposée dans le désert, là où sa condition physique et le sable auraient eu tôt fait de mettre un terme à ce problème qu'était vraisemblablement sa vie ?

Elle poussa un profond soupir à l'instant même où le Meidan quittait la petite cuisine, une assiette dans une main et une tasse dans l'autre. La faim ne lui tordait pas plus que de raison l'estomac et, même s'il fut vrai que de sentir les effluves alléchantes du repas que l'on concoctait soigneusement plus loin lui tira deux ou trois grognements intestinaux, cela n'altéra jamais son esprit au point de le détourner de sa réflexion.
Une fois qu'il fut à sa hauteur, l'alors fragile rebelle, toujours sur le dos, remua lentement pour se hisser sur ses coudes. Elle déplia doucement les bras pour tenter de prendre de l'altitude et ainsi adopter une position assise qui serait favorable à toute ingestion quelle qu'elle fut.
Chaque partie de son petit corps éveilla en elle une souffrance qu'elle croyait au moins en partie endormie, et ce fut avec un certain mal qu'elle parvint, non pas à terminer dans la position adéquate, mais dans une posture qui conviendrait pour le moment. Une fois sa terrible tâche accomplie, et qu'elle releva les yeux sur les iris sombres de son assigné protecteur, elle fut étonnée de lui découvrir des traits contrits par elle ne savait quel malaise, comme s'il avait eut à endurer chacune des blessures qui parsemait son propre corps à elle.
Sa surprise lui passa rapidement, et au lieu de garder le silence, comme il s'y était attendu sans doute, elle brisa le néant ambiant en tentant de faire un train d'humour, ce qui ne toucha pas son interlocuteur au vue du regard neutre qu'il lui destina.

- Si tu voulais te débarrasser de moi, il y avait plus simple que de m'empoisonner.
- ... Mange. Et dors.

Une grimace se dessina sur le visage de la cornue, à mi chemin entre la gêne et le sourire.

- Ca t'arrive de sourire de temps en temps ?

Un simple merci aurait sans nul doute suffit, et même s'il jugea que rien ne valait que leur relation s'améliore, elle estima qu'il était pourtant nécessaire de dérider cet homme qui s'obstinait à se montrer grave en permanence, comme si d'être rebelle avait entamé toute la joie de son être.

- T'es pas bavard hein ?

Un soupir léger se fit entendre, sans toutefois qu'elle ne se départi totalement du sourire qui persistait d'étirer ses lèvres fendues d'une balafre dérangeante.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horlogeSam 8 Déc - 10:47




Le résultat obtenu fut loin de celui escompté, car si la faible et malade cornue eu souhaité le voir esquisser ne serait-ce que l'ombre d'un sourire pour voir s'illuminer, même partiellement, un faciès bleuté que la guerre avait fatigué, il n'en fut rien.
Ningal fronça les sourcils, non pas décontenancé, mais plutôt mécontent. Le dérider ne détendrait ni l'atmosphère, ni la situation, et au delà même du caractère quasi impossible de cette réaction que tous s'accorderaient à confirmer, le meidan n'y décelait pas le moindre intérêt. Le duo que la force des choses ne cessait de rapprocher n'avait rien à se dire, rien à échanger, s'il l'aidait c'était par équité, en rien par compassion. Ca ne méritait ni merci, ni sourire, ni attention, ni même ce malheureux trait d'humour qu'elle osa prononcer. Que la paria garde ses forces pour son rétablissement, il ne souhaitait rien de tout ce que ces efforts pourraient sous entendre. Et qu'elle insiste n'y changerait rien, sinon le pousser à abandonner un mutisme poli mais agaçant au profit de quelques palabres agacées et ingrates. Et bingo, il ne fallu pas attendre longtemps pour le voir grogner.

- Ne te fatigues pas. J'ai fini ce que j'avais à faire ici.

La belle enrhumée soignée du mieux qu'il pouvait et d'ici peu, nourrie, le rebelle pouvait se targuer d'avoir rempli son objectif. Le baby-sitting s'arrêtait là, car même s'il ne doutait pas que la démone indésirable puisse à nouveau agir stupidement, il ne pouvait se permettre de la surveiller toute la journée. Il aurait d'ici peu des comptes à réclamer, et d'autres à rendre.

Le géant se redressa alors. Son épaule recommençait à le lancer sévèrement, son flanc aussi, mais si son corps avait besoin de repos, son âme quant à elle était suffisamment révoltée pour vouloir s'assurer qu'un semblant de justice soit faite.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. - Page 2 1523541311-horloge
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