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Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un.
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MessageSujet: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeLun 13 Aoû - 0:58
*


Au retour de la jeep des étrangers, une escouade de huit personnes fut dépêchée à la caserne et reçu pour ordre d'enquêter sur l'incident dans le désert. Le tireur embusqué n'avait sans aucun doute pas été seul dissimulé près des ruines, et on confia aux rebelles en charge de l'affaire de régler le problème s'il était possible qu'ils y parviennent sans se mettre en danger. L'échange entre l'un des généraux et les soldats se solda par un "ne prenez aucun risque, rentrez tous en un seul morceau." suivit d'un "oui chef" enjoué sorti d'entre les lèvres putrides de guerriers moqueurs et faussement disciplinés.

Assise sur une marche, à ce moment ci en train d'affûter son arme magique, une étrange jeune femme à l'allure suscitant railleries suivit la conversation au mot près, curieuse qu'elle était. Les quelques passants la dévisagèrent, elle n'était ni vêtue comme une rebelle, ni décorée des couleurs de son pays. Pas que cela ait eu de l'importance, personne ici ne s'habillait de la sorte, mais il y avait quelque chose chez elle, comme une sorte d'aura, qui provoquait le malaise. Pourtant davantage que cela, tous les rebelles qui avaient eu vent de son existence savaient, plus que qui elle était, mais ce qu'elle était : la démone aux yeux gris, qui jamais n'était parvenue à se voir accorder la confiance des gens qu'elle avait plus d'une fois protégé au péril de sa vie.
Pas un seul individu jamais ne vit sa véritable apparence, l'information était venue des métamorphes et autres créatures au flair bien développé et qui, au fil du temps avaient relayé en partie l'information.
Se faire défendre, voire sauver, par cette femme était synonyme de honte,. Malgré son courage les ingrats continuaient de la traiter de monstre et les humains qui avaient connaissance de sa vérité baissaient les yeux sur son passage.
Bienvenue en nul lieu, la jeune démone avait fini par se faire une idée, elle vivait avec depuis des années.

La haine des autres à son égard pas une seule fois pourtant ne l'incita à choisir le mauvais camp.
Croyante en la liberté et la justice ainsi que fine connaisseuse de l'histoire des peuples, elle n'avait jamais aimé les Humains, entre autre, et Cain lui rappelait un personnage du même nom, ou presque. Elle était entourée d'au moins un tiers d'imbéciles quand les autres ne faisaient que fermer les yeux, ce qui n'était pas franchement mieux. Elle ne se considérait toutefois pas non plus comme l'unique voyante parmi cet océan d'aveugles.


Lorsqu'ils eurent tous terminé d'échanger, elle se hissa rapidement sur ses jambes. Elle avait parlé aux Re'derin une fois ceux ci avachis à deux dans leur véhicule, s'y était risquée, mais les étrangers que l'on pensait débiles étaient plus sensés que tous les individus perdus d'ici.
Elle espérait pouvoir régler le problème du tireur fou avant l'arrivée des renforts, de sorte à éviter à des soldats nécessaires une mise en danger inutile. Même s'ils ne méritaient pas que l'on puisse prendre des risques pour eux.

Tandis que l'équipe se préparait au départ, comme au combat futur, la rebelle quant à elle quitta le centre ville pour se rendre à sa moto. Elle était en piteux état mais elle roulait encore, elle l'avait piqué à un démon et retapé comme elle le pu à défaut de rencontrer une âme suffisamment charitable pour venir en aide à une paria.
Chacun de ses gestes était vu comme un affront à la rébellion, interprété avec méfiance et hâte, avec jugement et dédain. Qu'elle vole cette moto "de démon" à l'un des siens relevait d'une soi-disant perfidie, et son choix de régler leur compte aux attaquants dans le désert aurait à son tour son lot de ragots.

Elle arriva sur place en avance, il ne lui fallut que cinquante petites minutes de trajet.
Tandis que son pied rejoignait le brun du sol recouvert de sable et de terre sèche, à un endroit où deux paysages s'entremêlaient, elle retirait le foulard qui avait scindé son visage en deux durant la course, protégeant ses poumons des nuages de poussière et de la saleté et du sable qui auraient pu la gêner.

La jeune femme abandonna son véhicule à l'ombre d'un gigantesque rocher, décala la béquille et pencha la machine sur le côté de sorte à ce qu'elle fut maintenue par cette petite branche métallique.
Cinq-cents mètres la séparaient du lieu de l'attaque, mais elle ne pouvait pas se permettre d'attirer l'attention, elle estimait s'être arrêtée beaucoup trop près déjà.

Elle marcha un temps, cherchant l'ombre de grands blocs de pierre cannelle lorsque se soustraire aux rayons solaires lui était permis.
Une fois parvenue au champ de tir, sur un segment de la route qui laissait largement aux ennemis de quoi s'en prendre aux caravanes et autres convois, elle s'avança avec plus de prudence encore. Une petite chaîne rocheuse bordait la gauche du sentier approximatif quand à droite, passés vingt mètres, s'élevait très haut une sorte de falaise, de celles propres aux canyons et étendues de terres sèches, un plateau large mais court qui ne représentait rien de plus qu'un décor naturel.
Lentement, elle remonta en direction de la ligne de rochers pointus, si le tireur s'était embusqué quelque part ce ne pouvait être qu'ici. Elle se glissa discrètement au delà de la roches et aperçu plus loin ce qui ne devait être autre que ledit ennemi. Il était vêtu comme n'importe lequel des rebelles de Naisul, et elle fronça les sourcils à cette remarque. Ce put-il qu'il ne se soit agi que d'une confusion ?



_____


Le groupe dissident s'engagea sur la même route que la démone, suivant sans le voir les traces de sa moto. Comme elle, il stoppèrent les véhicules, au nombre de deux, derrière deux immenses tours naturelles faites de pierre rougeâtre, et continuèrent à pied. Une fois arrivés près du lieu de tir, ils se séparèrent et, tandis que trois d'entre eux prenaient les hauteurs pour avoir une vue d'ensemble, ceux qui demeurèrent au sol en profitèrent pour remplir leur rôle, parcourir les environs à la recherche d'un démon ou d'au moins quelques preuves qui aient pu permettre de le suivre.
Ils ne s'exposèrent qu'à du vide, le tireur était parti et avec lui une autre personne que les rebelles supposèrent être son allié.

- Il y a des traces là !

Conscients qu'une piste avait été laissée, volontairement ou non, ils décidèrent de la remonter, non sans prudence. Quelques uns parmi eux protestèrent, la marche à suivre était mauvaise mais la rébellion Naisulite n'était réputée ni pour sa discipline ni pour son organisation, mais plutôt pour son nombre et son militarisme.

La piste conduisait aux ruines d'un village ravagé par la guerre autant que par le sable. Les pavillons, tous alignés d'une précision certaine gisaient là, certains éventrés, d'autres éclatés, dont les fragments épars barraient ça et là la voie.
Chacun séparé de plusieurs mètres des autres, les rebelles avançaient, sans se soucier duquel d'entre eux était en avant. Leurs regards se perdaient aléatoirement sur les squelettes autrefois emplis de vie. Des objets du quotidien étaient éparpillés un peu partout, des ballons de jeunes enfants à l'électroménager. Un crétin en bottes à pointes grimpa sur un frigo plutôt que de se fatiguer à en faire le tour. Les plaques de métal sous ses rangers claquèrent contre la portière salie, puis elle grinça sous le poids de l'homme.
Deux de ses collègues se tournèrent vers lui pour le rappeler à l'ordre, le temps n'était pas à la flemme mais à la prudence, et il les avait peut être déjà trahit.

Ils finirent par rencontrer un barrage, sommaire, fait de morceaux de murs brisés et de sacs en toile remplis de sable, suffisamment haut pour stopper n'importe quel véhicule, pas assez pour freiner un homme.
Au loin, de la musique, des rires et ronflements motorisés, le brouhaha ambiant permis aux huit rebelles d'avancer sans être entendus mais les deux sentinelles postées chacune sur les toits des deux maisons de chaque côté de la route les poussèrent à se cacher.


Alors que ces individus pensaient pénétrer en territoire ennemi, la démone quant à elle avait une petite discussion avec une certaine personne.

Le groupe caché à la naissance de l'entrée de la ville habitée avait déjà été repéré.
L'ordre fut donné de les encercler. Quelqu'un d'autre avait prévenu de leur arrivée, toutefois rien ne garantissait que la confrontation ne se passe sans accrocs. Dans tous les cas, les hères avaient reçu l'ordre de ne pas tirer.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeMar 14 Aoû - 19:16



- Allez décides toi mec, c'est quittes ou doubles là de toute façon. Pignon ou Éphémère ?

Le garçon assis de l'autre côté de la table grogna sa contrariété. Son corps depuis bien deux minutes trahissait son incapacité à trancher. Sans cesse, ses yeux papillonnaient d'une carte à une autre, comptant sans vraiment savoir le faire points et figures dans l'espoir vain d'y déceler un indice quant à la marche à suivre, cherchant dans leur disposition l'empreinte invisible d'une stratégie quelconque. Lorsque finalement on l'enjoignit à se décider - c'est que le montant misé était bien alléchant - il porta ses deux mains, paumes jointes, à son visage, l'extrémité de ses index tendus tout contre ses lèvres. Il avait perdu, tous autour du plateau le savaient, mais lui était encore persuadé que l'un de ces deux choix pourrait le sauver. Il n'en était rien. Ningal avait trois coup d'avance, mais il ne lui en faudrait qu'un pour vaincre, et qu'importait la décision que le jeune prendrait, il raflerait la mise.
Lorsque finalement le rebelle céda à la pression du groupe et balança dé et carte, l'homme poisson se laissa aller à un sourire contenu depuis bien trop longtemps. Durant toutes ces minutes il avait profité, avec un certain plaisir, du doute et de la naïveté de l'hybride, lui laissait croire à un déroulement encore trouble en empruntant un ton qui ne laissait rien promette de sa victoire assurée, mais au contraire, semblait s'impatienter de découvrir le dénouement du duel. Face au rictus de son aîné, Haize blêmit, conscient de son erreur ainsi que de sa défaite, tandis que tous autour éclatèrent de rire. Le demi lion avait eu plus de talent que ses pairs, mais il ne faisait pas le poids face à celui dont l'épiderme bleuit avait acquis une réputation dans tout Naisul.
Celui-ci, bon joueur, se leva pour, d'un mouvement du bras, féliciter son dernier challenger. Il était prometteur, et ce constat ne s'appliquait pas qu'aux cartes. Néanmoins, il avait encore beaucoup à apprendre.

La clameur d'allégresse fut finalement stoppée par l'arrivée inopportune d'un plus haut gradé, chargé de nouvelles comme d'ordres bien moins réjouissants. Il était temps de se remettre au travail, et celui-ci promettait d'être explosif.
On leur relata les faits déroulés le matin même, les circonstances ainsi que les conséquences de l'accident du désert, puis on les chargea de leur ordre de mission. Enquêter, protéger. Un grand classique désormais.


_________


En une dizaine de minutes, l'équipe, différente de celle habituelle, était parée, les véhicules chargés et alimentés, de même que leurs armes. Ningal, installé au fond de la voiture de tête avait retrouvé un sérieux qui lui était tout aussi réputé que son talent aux jeux, mais il était, si l'on oubliait son supérieur, le seul. Les autres, en dépit d'une expérience de la guerre pourtant solide, ne semblaient rien en apprendre et encore aujourd’hui, commettaient des erreurs qu'il devinait récurrentes. Un départ festif allégé du poids de l'angoisse ou de l'appréhension ainsi une confiance en eux-même ou en leurs accessoires démesurée. Les tickets gagnants d'un échec certain.
Le rebelle ne comprenait pas pourquoi on l'avait greffé, ainsi que deux autres de ses coéquipiers habituels, à cette bande de trop joyeux guerriers pour une mission qui, bien que présentée comme de routine, pourrait s'avérer aussi dangereuse qu'un combat direct avec le camp opposé. Bon soldat, il n'avait pas discuté, mais l'ordre lui déplaisait. Et plus ils avancèrent, plus il constatait ne pas s'être trompé quant à la nature de ses nouveaux compagnons.
Cinq têtes de nœuds aux propos comme aux mimiques toutes plus décevantes les unes que les autres, pas réfléchis pour deux sous, des molosses qui combattaient pour tuer, certainement pas pour gagner. Ils étaient mal choisis pour une mission de repérage, leur place était au front, là où la seule difficulté, plus que de survivre, était de distinguer ami et ennemi, bien que même cette tâche, le rebelle bleu ne les en pensait pas tous capable.

Lorsque l'un deux, un grand black aux biceps aussi larges que ses propres cuisses, grimpa sur un frigo rouillé, Ningal fut le premier à grogner un reproche aussi agacé que justifié, vite suivit par le chef de groupe lui aussi censé, bien que cela puisse être discutable en vue de sa décision d'impliquer le quintuplé. Les ruines n'étaient pas sûres, il ne fallait pas être oracle pour le deviner. Le vent violent qui s'infiltrait depuis le canyon soulevait quantité de grains de sable et de poussière si considérable qu'elle en masquait parfois la vue. Les battisses, de vieilles maisons de pierre la majorité du temps à demi effondrées, étaient aussi ternes que le reg environnant, rendant le paysage plus morne encore que ne l'était un désert de dunes. Il ne devait pas être difficile pour les autochtones résidant sur ce territoire ni de se dissimuler ni de se mouvoir parmi les vestiges, une raison qui aurait dû être suffisante pour pousser les rebelles à garder yeux et oreilles à l'affût.
Tous ne partageaient pas cette logique.

Suivant les traces encore fraîche de pas rapides imprimés sur le parterre éphémère, ils marchèrent une dizaines de minutes au travers des débris et reliques d'une ville devenue fantôme avant de tomber sur un barrage. Haut de près de deux mètres, il dissimulait de la vue un peuple toutefois peu discret, élément qui, déjà, en réjouissait la majorité la plus débile, persuadée d'avoir déjà mené à bien la mission. Ningal s'abstint de toute remarque et entama la danse en grimpant le premier la maigre enceinte de taules, de sac et de débris.
Au delà s'étendait les mêmes ruines, les mêmes reliques. Des véhicules que l'on aurait cru vieux de trois siècles aussi rouillés que braillés, des meubles, des os et des jouets. A croire qu'ils tournaient en rond.
Le rebelle resta un moment immobile, surveillant et détaillant les alentours en attendant ses nouveaux amis. Le tissu de sa cape battait contre ses bottes poussiéreuses, celui de sa capuche contre l'épais foulard sombre qui dissimulait la moitié de son visage. De par sa nature, le jeune homme vivait plutôt mal les températures extrêmes et terriblement sèches. Sa peau était plus sensible au manque d'humidité et ses branchies aux résidus qui polluaient l'air, de ce fait il se devait de se protéger plus que n'importe qui. A l'instant, il avait surtout l'air de l'un de ces faucheurs impitoyable que l'on voyait dans les films plutôt qu'à un joueur invétéré, ce n'en était pas moins vrai.

Les sept autres guerriers finirent par le rejoindre, à l'instant même où il perçu un mouvement à sa gauche, là entre deux murs abattus. Il fronça les sourcils, attirant l'attention de Haize qui déjà, se saisissait de son arme par mesure de précaution.
Les autres suivirent sans réfléchir, mû quant à eux par l'allégresse soudaine que la promesse d'un combat tant attendu provoquait naturellement chez eux.
Lorsqu'un second, puis un troisième se firent remarquer, ce ne fut pas tant la joie que l'excitation qui les saisit, et ils auraient tirer sans attendre l'approbation de leur chef si celui ci ne les avait pas devancer.

- Ne tirez pas.

Le meneur rebelle s'avança. Haut de près de deux mètres, il avait les cheveux à hauteur des épaules, d'un blond très clair. Ses yeux plus clairs que l'eau pure d'une source devaient surtout douiller leur mère face au soleil qui semblait se refléter sur les ruines, mais si c'était le cas, il ne s'en plaignit pas. Ses paroles s'adressèrent aux nouveaux venus, pour le moment neutres dans la confrontation. S'ils étaient certains d'êtres des ennemis, ils auraient tirés depuis longtemps.

- Qui êtes vous et que nous voulez vous ?
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeMar 14 Aoû - 20:46
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- Attend jure, c'est ça les renforts !?

Deux gaillards se mirent à rire, la fête battait son plein derrière, les vieilles ruines noircies par la guerre fourmillaient de vie, elle étaient le théâtre d'un débâcle d'espèces toutes différentes qui jouaient et criaient pour s'entendre par dessus la musique. De là où ils étaient, les bruits de la foule et des rythmes divers semblaient diffus, comme lointains, ils n'étaient pourtant plus très éloignés car on parvenait presque parfaitement à percevoir certaines des paroles échangées entre les deux sentinelles qui gardaient l'entrée du village.

L'accueil des rebelles de Naisul fut en partie moqueur, un homme s'avança, de taille moyenne, voire petite pour quelqu'un d'aussi balèze, il mesurait cent soixante dix centimètres à tout péter et fit pouffer les coéquipiers du poisson lorsqu'il se présenta comme étant le leader de ce petit comité. Le véritable chef était derrière et continuait de converser avec la démone qui n'en démordait pas et tentait de parvenir à une conclusion.
Brusquement, l'un des villageois, vêtu comme un guerrier, le visage ceint d'une balafre qui découpait salement sa joue en deux, leva son arme en direction des imbéciles, sans viser, son geste n'eut que pour unique but l'intimidation.

- Y'a quelqu'chose qui t'fait rire ?

Une réaction en entraînant une autre, trois Naisulites levèrent leurs fusils, ou ce qu'ils tenaient dans les bras, pour seule réponse, trop impulsifs pour réfléchir deux secondes. Ils eurent de la chance qu'aucun ne tira, et que leurs chefs se décidèrent d'intervenir promptement, ces quatre là étaient possiblement assez stupides pour déclencher un affrontement qui tentait d'être évité.

- Baissez vos armes !
- Jell, range moi ça.

Cléo, le sujet de la moquerie la plus récente, fit signe à son gars qui obéit sans discuter quand leurs détracteurs mirent un temps certain à s'éxécuter. Il leva les yeux au ciel et hocha la tête en direction du grand blond qui lui faisait face.

- On nous a annoncé vot'arrivée. Vous avez d'la chance, on a tendance à tirer sur tout c'qui bouge pour éloigner les importuns. Heureuz'ment, vous r'semblez pas à des démons.

D'autres rires s'élevèrent. Les natifs du désert n'auraient pas dit non pour plomber leurs culs de résistants en carton.
Cléo leur fit signe de la main, qu'il balança au dessus de son épaule dans un arc de cercle qui trouva sa fin lorsque son avant bras fut à l'horizontal, perpendiculaire à son torse. Il le laissa ensuite retomber et sa grosse patte vint se glisser dans la poche de son jean, de l'autre, il tenait la crosse de son arme, pas qu'il ait suspecté de devoir s'en servir, ce n''était qu'une habitude chez lui.
Il les guida plus avant, sans tenir compte de l'hésitation de l'octuor dont les membres pour certains se méfièrent, non sans raison, on ne pénétrait pas dans un lieu jalonné de ruines éclatées sans s'attendre à des conséquences évidentes.
Ils leur emboîtèrent pourtant le pas, et c'est après quelques foulées enfin qu'ils purent percevoir la musique. Le son était anarchique, à gauche du jazz s'échappait d'un poste radio, à droite une voiture dont on faisait rugir les basses installées dans son coffre fracassé crachaient un rap pitoyable, et plus loin encore un groupe de métal faisait claquer la batterie si fort que les esprits s'échauffaient.

Ils n'eurent nul besoin de slalomer entre débris ou individus, les premiers avaient été écartés et servaient tantôt de sièges, tantôt de meubles, même parfois de tables, les autres s'effaçaient automatiquement du passage à l'approche des étrangers armés, qu'ils dévisagèrent sans retenue.
L'un d'entre eux plus particulièrement, attira attentions mal placées et regards appuyés. Les peuples aquatiques étaient inexistants dans cette partie du monde, les déserts n'étaient pas faits pour eux et l'étaient d'autant moins pour leur sensibilité extrême aux rayons insupportables du soleil ainsi qu'à la sécheresse qu'ils imposaient par ici. Sa peau bleu en intrigua plus d'un, et nombreux furent ceux à se retourner sur son passage, ou même à se stopper pour l'examiner, de près ou de loin.

A quelques mètres d'arriver à hauteur de la discussion qui se jouait déjà depuis quelques temps déjà à la terminaison de la petite ville, l'un des gars venus de Naisul donna un coup de coude à son coéquipier et ami, puis lui fit un signe de tête en direction de la jeune femme qui se tenait debout là bas. Son expression était devenue grave et ses sourcils froncés indiquaient au moins un peu ce qu'il pensait d'elle, comme son incompréhension face à pareille nouvelle.

- Mate, c'est la démone.
- Qu'est c'qu'elle fout là ?
- Tu crois qu'elle est responsable de l'attaque ?
- Tss. Ca m'étonnerait même pas. J'me demande toujours c'que cette salope fout ici.

Quelques uns parmi eux ne la connaissaient visiblement pas au vue des regards tous curieux qu'ils tournèrent dans la direction des deux bavards de leur groupe. Un mutisme commun s'appliqua pour le reste de la marche, jusqu'à ce qu'ils parviennent enfin devant le gardien de ces lieux.

- Les voilà.
- Bien, votre amie ici présente m'a annoncé votre arrivée. Il s'avère que notre attaque résultait d'un malentendu, l'affaire est en passe d'être réglée.

La démone était restée en arrière, ses mèches colorées flottaient, libres, autour de son visage d'ange. Ses yeux gris croisèrent le regard abyssal de l'homme encapuchonné, à peine une seconde, et vinrent achever leur course sur celui avec lequel elle avait échangé durant presque une demie heure. Elle s'évita ainsi de regarder l'un des rebelles, qui aurait pu voir ce simple regard dénué de tout sentiment hostile comme un affront, ou pire, une atteinte personnelle.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeMer 15 Aoû - 15:01



Y'en avait décidément pas un pour rattraper l'autre. Avec leurs conneries, commentaires comme ego bien mal placés, les guerriers ici confrontés risquaient bien de se lancer dans un combat qui aurait pu être évité sans trop de difficultés s'ils avaient apprit à la mettre en veilleuse. Car si ce n'était le camp rebelle qui ouvrait les hostilités, c'aurait été le camp adverse, doté de membres tout aussi débiles que les molosses qui accompagnaient l'homme poisson. Cerclé d'impulsifs susceptibles aux tendances violentes, ils semblaient en somme n'être que quatre à faire preuve d'un tantinet de jugeote, mais quatre sur quatorze, ce n'était pas un ratio bien suffisant pour les protéger tous.
Ningal, bien que longtemps immobile, demeurait attentif à tout ce qui se jouait autour et face à lui. Tout en s'efforçant de surveiller l'ensemble des facteurs à risques qui les accompagnaient, facteurs à risques dotées d'armes toutes chargées et fonctionnelles, il suivait une discussion jusqu'alors un peu inattendue, faite d'une confiance presque mal placée et de propositions un peu trop faciles. Les rebelles étaient ici en étrangers, potentiels colonisateurs et probables destructeurs et meurtriers, néanmoins on les laissait entrer sans les questionner, sans même veiller à leur confisquer leurs armes ou à les décapuchonner. Car oui, le chef adverse sembla persuadé qu'aucun d'entre eux n'était démon, mais pas un de ceux qui dissimulaient leur crâne et visage - au hasard lui-même - ne le prouva d'une quelconque mesure. Enfin soit. Lui n'en demeurait pas moins sur ses gardes.

Tous les huit finirent par se remettre en marche. Leur allure, sans être rapide, se voyait plus dynamique que l'aurait été une ballade touristique, mais même à ce rythme, il était impossible de passer à côté des œillades et des commentaires qui, même sous couvert de basses vibrantes ou d'un tempo entraînant, s'échangeaient à l'abri de véhicules abandonnés et autres vestiges d'une vie fut un temps tranquille. Ningal n'y prêta qu'une rapide attention avant de tous les ignorer. Sa peau bleue, uniquement visible du fait de ses yeux, son front et ses pommettes dénudées, attisait depuis toujours le feu âpre de la curiosité et du mépris, l'un n'allant jamais vraiment sans l'autre. Il avait longtemps grogné, désormais il se contentait de détourner les yeux. Qu'importait les efforts et les tentatives, rumeurs et crachats se propageaient plus bien vite qu'une étincelle sur de la poudre.

Lorsque finalement l'octuor, mené par l'étranger, parvint au duo palabrant, l'homme poisson fut l'un des premier à ouïr la connerie du lycan aussi méprisant qu'il n'était méprisable. Celle-ci, comme toujours, était aussi stupide qu'elle n'était anxieuse, le genre d'inquiétude qui crispe d'ordinaire les traits malléables d'une plèbe ignare que l'angoisse rend encore davantage paranoïaque, en aucun cas ceux d'un un soldat qui aurait dû, sans dire d'en avoir autant dans la tête que dans le caleçon, avoir au moins la capacité d'entamer et de poursuivre une réflexion sensée.
Ningal se retint de lever les yeux au ciel et se focalisa un instant sur la démone écriée par trois des cinq ours qui l'accompagnaient et dont déjà, la remarque se propageait au sein des membres du clan ennemi. Si la femme avait gardé masqué son crâne, il devait y avoir une raison, et comme pour lui, nombre de natifs ne semblait s'être renseigné quant à la justification. Il commençaient désormais à le faire.

Lui même ne l'avait jamais vu. Tout ce qu'il savait provenait de rumeurs et ouï-dits. Des mythes et des légendes, réputées tout aussi bien pour leur capacité à embellir - ou non - un fait que pour leurs origines avérées.
Le rebelle ne savait que croire, jusqu'ici il s'était contenté de balayer ces histoires sans même songer qu'elle puisse prendre leur source en une véritable femme, et non uniquement dans l'imaginaire de quelques âmes en mal de contes, de rêves ou d'horreurs. A croire que la menace qui pesait sur leur tête à tous n'était pas suffisante, il leur fallait toujours se trouver de nouveaux ennemis. Toutefois, malgré qu'il n'ai pas d'opinion pré-établie, il voyait d'un très mauvais oeil la présence d'un tel individu, pour le moment uniquement défini par le terme " démon ", à Naisul tout comme dans leurs rangs.

Les palabres de l'homme, confident de la diablesse aux yeux gris, firent hausser un sourcil au garçon masqué, décontenancé. Un arc si parfait qu'il aurait pu être comique dans une autre situation. Elle, une amie ? D'où tenait-il cette information ?
Ce commentaire n'en laissa pas un seul de marbre et déjà, il sentait l'agitation des hommes dans son dos. Ce qualificatif échauffait les esprits les plus ignares, ainsi que ceux des plus frustrés. Azol, le blond à la tête de l'escouade, fut le seul à ne rien trahir.

- Un malentendu ? Celui-ci nous coûtera certainement la vie d'un homme et en handicapera bien d'autres, alors je souhaiterai avoir de plus amples explications sur ce qui, selon vous, était susceptible de déclencher tel massacre. Ainsi que de ce qui, selon vous, pourrait bien régler l'affaire.

La dame cornue pouvait bien avoir toutes les bonnes volontés du monde - ce dont ils doutaient tous ici - elle n'avait ni le droit ni la position nécessaires pour discuter des termes d'une affaire au nom de l'armée Naisulite, d'autant plus sans se concerter avec les principaux concernés comme des responsables directs. Eux voulaient explications et réparation, mais qu'en savait elle ? Elle pouvait bien les avoir encore davantage handicapé plutôt qu'aidés.
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeMer 15 Aoû - 16:48
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C'est drôle comme une armée d'imbéciles désorganisés a toujours tendance à revendiquer des droits du fait de sa position. Ils étaient tous assez stupides pour se livrer à eux mêmes des guerres qui les handicapaient toujours davantage, pour un lopin de terre infertile, pour plus de considération, pour rien finalement.
Elle ne pensait pas qu'il faille être une rebelle, et acceptée comme telle, pour prétendre vouloir mettre un terme au massacre. Son acte n'avait nécessité ni concertation ni accords, elle l'assumait pleinement, et n'en avait pas vu l'utilité.
Ce qu'elle savait ?
Si elle n'avait pas été là pour se renseigner d'elle même auprès des Re'derin, si elle ne leur avait pas demandé d'elle même s'ils souhaitaient réparation, ce qu'ils souhaitaient qu'elle fasse et si ils acceptaient qu'elle intervienne en son nom, même si ça n'avait été que pure politesse, l'octuor aurait été envoyé six pieds sous terre.

Elle connaissait surement mieux les abords de Naisul que chacun des arrogants qui la dévisageaient et dont elle s'obstinait à considérer comme siens. Même si elle comprenait leur méfiance, tous ses actes passés que s'étaient parfois octroyés d'autres rebelles, ou qui avaient été déformés pour dissimuler une vérité dérangeante, étaient bien de son fait, ils ne lui retireraient jamais cela.
Ses sourcils se froncèrent lorsque l'un des Naisulites envoya ses glaires se répandre sur le sol poussiéreux, un geste tout étudié pour témoigner du dégoût qui s'était emparé de son être à la seconde où elle avait été désignée comme leur amie. Le chef de la ville n'y prêta pas attention, il ne fit que sourire d'un air moqueur en baissant les yeux sur ses mains. Ils avaient une drôle de façon de remercier la femme qui leur avait sans doute sauvé la vie.

- C'est précisément ce que nous tentons de déterminer, mais je serais heureux si vous vous joigniez à nous pour en débattre.

Ceux qui se faisaient appeler renégats, ou elle n'en savait trop rien, étaient un groupe d'homme et de femmes de tous horizons qui s'était exilé plus avant dans le désert, loin de l'ambiance animale de la capitale rebelle. Ils veillaient sur ce point de passage et du fait, essuyaient régulièrement les attaques démoniaques qui tentaient de s'emparer du plateau. Mais de ça, Cain et ses sbires n'étaient effectivement pas au courant, puisque l'avant poste de la porte du désert n'étaient plus ravitaillé depuis longtemps, huit mois au bas mot. Personne ne s'en était soucié avant qu'un groupe de quatre étrangers ne fut envoyé à Seroth pour donner un coup de main, transmettre des rapports et en récolter pour leur base militaire. Aucun d'entre eux n'était allé les voir lorsqu'ils étaient revenus, un camarade blessé dans les bras. Ces sales types avaient attendu de recevoir des ordres, quarante cinq minutes s'étaient déjà écoulées lorsqu'une directive fut transmise, sans trop de détails d'ailleurs, puisqu'aucun Re'derin ne fut questionné.
Ce comportement la mettait hors d'elle, et elle attendait le premier qui lui ferait une remontrance sur sa manière d'agir alors qu'elle s'efforçait au mieux de jouer le rôle qu'ils esquivaient tous avec la plus grande insouciance. Des grandes gueules juste bonnes à tirer sur d'autres sans réfléchir, pas empathes pour deux sous.

Pour ce qui était de sa véritable nature toutefois, elle les avait devancé. L'homme qui avait la ville en charge n'était pas aveugle, ni stupide d'ailleurs, lui cacher ce qu'elle était l'aurait rendue suspecte et elle avait bien évidemment pesé le poids de son choix avant de communiquer sa vérité. Si elle avait dissimulé ses cornes, ça n'avait été que pour éviter de se faire tirer dessus dans la seconde, mais également pour éviter qu'on ne regarde qu'elles. Elle avait évité de mettre mal à l'aise ces inconnus, et elle avait bien fait.

- Elle a pas son mot à dire cette...
- Messieurs. Veuillez pardonner mon audace, mais vous êtes entourés d'hommes et de femmes armés qui tentent de décompresser après une rude journée. Interférer dans cette affaire, alors que seul votre chef est convié, est fort déplacé de votre part. il se tourna vers ledit chef, hocha la tête de manière entendue Vous pouvez prendre l'un de vos hommes avec vous. Si vous voulez bien me suivre.

Il tourna les talons et s'éloigna d'un pas assuré, boitillant, surement à cause d'une vieille blessure qui l'handicapait.
Les ruines étaient hantées des âmes fortes de guerriers qui toujours tentaient de tenir bon. Le tireur qui avait attaqué la jeep des Re'derin n'avait jamais rencontré de ces géants auparavant, ne savait pas reconnaître leurs alliés venus d'ailleurs et avait évidemment confondus les deux colosses tout en muscles avec des ennemis. Des ennemis qui s'approchaient dangereusement de leur camp.
Le premier tir avait eu pour effet de les freiner, le second les avait déstabilisé, et le troisième n'avait eu que pour seul effet de blesser l'un des hommes. Finalement, la panique avait eu raison du tireur qui, plutôt que de s'être arrêté à l'intimidation seule, s'était chargé de faire fuir de potentiels dangers. Il n'avait fait que son travail, et même s'il n'avait pas été suffisamment patient son chef ne lui en voulait aucunement.
Il était effectivement triste qu'un homme puisse perdre la vie, même si son état demeurait pour le moment inconnu, mais toutes les âmes libres de ce monde étaient en guerre, si les Naisulites ne pouvaient le comprendre, ils n'étaient pas même dignes de se faire appeler résistance.

La démone demeura un instant immobile. Elle toisa le grand blond, effectivement plus haut qu'elle, laissa flotter son regard dans ses yeux d'une pâleur maladive et tourna les talons. Sa cape sombre vola dans son dos, dévoilant la mitraillette qu'elle portait à l'extérieur de la cuisse, nouée par des bandes de cuir, et le couteau de chasse qui reposait dans le bas de son dos, au creux de ses reins.
Elle suivit simplement l'homme grisonnant qui boitait devant elle, sans jamais oublier que tourner son dos à des personnes qui la voyaient comme une coupable était un pari risqué.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeMer 15 Aoû - 19:11



Le duo tentait de déterminer sources et conséquences du problème, ou il l'avait déjà fait ?
Les termes employés par le chef dissident se contredisaient, les verbes, tantôt au présent, tantôt au conditionnel, confirmaient cette impression de discordance. Cherchait il à les rouler dans la farine, ou était il la cible d'une fourbe tromperie  ?
Ningal tourna son regard mordoré sur la femelle démoniaque qui prenait place à deux mètres de sa personne, une inconnue aux airs de traîtresse dont la langue, fallacieuse, avait déjà glissé à l'oreille du roux éclopé poignée de mots peut-être tout aussi mielleux qu'il n'étaient toxiques.
Cherchait-elle à les duper ? Jouait-elle un double jeu, ou un triple ? Qui servait-elle, et pourquoi ? Tourner le dos à un peuple venu tout droit des Enfers ne devait se faire sans répercussions, et chercher à servir un autre qui ne savait que cracher ou meurtrir pouvait s'avérer tout aussi dangereux. Agissait-elle donc dans ses propres intérêts, ou veillait-elle à ceux d'un autre ? Il allait falloir trancher, sinon quoi le groupe rebelle pouvait bien foncer droit dans un traquenard. C'était certainement déjà le cas

L'homme poisson fut désigné comme bras droit du chef, et ce fut lui qui l'accompagna discuter à l'abri d’œil et d'oreilles indiscrets. Il n'était point judicieux de laisser les molosses armés seuls avec d'autres cerbères tout aussi équipés mais Azol préféra, plutôt que de confier son meilleur élément à la surveillance d'une équipe à peine digne d'une cour de récréation, de le prendre à ses côtés. Tazin, le brun qui l'accompagnait d'ordinaire lors de ses expéditions punitives, pourrait superviser les mômes le temps de quelques minutes, du moins l'espéraient-ils.

Tous quatre se dirigèrent un peu plus au centre du village, dans l'un des baraquement qui avait connu le bonheur d'être épargné par les ravages d'une guerre aveugle et impitoyable. Le bâtiment toutefois tenait debout par l'opération du Saint Esprit. Ses fondations branlantes étaient saturées de fissures toutes plus larges les unes que les autres, certaines si vieilles qu'elles dégueulaient lianes et racines en abondance. L'endroit, comme tout le reste de la ville, était insalubre et invivable. Mais ici ou ailleurs, c'était du pareil au même.
Ils pénètrent par une porte maintes fois retirée de ses gonds et se prirent à gauche. A droite, des dizaines de tables s'étendaient, certaines nues, d'autres cerclées de chaises et de bancs. Plusieurs étaient occupées par des joueurs bruyants ou des ivrognes déjà assoiffés, mais aucun ne fit attention au petit groupe.
Il se réfugièrent dans une sale aux cloisons aussi griffées que la façade extérieur. Ici, ce n'étaient pas d'austères meubles qui emplissaient la pièce mais le moelleux fatigué de fauteuils rongés par les mites, des divans tâchés de sang, d'encre ou de pisse ainsi qu'une odeur rance difficilement masquée par des herbes et d'autres produits périmés depuis une décennie.
Sur l'un d'eux les attendait un garçon à peine plus vieux que Haize, le gamin qui s'était lancée dans le projet fou de le battre aux cartes. Il leva la tête en voyant entrer hommes et femme puis se leva soudainement, abandonnant l'arme qu'il était en train d'astiquer aux miettes qui maculaient la planche d'une table basse dans un sursaut de politesse que le rebelle pensait disparu depuis l'invasion des Démons. Ou la déchéance humaine.

Il ne pipa mot face au gamin. Ici en tant qu'observateur et protecteur, Ningal gardait son arme à portée de main, sa langue elle n'avait rien à faire ici, même s'il savait qu'elle pouvait parfois désamorcer bien des bombes.

L'éclopé fut le premier à reprendre la parole, une seconde avant que Azol ne cède à l'impatience qu'un mutisme indésirable lui provoquait.

- On va rester ici discuter. Domey, va nous chercher quelque chose à boire tu veux ?

Le gamin fila, le boiteux s'assis à sa place, enjoignant ses trois nouveaux amis de faire de même.
L'homme poisson s'obstina à rester debout, homme de main plus qu'homme de confidences. Il fut le seul. L'inconnu ne s'en formalisa pas et entama son explication.

- Ce n'est pas la première fois que des véhicules armés approchent le camp par le canyon, et ce n'est pas la première fois que l'on subit des attaques. Nous avons apprit à nous montrer prudent. Peut-être trop.

Azol haussa un sourcil, vraisemblablement peu convaincu par une explication si simple. Il l'ullastra d'un commentaire qui, bien que prononcé sans haine, aurait pu remettre en doute, et de manière peu diplomate, la bonne foi de leur hôte.

- Donc vous attaquez tous ceux qui ont le malheur de voyager ?

Son interlocuteur secoua la tête tout en jouant de ses doigts sur son genou vraisemblablement douloureux.

- Non. Mais il semblerait que ceux qui en soient sorti n'avaient rien de très pacifique. Des brutes épaisses armées jusqu'aux dents.

Le détail exact du groupe qui, à l'instant, venait demander réparation. La même description qui pouvait correspondre aux natifs ici présents.
De nouveau, Ningal ne releva pas, mais son meneur le fit.

- Ce qui vous semble suffisant ?


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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeJeu 16 Aoû - 17:22
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Le roux grisonnant hocha la tête de concert, concentré sur la conversation, ses invités, et les paroles nouvelles du blond qui s'était assis juste en face de lui, témoignant de son attention.
Le ton du leader aux yeux pâles n'avait pas parût agressif, mais le choix de ses mots transpirait d'une certaine forme d'amertume, qui fut notée sans toutefois être relevée. Tovad, car tel était son nom, comprenait leur méfiance autant que leur incompréhension, néanmoins se faire accuser sous son propre toit, même implicitement, d'attaque volontaire envers des alliés, ne lui plaisait guère. Loin de s'être offusqué pour autant, il ne se contenta que de diriger son regard dans celui du rebelle, toujours aussi sincère qu'à l'origine.

- Seroth est un pays gigantesque, jalonné de prairies verdoyantes, de plaines désertiques autant que de landes gelées. Pouvez vous prétendre connaître ne serait-ce que la moitié de votre patrie ? Mon grand âge lui même ne témoigne d'aucune connaissance parfaite. De ce fait, pouvez vous prétendre connaître les pays voisins, et davantage encore, toutes les espèces nouvelles qui peuples notre planète ?

Il marqua un temps de pause, appliquant pression sur un genoux endolori qui le lançait vraisemblablement. Il ne termina pas sa phrase, pris de court par la démone qui se permit de le faire pour lui. Sa voix demeura douce malgré l'agitation qui la tiraillait. Cette chamaillerie polie était une ineptie, et elle soupçonnait, tout aussi méfiante que les rebelles eux mêmes, ceux ci de ne chercher qu'à rendre justice d'une manière qui ne lui plairait pas.

- Aucun d'entre eux n'a jamais vu de Re'derin de sa vie. Vous puniriez un homme qui n'a fait que son devoir, sans soupçonner un instant qu'il ait pu s'agir d'une erreur ? La guerre rend les gens méfiants, vous devriez le savoir plus que quiconque. Accordez leur le bénéfice du doute, le garçon lui même nous a assuré qu'il n'avait pas voulu les tuer.
- Alors selon toi on devrait partir et faire comme si de rien n'était ?
- Ils gardent le plateau de la porte depuis des mois sans que personne à Naisul ne se soucie de cette place, ni même de l'avant poste que tous vos rebelles son ton devint un tantinet méprisant tentent désespérément d'esquiver. Vous venez ici en bourreaux avec pour seule préoccupation de rendre une justice qui n'en est pas une.

Rendue véhémente par l'émotion, la jeune femme se redressa sur elle même alors qu'elle s'était penchée pour appuyer ses propos et que ses sourcils s'étaient froncés d'une rudesse sans nom. Son regard vira au gris sombre, propre d'une expressivité commune à certains individus de son espèce, une particularité qui aurait pu facilement être mal interprétée.
Du reste, elle avait fini par oublier la présence du Meidan qu'elle trouvait ridicule dans son rôle de garde du corps loyal. Comme si, par les temps qui couraient, on pouvait encore se permettre de se considérer plus ou moins qu'un autre.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeJeu 16 Aoû - 18:18



La démone avait-elle déjà choisi son camp ? D'aucuns disaient qu'elle agissait pour le compte des envahisseurs, d'autres qu'elle intervenait à Naisul pour s'en attirer les bonnes grâces, alors pourquoi prendre le parti des natifs, extérieurs à un combat qu'ils semblaient avoir abandonné au profit de la bière et du rock ? Était-ce un sursaut de justice irraisonné qui la motivait à défendre un meurtrier, ou l’appât d'un gain promis ?
Un moment, Ningal l'observa. Tout chasseur sait qu'il est nécessaire de connaître sa proie avant de se lancer dans une traque dangereuse, et tout combattant demande à s'informer de son ennemi avant de jeter dans un combat peut-être tout aussi perdu. Un joueur quant à lui, surveille et analyse avant d'adapter sa stratégie à son adversaire. Foncer ou bluffer, la triche n'est pas de mise pour un honnête homme, mais elle n'en demeure pas moins une option pour les plus fous, les plus avares, les plus endettés, ou les plus malins. A la fois prédateur, guerrier et challenger, l'homme poisson avait donc toutes les raisons du monde de détailler ainsi l'Infernale. Un coup d'oeil qui s'apparenterait à l'attention que tout hère porterait sur l'acteur d'un débat animé mais qui en vérité, se voyait bien plus inquisiteur qu'il ne le laissait croire.
Une nouvelle fois, il ne releva ni provocation, ni mépris. Bien que le ton employé n'avait rien de justifié dans un dialogue qui se voulait ouvert - et non critique -, ses paroles étaient censées, du moins certaines. Mais qui était-il pour les appuyer ?

Ses prunelles cerclées d'or finirent par se reporter sur Azol. Le blond avait froncé les sourcils face à l'emportement bien précipité de la diablesse, ainsi que sur son argumentation.
Peu impressionné, il emprunta un ton toujours aussi impassible.

- Une justice qui n'en est pas une ? Meurtre ou accident, tout se paie un jour, pour autant, crois-tu que la culpabilité seule d'un assassin soit suffisante pour réparer ses torts ? Crois tu que c'est sa culpabilité qui va maintenir en vie le Re'derin blessé, qui va recoudre ses plaies ou combler un déficit de ressources que nous gâchons désormais pour réparer une erreur ? Nous n'avons pas besoin de ça, et laisser impuni ce crime, qu'il soit volontaire ou non, est surtout la meilleure façon de le voir se réitérer.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeJeu 16 Aoû - 19:15
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Ses yeux virèrent finalement au noir corbeau. La stupidité de ces hommes, puisqu'elle mettait chef et toutou loyal dans le même sac, la rendait folle. N'avait il à ce point aucune jugeote, ni aucune pitié ? Punir un homme à cause d'une erreur et en faire un martyr n'allait pas arranger la situation, et demander réparation alors qu'ils étaient en si petit comité, encerclés de guerriers soudés entre eux, usés et las de batailles incessantes, n'allait que les envoyer tous à une mort certaine. Elle n'y dérogerait pas.
Qui plus est, le tireur n'était qu'un gamin d'à peine son âge. Alors qu'elle semblait arborer vingt ans, tout au plus, celui qui portait les chaînes de fautif n'en avait qu'à peine dix sept, c'était aussi injuste que démesuré, et s'il fallait en arriver là, la démone estimait que ce n'était pas à eux de juger de la sentence qui devrait être prononcée.

Gardant les sourcils froncés, le regard opaque et tourné vers le grand blond qui n'était finalement plus si grand une fois assis, la jeune femme retint un grognement, mais demeura véhémente bien malgré elle, elle ne résista pas à l'emportement et sa voix grimpa d'un ton dans les tours.

- Vous ne punissez pas aussi sévèrement les tirs alliés involontaires. Est ce une excuse pour venir étendre l'influence de Cain et de ses sbires jusqu'ici ? Je pense que si des personnes ont été lésées ce ne sont ni toi ni tes hommes elle lança un regard dédaigneux à l'homme poisson toujours debout, immobile et droit telle une statue de cire armée jusqu'aux dents, ni même les rebelles de la capitale.  Si ce gamin doit être jugé, ce ne sera certainement pas par toi, et puisque j'imagine qu'aucun de vous tous, braves petits soldats, n'avez été assez concernés par l'attaque pour être allés voir directement les Re'derin, ce sont eux qui devront décider de son sort !

La mâchoire d'Azol se contracta, elle le savait, elle le voyait de son siège. S'il s'était montré impassible jusqu'ici il semblait désormais perdre patience. Bien, au moins était-elle parvenue à le faire réagir. Elle espérait simplement que cet homme ne soit pas comme tous ceux qu'elle savait arpenter les rues de Naisul, assoiffés de sang, sans plus. Ils n'avaient pas besoin de punir ce gamin, elle avait déjà plus ou moins géré la situation, et son emportement sincère visant à la sauvegarde de l'un des leurs avait visiblement achevé de convaincre Tovad d'accorder plus que ce qu'il ne souhaitait offrir en contrepartie de cette faute.
Le vieil homme à la jambe écharpée s'avança sur son siège, à peine, tentant de freiner la progression d'une dispute presque inévitable.

- Dans tous les cas... nous avons accepté, à la demande de cette jeune personne, de vous fournir de quoi rembourser les frais du blessé. Et même davantage. Nous fournirons également de quoi ravitailler votre avant poste, ce pour quoi les étrangers avaient été envoyés jusqu'ici.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeJeu 16 Aoû - 20:36



Il aurait pu rester impassible. A vrai dire, il y songea sérieusement, mais la belle avait l'air de vouloir blesser, armée des pointes acérées du mépris et de la colère. Lui donner satisfaction serait plus intéressant que de lui laisser entrapercevoir son imperturbabilité, tout en lui permettant de garder certains avantages.
Ainsi, la première réaction du rebelle à l'épiderme d'un bleu profond fut tirée, un froncement de sourcils aussi sévère que désapprobateur. Il n'était pas feint, son visage, comme celui de presque n'importe quel hère, savait s'exprimer et ce qu'il montra était sincère. Peu flatté d'être insulté, mais d'autant plus que l'on remette ainsi la bonne foi de son camp en cause, il laissa un léger ressentiment peindre la maigre bande de peau qui n'était pas dissimulée par un tissu épais, sans savoir qu'en vérité, la démone avait tout juste.
Azol lui eu une toute autre réaction, peut-être car il avait conscience de ses torts, à moins que ce ne fut parce qu'il constatait avec une pointe de déception que la jeune femme et fervente protectrice du pauvre et du criminel s'excitait sur un sujet sans en connaître ni les véritables tenants, ni les aboutissants désirés. Si elle avait paru un instant prometteuse, et ce sans que sa nature ne lui fasse défaut, elle avait tout anéanti en proférant accusations et blasphèmes de façon aussi véhémente que gratuite sur un camp ainsi qu'un chef plus que respectés.
Le grand blond perdait patience oui, car depuis bien dix minutes, l'inconnue - car on ne savait toujours pas qui elle était ni pourquoi elle s'impliquait dans un conflit au point de parler au nom de véritables concernés - les insultait et plus que tout, se fourvoyait.

Le meneur se pencha légèrement en avant, semblant ainsi appuyer la vérité qu'il s'apprêtait à prononcer alors qu'il dardait son regard opalescent dans les yeux gris de l'auto-proclamée avocate. Finalement une enfant qui cherchait seulement à s'impliquer dans des discussions d'adultes sans s'être, vraisemblablement, si bien renseignée qu'elle le prétendait.

- Il ne me semble pas avoir jamais demandé ni le sang ni la tête du criminel.

Il se détourna finalement, délaissant la môme dont les angoisses auraient été rassurées d'une vérité aussi évidente qu'elle n'en devenait agaçante à prononcer, pour finalement, se reporter sur le principal concerné. Azol opina du chef, recouvrant un air neutre pour ne pas dire presque aimable.

- C'est bien ce qui est souhaité. Enfin ... Ceci, ainsi que quelques autres avantages. Vivre avec une mort innocente sur la conscience est notre lot à tous, néanmoins on peut choisir de n'en avoir qu'une, ou d'en avoir mille. Il se redressa finalement, collant son dos au dossier grinçant du fauteuil. Alors continuez de surveiller le passage du canyon, énumérez les passeurs, leurs armes et leur équipement, tuez les démons mais certainement pas les autres, et envoyez nous vos rapports.

Ningal n'aurait su dire si cette proposition - obligation ? - relevait d'un caprice ou d'une véritable stratégie. Il connaissait suffisamment son chef pour le savoir réfléchi et raisonné, mais son but pour le moment encore, lui échappait.
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeJeu 16 Aoû - 21:30
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Elle ne savait pas ce que ces hommes faisaient tous ici, pas réellement, tout ce dont elle pouvait se permettre d'imaginer relevait de suppositions, mais elle ne fut pas surprise de constater que certaines s'avérèrent fondées.
Elle n'avait fait que le confondre sur nombreuses des possibilités envisageables, de sorte à toutes les mettre sur le tapis et faire montre de sa fervente opposition quant à celles qui furent citées. Elle l'était par ailleurs toujours, et l'entendre énoncer ses exigences la fit tiquer.
Lorsqu'il eut parlé la démone croisa le regard désapprobateur que l'aquatique lui réservait, et elle sembla comme le questionner de ses yeux rendus noirs de colère. Elle n'attendait pourtant rien de lui. L'opacité de son regard se mut d'un individu à l'autre, précipité par l'incompréhension de voir Tovad aussi sage face à cet ordre colonisateur.

Le vieil homme la devança et lui signala du regard de ne pas intervenir. Le comportement paternel qu'il lui accordait était aussi étrange que démesuré, mais il avait vécu assez d'années pour savoir quand se taire et quand riposter, il savait également reconnaître l'hostilité dans le regard de certaines personnes, ainsi que la nature de leurs intentions, et même si le grand blond semblait avenant, il ne l'aimait pas.

La menace qu'Azod avait proféré lui donnait envie de lui tordre le cou, ou de lui arracher la tête, mais elle obéit et demeura silencieuse. Récemment levée, l'innommée ferma les poings, sa poigne se resserra sur le néant, si puissamment que ses phalanges en pâlirent. Lentement, ce qui signifiait également que l'homme à la tête de la ville mettait un terme à l'entrevue, celui ci la rejoignit en position verticale et, hissé sur sa jambe douloureuse, il congédia, d'une amabilité qu'elle ne partagea pas, les deux intrus encore dans sa maison.

La paria les suivit du regard, son nouvel ami s'était rendu d'un simple hochement de la tête, docile. Elle aurait pu faire la guerre pour eux, simplement parce qu'ils l'avaient considérée comme un être vivant sensible et intelligent malgré sa nature démoniaque. Ils lui avaient accordé le droit de s'exprimer qui lui était trop souvent dérobé, et ça, ça comptait.
Une fois les deux énergumènes dans le couloir, en passe de pénétrer à l'extérieur du bâtiment, le rouquin se tourna vers son invitée.

- Tu sembles désapprouver, je te comprends. Mais cet homme cache quelque chose, et je soupçonne sa menace de ne pas être qu'une envolée de mots proférés sans conviction. Fait attention.

Elle se laissa enfin aller à grogner. Retenant son pied de voler contre un tabouret pour l'envoyer valser plus loin dans la pièce et pourquoi pas, éventrer un carreau déjà à moitié dérobé. Lorsqu'elle eut fini d'exprimer vocalement son impuissance, elle sentit une main quelque peu ridée se poser sur son épaule.

- Tu en as fait plus pour nous que tu ne l'imagines.
- J'aurais voulu faire plus.

Tous deux finirent par emprunter le trajet des deux hères précédents et bientôt les rejoignirent-ils à l'air libre.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeVen 17 Aoû - 20:02



Alors ainsi, s'en était déjà fini ? La victoire avait été bien simple à obtenir. Le débat soldé en dix minutes à peine par l'acceptation de toutes les clauses par le parti incriminé, celui lésé - enfin était-ce vraiment lui ? - laissé libre et satisfait de dérober ce que bon lui semblait aux natifs sans que ni refus ni opposition n'aient à être essuyés. C'était un peu trop beau pour être sincère.
Ningal longtemps darda son regard sur le roux boiteux, un regard à la fois inquisiteur et méfiant dont l'attention, totale cette fois, se focalisait sur ses traits ridés dans le seul et unique but de dénicher une mimique traîtresse d'une perfidie préméditée.
Il ne trouva rien d'autre qu'une soumission volontaire mais calculée, une concession faite de bon coeur qu'il devinait pourtant exécutée non pas par générosité, mais par sagesse. Le vieil homme avait plus d'esprit qu'il n'avait de liberté de mouvement, et il serait mauvais de le sous estimer, car bien qu'il sembla un peu trop bon - et qui dit trop bon dit trop con - il devait surtout être trop sournois. On ne pouvait mener un peuple ivre, qu'il s'agisse d'alcool ou de musique, sans savoir faire face aux conséquences débordantes d'un verre de trop ou aux retours retors d'une gueule de bois sévère. On ne dirigeait pas d'une simple bonté, il fallait également de la dureté, car être à la fois juge et bourreau demande tant de droiture que d'inflexibilité, il ne sert à rien d'énoncer une sentence si l'on est capable de l'exécuter. S'il était encore là à la tête de cette joyeuse débandade, c'est qu'il en avait les qualités, ça l'en rendait d'autant plus menaçant.
Mais que pouvait-il faire à l'instant, hormis les poignarder dès lors qu'ils auraient le dos tourné ? Le Meidan assoiffé ne pouvait que garder l'oeil ouvert, attentif. D'ailleurs, cela s'appliquait tout autant au meneur qu'à la diablesse, une menace tout aussi importante si elle n'était supérieure, mais pour le moment silencieuse. Celle-ci pestait et ce sans savoir comment s'en cacher, bien que jusqu'alors, il ne sut pas si elle rageait d'avoir été ainsi diminuée, ou du fait de plan méconnus gâchés plus ou moins par inadvertance.
Dans un cas comme dans l'autre, Ningal dû cesser de s'en soucier.

Il fut celui qui ferma la marche. De dos, sa ressemblance avec la faucheuse allait encore en augmentant, à la différence seule que son arme, loin de se recourber, était large et épaisse, un espadon aussi lourd que tranchant qui reposait au travers de ses épaules, par dessus une cape noire qui fouettait air et poussière à chacun de ses pas.
Ceux-ci le menèrent jusque l'extérieur, plus chaud et plus sec encore que dans son souvenir. L'air vicié avait soif d'un orage que l'homme poisson espérait tout autant, néanmoins aucun ne déchirerait le ciel avant plusieurs semaines sans l'aide inopinée d'une magie bienvenue. Non, celui qui menaçait à vrai dire frapperait les hommes meurtris et non la terre déshydratée. Une tempête de rage et de haine aveugle, du fait de la peur et du mépris qui découlaient naturellement de l'inconnu. Et celle-ci, l'indésirable étrangère, ne tarderait pas à le subir une énième fois.

Ningal était en train de soulager lèvres et gosier assoiffés lorsque les premiers éclats se firent entendre, que l'électricité s'en fit ressentir. L'excitation frelaté d'une confrontation à ses prémices lui hérissa le moindre poil, cette allégresse putride propre à cette plèbe anonyme tantôt exaltée, tantôt horrifiée d'un combat qui se joue devant ses yeux, et qu'importe qu'il soit juste ou équitable, la soif de sang, si non de divertissement, était toujours un motif suffisant pour faire massivement monter sa fièvre.
Il se tourna alors, raide d'un sombre pressentiment. Lorsqu'il s'approcha de la foule attroupée à l'entrée d'une ruelle, les premières insultes écorchèrent ses oreilles. Faisant des pieds et des coudes pour se frayer un chemin parmi les corps qui ne le remarquèrent même pas, le rebelle fini par tomber sur une scène de bizutage dès plus classiques, néanmoins des plus puériles. C'étaient souvent celle là les plus injustes.

Ils avaient du s'y mettre tous les quatre pour immobiliser la démone qui avait eu le malheur de sortir quelques peu après son protecteur. Quatre molosses baveux au museau retroussé par l'arrogance et la rage, satisfaits d'avoir pu mettre leur puissante patte sur la truffe d'une souris menaçante.
La scène était pitoyable. Non pas qu'ils étaient ridicules, mais de les voir céder si bassement à leurs instincts les plus primaires sous le joug d'émotions qui ne l'étaient pas moins avait de quoi faire perdre foi en l'humanité. Pourquoi les fils de Lucifer s'ennuyaient ils à vouloir les exterminer, l'Homme savait s'autodétruire sans aide aucune.

Le rebelle grogna et sans réfléchir, intervint. Il n'avait pas grand chose à cirer du sort de la démone, néanmoins il aurait apprécié que ses nouveaux coéquipiers ne plombent pas ni négoces, ni missions, du fait de leur incapacité à savoir fermer leur gueule ou brider leurs gestes. C'était pourtant ça être soldat, plus que de savoir se battre : savoir agir à l'instant opportun. Et là, ça ne l'était clairement pas.
Ningal saisit l'épaule de celui qui s'était désigné comme premier bourreau, le meneur d'une bande sournoise, et le poussa violemment en arrière. Suffisamment pour qu'il finisse le cul dans la poussière.

- T'as rien de mieux à faire que de chercher à foutre la merde ? C'est pas l'moment.
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeVen 17 Aoû - 21:53
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Son regard était en train de muter de la noirceur des ténèbres à la pâleur d'un gris anthracite lorsqu'une meute de quatre molosses de l'enfer lui tomba sur le coin du museau. L'action s'était déroulée avec tant de diligence que quiconque n'avait été en mesure ni d'agir, ni même de réagir. Traînée dans l'ombre d'une ruelle rendue obscure par l'absence de soleil, dont les rayons étaient tenus à distance du fait de la hauteur des quelques murs encore debout, la démone n'avait pu que se débattre sans vraiment parvenir à opposer de véritable résistance, non pas qu'elle fut faible, mais tenir tête à quatre hommes qui faisaient au moins une tête et demie chacun de plus qu'elle, et qui étaient au moins deux fois plus épais, ne lui permettait pas d'espérer pouvoir échapper à leurs poignes puissantes mues par la peur et la rage qu'elle instillait malgré elle dans leurs coeurs.
Elle n'appela pas à l'aide, peut-être trop fière ou trop téméraire, l'infernale se contenta de tirer sur chaque membre qui lui furent entravés. Lorsqu'enfin elle pu arracher son bras droit de l'étau douloureux dans lequel il était enserré, son poing alla s'écraser avec toute la force qu'elle dissimulait en elle, et les façonneurs eux seuls savent à quel point les démons sont forts, sur la mâchoire du monstre qui tenta de récupérer sa prise. Elle leur grogna de la lâcher et ils l'appelèrent vipère, comme si elle n'avait pas déjà essuyé de pareilles insultes par le passé.

Son coup lui fut rendu, avec toute la rudesse d'une attaque chargée de colère. Bien loin de l'envie d'atteindre un point précis, le rebelle décocha son poing pour que ce dernier aille sans remord éclater la lèvre de la jeune femme, sur laquelle quelques uns de ses longs cheveux bleus vinrent se noyer. Ils la jetèrent finalement au sol.

Ne pouvant freiner sa chute, la jeune femme ne pu que tenter de l'amortir, mais elle rencontra la poussière d'un sol sec sans douceur malgré son geste. Ses coudes autant que ses avants allèrent, eux les premiers, se faire écorcher par la griffure morne du béton bruni, puis son ventre après elle, au même titre que ses jambes. Alors qu'elle s'apprêtait à se redresser pour fuir, ou au moins se relever, une patte énorme se referma sur son cuir chevelu sur le haut de son crâne, et en tirant l'épaisse chevelure, l'homme rendu ivre d'une confiance toute répugnante aida celle qu'il appelait ennemie à se hisser sur ses genoux.
D'abord, ils ne firent que rire, tous autour d'elle comme s'il s'était agit d'un véritable bizutage, des moqueurs sans honneur qui lui crachèrent au visage tout le dégoût qu'ils éprouvaient pour elle. En réponse à la lueur changeante de ses yeux qui passèrent de nouveau aux ténèbres d'une noirceur sans éclat, l'un d'entre eux s'exclama, la langue rendue tranchante par la haine que sa vision provoquait en eux.

- La putain du diable est en colère on dirait, il y a d'autres choses chez toi qui changent de couleur ?
- Je te prends quand tu veux gros porc.

Celui qui la tenait la jeta de nouveau au sol et après qu'ils se furent offusqué, que l'un d'eux se mit à ricaner nerveusement, ce fut elle qui eut droit à la morsure de leurs bottes.

Alors que certains des natifs s'approchaient, rendus curieux par les grognements et désormais gémissements étouffés qui provenaient d'ici, le Meidan se précipita afin de constater que ce tapage était bien provoqué par quatre de ses collègues. Son intervention fut accueillie de manière mitigée, la rebelle remercia le destin pour son geste, mais elle aurait voulu leur arracher les entrailles à tous, une folie meurtrière qu'elle s'obligea à résorber, les démons étaient connus pour leurs colères intenses et leurs rages sanguinaires, ce n'était pourtant pas l'endroit, mais elle se jura qu'elle les étriperait s'ils reposaient un jour la main sur elle.

Elle se roula dans la poussière, et toussa une fois qu'elle fut sur le dos. Elle se releva alors que l'encapuchonné occupait la plèbe, toussa d'une salive mêlée de la rougeur d'un sang nouveau. Le filet carmin qui lui barrait les lèvres jusqu'au menton, elle l'essuya du revers de la manche, son regard sombre rivé sur ses agresseurs.

- T'es de quel côté Ningal !? On devrait la buter maintenant qu'on l'a sous la main, avant qu'elle ne trahisse la cause !

L'infernale pouffa lorsqu'il partagea cette énormité à voix haute, ses doigts quant à eux faisaient état de la condition de sa lèvre inférieure qui semblait déjà gonflée, et douloureuse avec ça.

- La cause ? Tss. Laisse moi rire. Vous n'êtes qu'une bande de moutons désorganisés. Et même si je ne parle pas pour tout le monde, je parle au moins pour vous cinq. C'est à se demander comment les démons font pour vous rater.

Alors qu'elle achevait de se redresser, pleine d'une fierté sans nom quant au fait de lire davantage de colère encore dans les yeux de ces imbéciles, l'un d'eux justement se jeta sur elle pour la faire taire, une fois de plus, espérant avoir le dessus.
Elle esquiva comme d'un réflexe son imposante impulsivité et se saisit de son poignet pour venir l'accrocher le plus haut qu'elle pu dans son dos, à la suite de lui avoir fait exercer une rotation frivole.

- Dégagez.

Malheureusement pour elle, ne faire que se défendre invita la haine des autres à se joindre à la danse, Ningal n'y pu rien, mais s'ils s'approchaient tous trop, elle pouvait encore briser en deux le bras de leur ami.


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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeSam 18 Aoû - 11:07



Qui, de l'un ou de l'autre, avait poussé la situation à dégénérer ? Etait-ce le lycan mal léché et ses appétences sanguinaires, la diablesse renfrognée ou lui même, à son tour défenseur et protecteur non pas du jeune et du meurtrier, mais de la femme et de l'indésirable ? Ils étaient six acteurs à jouer dans cette pièce tout autant ridicule qu'inévitable, mais il savait que seuls quatre parmi eux étaient les véritables instigateurs de cette brimade puérile. Car si ce n'avait été l'instinct de survie de la victime, c'aurait été sa soumission le motif suffisant d'un tel acharnement, et si non lui, n'importe quel autre aurait fait l'affaire. Les quatre géants avaient soif d'une justice injustifiée, et désormais que leur sentence avait été énoncée, ils se sentaient l'âme de bourreaux impitoyables.

Ningal, une fois que le second assaut fut lancé, put difficilement refréner quoi que ce soit. Les quatre rebelles, s'ils ne l'étaient pas tout à fait avant, étaient désormais complètement sourd au bon sens ou à la raison, et rendu aveugles par la haine et le mépris, ils ne voyaient plus la démone qui menaçait l'un des leurs.
Qu'importaient qu'ils mettent à mal alliés et réputation du moment qu'ils parvenaient à supprimer une envahisseuse indésirable, qu'importaient que dans leur précipitation, ils accusent à tort une potentielle associée et blessent sans raison un véritable compagnon. Ils avaient à portée une occasion qui ne se représenterait plus.

L'un deux, un grand homme trapu au faciès déchiré d'une sale plaie récente, entama la danse, peu inquiet des conséquences qui se répercuteraient sur l'otage emprisonné par la poigne solide de la femme aux prunelles devenues ébènes. Tordu, le bras de celui-ci fut déboîté de son articulation d'une pression ferme, une menace mise à exécution dès lors que le balafré fut à distance trop peu respectable de l'Infernale acculée. Le mal causé, il n'avait alors plus la moindre raison de réprimer ses pulsions et, véloce, il fondit sur le duo pour asséner un premier coup vengeur. Celui ci n'eut que pour unique effet de défaire la prise de la jeune femme, laissant alors le second, son prisonnier jusqu'à une seconde plus tôt, en profiter pour l'atteindre à l'estomac d'un coup de coude bien senti. Le mâle enragé poursuivit d'une rotation qui le mit face à la démone, qu'il chercha ensuite à atteindre d'une lame dissimulée dans sa botte.

Ningal tenta d'intervenir. Symbole d'une situation devenue plus critique mais tout autant d'un calme qui commençait à s’effriter, il abandonna sa première arme - le culot et l'autorité - au profit d'une seconde plus tranchante. Sa main gantée se referma sur le manche de son espadon gigantesque, si grand d'ailleurs qu'il espérait que sa vision seule calmerait les rebelles écervelés, et il le sorti de son maigre étui.
Les deux mâles si fiers de leur virilités restés en retrait se raidirent, davantage conscient de la menace que représentait un rebelle plus haut gradé en colère et de ce fait, oublièrent toute tentative visant à rejoindre leurs compères. Les deux derniers quant à eux restèrent dos au Meidan, sans le voir ni lui prêter la moindre attention, tout aussi sourd à la raison qu'à la tension qui s'était soudainement faite ressentir, plus que chez leurs collègues, parmi l'ensemble de la foule inquiété - ou exaltée ? - par l'intervention de taille d'un nouveau combattant. Celui-ci pendant un moment, se contenta de traîner la lame sur le sol sec du reg poussiéreux, le temps de rejoindre le trio enragé, puis finalement il la leva a hauteur d'homme, l'interposant entre la belle en détresse - une métaphore car jusque là, elle semblait parvenir à se débrouiller - et les deux monstres à l'instant plus vils que la démone. Tous trois se stoppèrent un instant, juste assez au moins pour lever les yeux vers cette nouvelle arme ainsi que son porteur.

Ningal avait froncé les sourcils, ses yeux mordorés pris d'un éclat plus sombre tant il pourraient s'avérer funestes. Il grogna ses paroles, non pas hargneux mais méprisant.

- Vous ne valez pas mieux que les démons qu'on essai depuis des années de battre. Aussi mesquins, aussi vils et aussi malhonnêtes. Dégagez, avant que je ne choisisse de vous pourrir la vie tout autant que je le ferai pour des infernaux.

Car il ne pouvait guère menacer de les tuer. Ningal avait réussi à réacquérir une réputation qui longtemps lui faisait défaut, il ne souhaitait pas la détruire pour une créature qui n'en valait pas la peine, sachant que lui même n'était pas en position de prononcer la moindre justice légalement. L'un deux, le lycan qui semblait mener les trois autre, eu cette grimace moqueuse d'un hère qui se pense tout à la fois être supérieur aux autres et en droit d'obtenir ce que bon lui souhaite, parfaitement conscient du statut de son désormais agresseur. Il ouvrit la bouche pour le lui faire comprendre, avant d'être coupé d'un tir cette fois-ci venu dans son dos, qui au delà de le stopper, fit taire toute la foule amassée à l'entrée de la ruelle.
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeSam 18 Aoû - 13:40
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Tant pis pour eux.
La craquement qui s'était élevé brièvement dans toute l'étroitesse de la ruelle aurait pu prendre écho si la place n'avait pas été pleine de rebelles impotents. Elle n'hésita pas une seconde à surélever davantage le membre pris en étau, l'épaule s'était brusquement disloquée et le rebelle endommagé avait titubé lorsqu'elle l'eut poussé en avant, tentant vainement d'esquiver un coup qui ne lui parvint pas de l'homme qui s'était montré le plus menaçant. Le coup de coude qu'elle avait du essuyer lui avait fait rater une inspiration, elle avait reculé de quelques pas, tout autant pour éviter d'autres attaques inopportunes que pour reprendre contenance. Quand bien même, son oeil demeura alerte et ses réflexes prêts à prévenir de la moindre atteinte.

Leur danse fut néanmoins interrompue par le concours que lui porta l'homme poisson. Elle s'en doutait, son acte était davantage mu d'un désir de justice franc, ou pourquoi pas d'une stratégie évidente, que d'une réelle préoccupation quant à ce qu'il pourrait advenir d'elle. Elle songea un instant qu'il était peut être différent de ses congénères ici présents, résistant à l'irrépressible envie de le confondre avec eux. Il avait au moins le professionnalisme de faire passer le juste avant son avis personnel, et elle ne rencontrait pas pareille attitude très souvent. Pour tout dire, c'était bien l'une des rares fois qu'un individu s'interposait pour lui porter secours, un secours dont elle n'avait pas cru nécessiter, au détriment de ses propres ressentiments, car il en avait, elle le savait pertinemment.

Le buste légèrement incliné vers l'avant, les traits fermés, la jeune femme était en position pour contrer le prochain coup, mais cette apparition lui permit de pouvoir se redresser sur elle même, histoire de souffler un peu. Il avait interrompu l'échange avec toute la sévérité d'un chef, toute l'autorité d'un homme aussi confiant en ses propres capacités qu'il sembla l'être. Passé la surprise qui naquit en son for à la venue du rebelle, pour autant toujours sur ses gardes car il n'était pas impossible qu'il se soit tourné vers elle pour se prêter finalement au jeu, elle posa son regard sur sa lame et en remonta lentement la garde. La noirceur de son regard longea l'extension de ce bras musclé, en suivit les lignes puis s'éleva encore. Lorsqu'elle fut à hauteur de son capuchon, ce furent ses yeux qui la saisirent, brillants sous les ténèbres du voile sombre qui barrait son visage de parts et d'autres. Ca ne lui prit qu'une seconde, mais l'espace d'un instant toute la scène lui parût s'être figée.

Elle acheva par détailler le dialogue entre les deux hommes. Ningal était tourné vers son collègue, il n'avait pas l'air de prêter attention à la félonne qu'il avait pourtant sauvé d'attaques incessantes injustifiées pour faire barrage autant de son arme que de son corps, lui évitant ainsi d'être la cible d'un nouvel assaut. Le désavoué n'eut guère l'air d'apprécier l'intervention qu'il jugea traître de son compagnon d'arme, et son rictus supérieur qui transpirait d'un mal qui rongeait son âme témoignait de son désappointement. Tout son être exsudait du désir d'écharper le Meidan pour le punir de cet affront qu'il jugeait porté contre son propre camp, quand bien même il ne fut pas plein de ce désir uniquement pour le punir d'un affront qu'il prenait tout personnellement.
Le coup de feu le coupa dans sa tentative de partager toute la haine qu'il ressentit à son égard à ce moment ci.

La foule sursauta derrière la scène puérile de cette tentative d'homicide déplorable. Les rebelles, qu'ils furent ceux de Naisul ou d'ici s'écartèrent, laissant apparaître un vieil homme aux cheveux roux, le regard d'une sévérité sans équivoque. Certains baissèrent le regard, d'autres se tournèrent en direction du fond de la ruelle, scrutant les faits et gestes des principaux concernés, mais, quoiqu'il en fut, plus aucun son ne s'éleva de l'assemblée, que ce furent cris de guerre, de joie ou plus rarement tentatives vaines de raisonnement. La furie s'amenuisa et les premiers renoncèrent à la folie satisfaisante du combat. Ils laissèrent place au vide et retournèrent à leur petites affaires, sans toutefois porter atteinte à l'ampleur de cet amas d'imbéciles, qui ne fut que peu affecté par le départ de certains.

- Il suffit. Il est démesurément incorrect de vous voir porter atteinte à l'intégrité de mon invitée alors que vous vous trouvez toujours dans ma ville. Vous avez été accueillis patiemment, j'ose espérer que ma patience tienne jusqu'à votre départ. Ne gâchez pas tout en vous comportant comme les enfants que vous êtes.

L'ouïe fine des quelques surnaturels présents leur permit d'entendre les déglutitions des natifs qui peu à peu laissèrent place. Leur chef fit signe d'un regard à la félonne de le rejoindre, ce qu'elle fit après avoir enjambé l'espadon acéré sans parvenir à s'empêcher de croiser le regard du Meidan.
Elle pénétra ensuite dans l'espace personnel de ses agresseurs, fut contrainte de passer devant le lycanthrope dont la colère suait par tous les pores de sa peau. Lorsqu'elle fut à sa hauteur, ce dernier l'attrapa d'un geste sec par le bras, sous l'aisselle. Elle fronça les sourcils, se stoppa sans pouvoir y remédier et défia de ses yeux sombres le rebelle d'aller jusqu'à la terminaison de son acte.
La mâchoire de ce dernier se contracta avec force, sa poigne fut plus rude, mais il ne se contenta que de se pencher vers son oreille pour lui communiquer une menace qu'elle ne fut pas la seule à entendre, et dont elle n'attendit que la réalisation prochaine.

- On se reverra, compte la dessus démone.

Elle lui accorda son plus beau sourire, malgré la douleur que lui infligea sa lèvre éclatée à laquelle demeurait toujours collée une mèche de cheveux bleus. Elle fut libérée avec amertume et s'avança vers le vieil homme sans un regard en arrière. Il avait le chic pour intervenir au moment le plus opportun.

Ils se rendirent tous deux un peu plus loin, il la fit asseoir sur le capot d'un véhicule cabossé laissé à l'abandon, puis confia à l'un de ses hommes, un jeune garçon, d'aller lui chercher de quoi remédier à la blessure légère.
Elle observa les derniers insatisfaits s'extraire de la ruelle qui l'avait vue être malmenée. Son regard se scotcha sur celui qui fut le seul à intervenir en sa faveur, ou au moins en la défaveur d'une injustice certaine.
Que faisait-il parmi eux s'il ne comprenait pas plus qu'elle leurs agissements rébarbatifs ?


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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeSam 18 Aoû - 23:12



Le regard irisé de la démone, par trois fois, s'accrocha au sien et par trois fois, il s'y plongea au moins quelques instant.
Lors du premier échange, il lui sembla que les prunelles de la diablesse, alors d'un obsidienne ténébreux propre à son ire, s'étaient un instant pigmentés de gris et d'opale.
La seconde fois, son regard était à peine plus clair, peut-être légèrement rasséréné par l'intervention inopinée de son protecteur ainsi que par le répit bienvenu qui lui assura, peut-être pour quelques heures, de ne plus essuyer le moindre assaut inconvenant.
La troisième fois enfin, il était d'un gris presque blanc, la flamme noire de sa colère vraisemblablement apaisée par un souffle reprit calmement, quelques instants de répit qui eurent raison de son emportement, mais certainement pas de sa haine. Sur sa lèvre encore trônait les séquelles de la brimade injuste qu'elle avait dû essuyer, une perle carmin qui glissait lentement la courbe de sa lippe pour bientôt, venir souiller le diaphane de son épiderme.
L'attention qu'elle lui portait n'avait rien ni d'indiscret, ni d'indécent, cependant elle semblait motivée d'une curiosité nouvelle, fruit d'une considération tout aussi inédite envers un homme qu'elle avait dû sous estimer.
Qu'elle ne se méprenne pas. Ningal avait tout à reprocher aux hères de son espèce et bien qu'elle n'ai fait montre d'aucune traîtrise pour le moment, elle n'en demeurait pas moins l'enfant du diable. Il s'attendait à n'importe quel coup bas de sa part, n'importe quelle fourberie. L'avoir aidé ne voulait en aucun cas dire l'avoir accepté. Il n'avait agit que pour le bien de la Cause.

Il ne lui rendit qu'un regard impassible, certes long de quelques secondes, mais qu'il détourna ensuite volontairement. Il ne fut ni conciliant ni méchant, simplement lui même. Quelqu'un qui agissait pour des intérêts plus grands et qui n'attendait ni reconnaissance, ni remerciement en retour. D'ailleurs, c'était à ces intérêts qu'il s'en retournait.

Désormais que l'affaire était conclue et les termes miraculeusement non abrogés, il pouvait s'en aller récupérer, avec quelques uns des hommes les moins méritants de la troupe Naisulite fraîchement admonestés par un Azol tout aussi froissé par leurs actes irréfléchis, les fournitures et biens promis en compensation de leurs pertes malheureuses.
Accompagné de trois de ces rebelles et d'une tension nouvelle qui pesait autant sur ses épaules que sur sa nuque, le Meidan se tourna vers le chef natif qui, lui même, les redirigea vers une vieille - comme d'ailleurs toutes les autres - battisse à quelques rues de la place centrale. Là bas, ils y récupérèrent cartons et sacs de vivres et de matériels, tous vérifiés au préalable, puis portés à bout de bras jusque leur point de départ, là où le reste de l'escadron les attendait pour assurer, une fois qu'ils seraient sortis du village, leur protection.

Mais une fois encore, leur labeur fut interrompu. Tout aussi abruptement, tout aussi violemment.
Le natif qui était devant lui, un garçon dans la fleur de l'âge, les cheveux coupés très courts et un tee-shirt vantant les mérites d'un groupe de métal oublié désormais, s'effondra soudainement, la lame d'un poignard encastrée dans sa boîte crânienne. Un second, une boisson tiédie dans une main, son pistolet dans l'autre, encaissa le choc d'une balle reçue dans l'épaule.
Le palpitant du rebelle s'emballa tandis que tout autour de lui, les premiers hurlements étaient poussés, tantôt douloureux, tantôt horrifiés. Certains, tétanisés par les trépas abrupt, devenaient la proie privilégiée d'assaillants dissimulés, d'autres au contraire filaient déjà à l'abri des maigres protections que représentaient les ruines et autres carcasses de véhicules. Ningal fut de ceux-là, car rester au milieu d'une voie dégagée soudainement menacée par un nombre incalculable de prédateurs assoiffés de sang n'était pas des plus judicieux.

Il fut de ceux dissimulés derrières de grosses bennes à ordures. Sa main refermée sur l'arme à feu qu'il avait accrochée à sa ceinture, il chercha d'abord le regard de ses compagnons, ou du moindre combattant alors concerné par la bataille soudaine qui se jouait à leur dépends, de sorte à avoir une idée de l'origine ainsi que du nombre d'assaillants sans avoir à se remettre en danger.
Azol lui en désigna deux, hissés dans d'anciens immeubles à demi effondrés, proches de la frontière qui séparait le village du reste du désert. Le lycan tirait quant à lui sur une ombre qui fondait plus proche du barrage. Il en demeurait encore un néanmoins, armé de centaines de poignards semblait-il, qui sans cesse, frappait natifs et rebelles confondus à croire directement depuis l'avenue où ils étaient tous, mais invisible, il demeurait meurtrier introuvable. Dissimulés parmi eux peut-être, l'idée qu'il puisse s'agir de la diablesse lui traversa l'esprit, ainsi que ses autres compagnons - stupides compagnons - de route réfugiés ça et là à ses côtés, qui fulminèrent déjà à son encontre, celle de la démone comme celle du Meidan acculé.

- J'avais dit qu'elle apporterai malheur et trépas ! On aurait dû tuer cette garce pendant qu'on en avait l'occasion ! Vois ce que ta faiblesse à causé Ningal !

Comme pour marteler ces paroles, une balle vint percuter la benne aux couleurs délavées par le soleil brûlant, traversant chacune des deux parois pour ressortir à trois centimètres de la tête de l'homme poisson.
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeDim 19 Aoû - 3:19
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- Merde merde merde !!

La félonne grogna, la panique avait envahi toute la ville sans que quiconque n'ait pu préméditer l'attaque. D'ordinaire sur le qui-vive, les natifs avaient été emportés par le feu brûlant de l'altercation jusqu'à en oublier une attention qu'ils ne laissaient d'ordinaire jamais retomber. Les démons avaient été patients, ils avaient agit intelligemment pour une fois, et même si la démone ne les portait pas dans son coeur, elle leur reconnu pourtant la qualité de cette stratégie rondement menée poussée par une réflexion logique qu'ils semblaient toujours ignorer. Cela ne parût pas troubler le vieil homme à son côté qui laissa tomber sur le métal cabossé de la voiture morte le morceau de coton imbibé de sang qui avait achevé de remplir son rôle que fut celui d'éponger de mince bavures carmines. Il se saisit de la jeune femme, la tira à sa suite alors que les blessures des deux compères se réveillaient chacune de concert. Tovad n'en fit rien, ses paupières déjà ridées par la sévérité de son regard ténébreux ne laissaient rien voir de la douleur qui l'enflammait. La rebelle quant à elle n'eut d'autre choix que de lui emboîter le pas et, même si les coups qu'elle avait reçu plus tôt ne l'empêchèrent pas de se précipiter à l'abri du danger des tirs et autres poignards volants, elle ne pu se retenir de passer un bras douloureux autour de ses côtes meurtries. Les salauds laisseraient leurs marques, mais les empreintes physiques ne faisaient jamais aussi mal que celles qui s'imprimaient dans la mémoire.
Elle grogna sa peine, alors que ses yeux reprenaient la couleur de l'ébène. Elle aurait bon dos lorsque l'attaque prendrait fin, et si elle y survivait, elle allait redevenir la cible d'accusations injustifiées, elle le savait. Le sang ne signifiait rien, et elle songea un instant à cette vérité. Elle avait en elle de l'ADN purement démoniaque, d'aucuns disaient qu'elle était la fille du diable, comme n'importe lequel de ses semblables aurait pu l'être d'ailleurs, pour autant, elle ne partageait avec eux que des similitudes physiques.
Pour elle les humains se ressemblaient tous, ce n'était pas une raison pour les traiter chacun d'enfoirés.

Un soupir tremblant s'extirpa d'entre ses lèvres rougies, elle posa sa main sur la garde de la lame qui reposait au creux de ses reins, puis jeta un coup d'oeil alentour. En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, la rebelle savait déjà où les Nailites s'étaient rangés. Le colosse qui lui avait offert celle jolie plaie sur le visage s'était volatilisé, deux d'entre eux étaient morts, les autres étaient dissimulés derrière des murs et... derrière une benne à ordure trop rongée par le temps pour qu'elle put servir de véritable bouclier.
Les balles des démons, du calibre trente au moins, cinquante pour ceux qui aimaient jouer avec gros, transperçaient tout et tout le monde. Elles fendaient les murs de balafres vicieuses et dévastaient la chair comme s'il ne s'était agit que de chiffon fragile.

Par réflexe, l'innommée poussa du plat de la main le vieil homme qui avait veillé à sa protection, lui rendant la pareille désormais qu'il était la cible toute désignée d'une atteinte personnelle. Sans réfléchir, elle envoya son arme se loger dans la gorge de l'assaillant. Il fut stoppé dans sa course, s'immobilisa un instant alors que ses yeux s'écarquillaient, puis son corps s'affaissa avec la lourdeur d'une enclume. C'était bien sa vaine, elle allait devoir se débrouiller pour récupérer son poignard si elle voulait prétendre à la victoire, non qu'elle ne fut pas à l'aise avec les armes à feu, mais le combat au corps à corps demeurait une spécialité propre qui la rendait létale.

Les sourcils froncés, la félonne se détourna de sa lame pour s'enquérir de la situation. Les natifs et autres rebelles s'agitaient dans tous les sens, le métal tiré de canons larges sifflait bruyamment et faisait vibrer l'air, les hurlements des uns et des autres se mêlaient à tout le tapage ambiant, au même titre que les corps rejoignaient la poussière qui les avait vu naître. Ce furent pourtant les boîtes géantes de taules mortes qui attirèrent le plus l'attention, certains surnaturels aux sens surdéveloppés furent déstabilisés par le bruit atroce que firent les éclats rigides des cartouches pleines lorsqu'elles rencontrèrent sauvagement les énormes cabines bleues.
Bientôt percées de toutes parts, ces boîtes fragiles laissaient leurs protégés un à un s'évanouir parmi l'hémoglobine et la crasse, sans parvenir à les sauver d'attaques incessantes. Derrière elles, trois rebelles se cachaient toujours, et si l'un parvint à atteindre le bâtiment le plus proche qui se trouvait à sept mètres de là, le second trouva la mort sur le trajet, percuté de plein fouet par les rafales infernales. Bientôt, seul le Meidan demeura dissimulé aux sens de ces ennemis qui le savaient présent. S'il tentait de s'extirper de ce merdier, il ferait ou face à une nouvelle salve meurtrière, ou au tranchant des langues acérées du jongleur qui piquait de ses dards le moindre rebelle à découvert.

L'innommée s'élança à la recherche de son arme égarée. Elle élimina un démon sur le chemin, profita de sa mort lente pour se servir de son corps encore debout comme d'un bouclier et acheva un autre ennemi depuis bonne distance. Elle se détacha du cadavre pour se cacher derrière d'autres plaques métalliques à peine solides, mais heureusement pour elle son précieux n'était plus très loin.
Lorsqu'elle l'eut récupéré, elle sombra dans l'obscurité, ne fit plus qu'un avec les ténèbres et s'évada du champ de bataille pour éviter autant qu'elle le pu la moindre altercation inopportune. Elle ne devait pas être interrompue dans sa course, ni ralentie, les rebelles continuaient de se faire tuer par un lanceur invisible, et puisque chacun d'entre eux était occupé à débusquer ou éliminer le moindre démon, il fallait qu'elle fasse vite, il monopolisait à lui seul toute la place et empêchait ses alliés à elle de se mouvoir, comme tout simplement de se défendre en les privant de champs d'actions primordiaux. Elle longea la route et sa chaîne rocailleuse, s'infiltra derrière les carcasses de véhicules enflammés et se glissa dans l'inattention ambiante pour progresser. Elle grimpa avec une maladresse crasse sur un rebord du plateau que les démons étaient venus conquérir, de sorte à pouvoir étendre son champ de vision. Accroupie, elle continua d'avancer le plus silencieusement que ses côtes endolories le lui permirent. Lorsqu'elle ne fut plus proche de sa potentielle cible que de quelques mètres, les déchets présents dans la benne s'embrasèrent, la déflagration fit reculer l'homme poisson sous le coup d'un réflexe bienvenu, si elle n'agissait pas vite il y laisserait l'azur de sa peau et Naisul perdrait l'un de ses meilleurs éléments.

Elle avisa un instant les toits effrités des pavillons dont le cul était collé à la falaise. Elle n'eut pas le temps d'estimer ses chances de tomber sur une tuile -sans mauvais jeu de mot- et se laissa tomber sur le plus proche. Elle savait d'où s'élançaient les poignards furtifs lorsqu'elle fut au sommet de son perchoir branlant, bientôt allait-elle pouvoir mettre un terme à leur danse folle.

A peine deux interminables minutes plus tard, le cadavre du lanceur gisait au sol, la gorge tranchée par l'un de ses jouets qu'elle avait retourné contre lui.

La démone longea le mur jusqu'à s'extirper du bâtiment par une éventration, si cet enfoiré là n'était plus, il en demeurait un bien armé qui continuait de jouer avec le Meidan et qui ne comptait pas le laisser filer. Elle allait devoir le prévenir que la voie était libre si elle voulait qu'il puisse bouger. Elle continua de longer la façade, protégée du ciel et de ses éclats par des toitures affaissées qui ne demandaient plus qu'à s'effondrer. Lorsqu'elle en parvint à la terminaison, elle pu voir jusqu'à la sueur qui s'écoulait du front de l'homme bleu. Elle plaça ses mains autour de ses lèvres pour mimer un tube et faire porter plus loin sa voix.

- Eh ! lorsqu'il leva ses yeux mordorés dans sa direction, elle lui fit signe de sortir son cul de là Bouge !

Il allait devoir lui accorder un peu de sa confiance s'il ne voulait pas se transformer en gruyère, c'était peut-être beaucoup demander au vue de la situation et de ce qu'elle était aux yeux de tous, pour autant les nouveaux trous béants qui venaient de s'inscrire dans la taule ne lui laissaient plus guère le choix.


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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeDim 19 Aoû - 11:41



Lames et balles fusaient en tous sens, centaines de projectiles mortels dont la trajectoire, invisible, ne s'interrompait brusquement qu'une fois le premier obstacle rencontré, parfois au second mais rarement au delà. La majorité du temps, il ne s'agissait que de vieilles tôles rouillées, des planches de bois ou de plastiques devenues raides à force d'exposition à un soleil brûlant, parfois aussi une malheureuse bouteille de verre poussiéreuse, mais en de rares occasions également, le corps encore vivant de hères fut un temps, ou encore à l'instant, fiers rebelles et guerriers.

La première minute fut la plus sanglante. Les hommes et femmes surpris dans leur occupations oisives subirent prioritairement les conséquences meurtrières d'une inattention de quelques instants. Les plus chanceux essuyèrent des coups considérés comme non mortels ou au contraire, trépassèrent instantanément. Les autres quant à eux durent supporter la souffrance innommable d'une plaie profonde, dégoulinante déjà d'hémoglobine suintante, une artère, un poumon ou un organe tantôt tailladé, tantôt perforé, promesse d'une mort lente et douloureuse à venir.  
Ningal fut l'un des rares à passer les cinq premières minutes sans essuyer la moindre atteinte à son intégrité physique, bien qu'il n'y passa pas loin. Son maigre abri criblé des balles larges d'un fusil, il ne devait sa chance soudaine qu'à une étoile bienveillante, et certainement pas à un talent quelconque. Pourtant conscient que celle-ci ne le protégerait pas éternellement, il chercha très tôt une alternative.

Il n'y avait rien à sa droite, si non une large avenue dont le sol autrefois goudronné était désormais recouvert de sable et de poussière souillés du sang de dizaines de victimes. Quelques failles dans le bitume laissaient s'échapper les racines brunes et tiges asséchées d'une nature squelettique mais miraculeusement survivante, plants à l'instant nourris du sérum carmin de tous les rebelles tombés en un instant au combat. Bientôt, un démon les rejoignit, un cornu véloce mais maigrichon qui eu le malheur de traverser la rue alors que le Meidan y dénombrait ses possibilités. D'un geste précis, il envoya l'une des lames dissimulées dans sa botte se figer entre les deux omoplates de l'envahisseur, provoquant chute et trépas. Un assaillant de moins de ce côté si, mais aucune possibilité de fuite.
Ningal se tourna de l'autre côté, là où les vestiges de maisons et de boutiques s'étendaient en un quadrillage complexe de rues et d'impasses.

Un nouveau projectile le fit sursauter, explosant la fenêtre jusqu'alors miraculée située au dessus de sa tête en un millier de lames tranchantes. D'un mouvement du bras, tirant sur sa cape épaisse, l'homme poisson instaura une maigre protection entre les bouts de verres et son propre corps, quelque chose de suffisant bien que, en conséquence, ce fut son avant-bras un instant levé qui subit la déchirure brûlante d'un poignard translucide glissant sur sa chair. Il serra les dents, ravalant sa souffrance pour se préoccuper une nouvelle fois du plus important : sa survie qui, après l'explosion de la benne qui désormais, fondait presque, était plus que remise en cause.
Ses yeux mordorés papillonnèrent d'une rue à l'autre à la recherche d'une issue. Lorsque ce fut la démone qui l'alerta, il leva la tête vers elle et, sans hésiter, il la suivit. La diablesse était en position de l'achever, s'il elle ne l'avait pas fait, il ne pouvait se permettre le luxe d'attendre qu'un autre s'y atèle. Comprenant que la voie fut momentanément libre, il bondit à sa suite, rapide mais aussi discret qu'une ombre, trouvant le maigre refuge d'une ruelle qui, bientôt, serait tout aussi dangereuse.
Même ici, il leur parvenait cri, plaintes, tirs et chocs, le tout rythmé par le flot de musique qu'une enceinte impassible émettait encore joyeusement, peu consciente d'un décalage certain entre ses paroles entraînantes et les corps qui, plutôt que de danser sur le tempo exaltant, s'étripaient impitoyablement. Sur la trentaine de quidams présents à l'entrée du village, il n'en restait peut-être plus qu'un quart encore en vie, et encore moins en état de se battre. Parmi ses sept coéquipiers, quatre avaient survécu, mais seuls deux ne s'en sortaient pour le moment sans heurt. C'était un bien maigre chiffre pour faire face à une armée de démons acharnés et implacables au chiffre comme à la position toujours inconnus.

La principale menace relevait des armes à feu. Les tireurs, éloignés du champs de bataille, avaient l'avantage de la hauteur et de la discrétion, c'étaient eux qui faisaient le plus de dégâts.
Le rebelle, tout en filant à travers la petite rue, jeta un coup d'oeil aux hauteurs percées des habitations. S'il voulait atteindre l'un des démons snipers, il lui faudrait lui même prendre en altitude. Oubliant sa décision de trouver une position sûre, il céda à l'idée d'une position avantageuse et brusquement, vira à droite, sans se soucier ni prévenir la femme qui venait de l'interpeller pour le sortir d'une mauvaise passe. D'un coup d'épaule, il dégonda la porte clause d'un magasin de jouet qui, aux vues des cendres et des brûlures, avait été joyeusement carbonisé, pour pouvoir le traverser et accéder à un escalier qui le mena, très vite, jusqu'au troisième étage du bâtiment en ruine. Le sol, un plancher plus craquant que le dos d'un vieillard, émit un bruit sourd et peu rassurant au premier de ses pas, puis à plusieurs autres. Il se brisa une fois sous son poids sans pour autant que le bois déchiré ne l'entraîne dans sa chute et au contraire, Ningal put traverser le couloir sans nouveau problème jusque atteindre une fenêtre qui lui donna un point de vue idéal sur la rue attaquée ainsi que sur l'horizon, percé des tours qui abritaient les démons.

A cette vue, le Meidan se raidit.
S'il n'y avait que deux cornus armés de fusils de précision, une vingtaine d'autre approchait, à pieds ou montée sur d'autres créatures venues droit des enfers, l'arme au bras et la hargne aux lèvres.
Si aucun rebelle ici présent ne retrouvait la foi de se battre, si les autres, réfugiés à l'autre bout du village, ne se magnaient pas d'intervenir, ils allaient tous y laisser leur peau. Alerté par la situation qui s'avérait encore plus désastreuse qu'elle ne l'était actuellement, il se saisit du talkie-walkie accroché à son épaulière pour communiquer l'angoissante vision d'horreur à son chef resté combattre au sol.
Ningal ne reçu aucune réponse de l'appareil, mais déjà, de nouveaux ordres fusaient, prononcés d'une voix si puissante qu'elle lui parvint même à dix mètres du sol, au dessus de la musique.

L'homme à la peau bleuté n'hésita pas. Il attrape son arme à feu et, positionné à l'abri des regards, prit pour cible la silhouette massive qui se découpait à une centaine de mètres de sa position, un peu plus haut.
Il toucha dans le mille. Une seconde plus tard, la carcasse imposante de l'Infernale basculait en arrière.
Au suivant.  
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeDim 19 Aoû - 18:46
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Précipitée par l'envie d'échapper à une toiture qui s'affaissait toujours davantage, de nouveau à chaque rafale ennemie, la démone bifurqua sur la gauche sans se soucier un instant du rebelle auquel elle avait épargné l'assurance d'une mort imminente. Elle s'accrocha à la façade faire de plâtre pour tourner avec plus de vélocité, et continua de courir jusqu'à atteindre le fond du bâtiment, puis de la ruelle. Lorsqu'elle eut atteint la terminaison de son parcours, les ruines derrière elle s'effondrèrent et un gigantesque nuage de poussière l'éleva dans les airs.
Elle ne prit pas le temps de s'arrêter ou même de réfléchir, il était nécessaire d'éliminer le plus de démons possible et, si elle avait été prévenue grâce à son ouïe que l'homme avait emprunté un chemin différent, ses yeux lui apprirent qu'il avait trouvé un perchoir pour éliminer les tireurs embusqués quelques instants à peine après son départ. Ningal était bien caché, la preuve en fut qu'elle ne parvint pas une fois à le trouver, mais le cadavre qui s'écroula d'un promontoire était largement significatif.

Profitant parfois des ombres comme de la foule, l'infernale achevait le moindre démon qui s'approchait trop d'elle où de l'un de ses alliés, lorsqu'elle pouvait aider. Jouant de la langue acérée de sa lame, elle tranchait artères et poignardait les chairs dans une danse sanglante à laquelle elle ne savait même pas prendre goût. Au détour d'une maison, alors qu'elle en faisait le tour pour tenter d'atteindre un ennemi, sa corne gauche se plongea dans le tissu de la capuche qui voilait l'entièreté de sa tête alors qu'une main l'avait saisit fermement. Attrapée au vol, attirée sur le côté, la jeune femme n'eut d'autre choix que de suivre le mouvement de son corps qui retomba lourdement dans la poussière et les débris. La main agita l'os toujours bien accroché à sa tempe, et l'homme qui se révéla lentement à elle lui sourit d'un air tout à fait carnassier.

Elle l'avait perdu de vue dès le début de l'échauffourée, le lycan avait simplement disparu et même si elle le haïssait, elle avait au moins espéré qu'il se révéla être un guerrier agressif. Désormais devant lui, elle ne su dire s'il s'était réfugié là tel un pleutre ou s'il avait éliminé son lot d'engeance dans le coin sombre de ces ténèbres, tout ce qu'elle remarqua fut l'absence flagrante de cadavre démoniaque. Vraisemblablement, il s'apprêtait à faire d'elle sa première victime, et cela résidait l'entièreté de son désir.
Elle gronda à son encontre, montrant les crocs.
Au delà du fait qu'elle détestait que les quidams touchent à ses cornes, c'était son geste qui lui déplaisait. Elle avait mieux à faire que d'essuyer encore davantage de haine de sa part, elle avait un combat à mener, à sa place à lui.
Elle n'eut pourtant aucunement le temps de se redresser que la bête s'affaissa sur elle après que son corps se soit tordu violemment. Le coup de feu qui avait retenti dans son dos avait certes été salvateur, mais la créature qui portait l'arme quant à elle lui empêcha de penser qu'elle venait d'être sauvée.
Le démon qui se révéla pourtant avait cru bien faire, il était jeune, ses cornes encore courtes, un enfant dans une guerre qui n'était pas la sienne, et elle se demanda ce qu'il était venu foutre ici. Il s'approcha pour lui porter assistance, mais son cadavre rejoignit le précédent lorsqu'une balle le percuta en pleine cage thoracique.

La rebelle ferma les yeux, détourna la tête. Elle s'approcha du corps sans vie du garçon afin de clore ces paupières qui laissaient apercevoir deux prunelles azur effarées, elle aurait voulu pouvoir l'épargner, mais n'avait nullement le temps d'essayer de le raisonner, de lui dire de fuir et, plus que ça, elle ne pouvait pas fermer les yeux sur la menace qu'il représentait.
Le regard empli d'autant de rage que de peine, elle retourna à la bataille, extermina son lot d'engeance avec toute la férocité qui bouillonnait en elle, sans même avoir conscience qu'un bataillon plus grand, avec davantage de ressources, s'approchait dangereusement de leur position.

La moitié des rebelles d'ici était soit tombée au combat, soit trop malmenée pour espérer continuer de se battre. Ce que l'infernale ne comprenait pas pourtant résidait dans le fait qu'aucun renfort n'ait été demandé. Cela faisait vingt bonnes minutes que l'assaut avait débuté, au moins, et les patrouilles qui circulaient d'ordinaire un peu partout à moins d'une heure d'ici étaient légions. Certes, aucune d'entre elles ne s'aventurait jamais si loin, mais en forçant un peu, n'importe qui aurait pu être ici à temps.

Elle ne voyait plus le reste des rebelles depuis quelques minutes, seul l'homme poisson semblait avoir gardé sa position. Elle ne s'en formalisa malheureusement pas, loin de se douter de ce qui se préparait et contourna une rue en passant derrière les bâtiments pour échapper aux tirs de suppression.
Le talkie-walkie se mit à grésiller, une voix forte s'en extirpa, aboyant des ordres à qui voulait bien les entendre.

- O... se replie ! ....'autres démons appr...chent.... pas assez nombreux.... ....gnez vous !

Les natifs et la félonne, au contraire des Nailites restants, n'eurent pas accès à l'information, tous loin de disposer de dispositifs qui aient pu leur permettre de communiquer.


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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeLun 20 Aoû - 17:43



Se replier ? C'était leur unique alternative en effet, fuir, et prier que leurs assaillants ne les rattrapent pas. Ainsi montés, les dizaines de guerriers infernaux n'auraient aucun mal à rejoindre un peuple ralenti tant par ses blessures que par la faiblesse de ses propres jambes. Néanmoins, il fallait essayer, tenter le tout pour le tour car se cacher n'était pas une meilleure solution. A la fois pillards et meurtriers, les démons auraient profité du vide pesant du village pour explorer et dérober biens et possessions, découvrant ainsi les traces et empreintes que la précipitation n'aurait en rien effacé. Les rebelles planqués auraient étés rapidement découverts, et plus vite encore exécutés, transformant le hameau insouciant en une immense scène macabre. Enfin .. encore plus macabre qu'elle ne l'était désormais, la terre déjà nourrie du sang vital des dizaines de morts et de blessés qui s'accumulaient au milieu de la route et les corbeaux tournoyant bientôt au dessus de l'avenue, impatients de remplir une panse asséchée par l'aridité du désert.
Ningal n'était pas de ces guerriers obsédés par la guerre, exalté par les crimes et le meurtre. Il n'eu jamais le moindre mal ni à entamer, ni à achever un combat, il n'était pourtant pas de ceux à se lancer corps et âme dans une bataille perdue d'avance et de ce fait, il approuvait la décision d'Azol. A un détail près.

Le canon de son fusil pointé sur la seconde tour d'où un cornu massacrait à distance les civils, l'homme poisson se permit un tir précis, qui fit mouche, avant d'émettre une interrogation au micro de sa vieilles radio.

- Et les natifs ?
- Tant pis pour eux.

Inutile de discuter. Le Meidan était assez sensé pour savoir d'abord que son chef n'en démordrai pas, mais aussi que celui-ci pourrait être mis en danger à force de s'obstiner à répondre négativement aux requêtes du soldat, qui altéreraient son attention.
Ningal serra les dents.
Faisant fit de l'ordre sous-jacent à son refus, il se redressa. Un instant, son regard se porta sur la troupe qui marchait d'un pas vif vers leur direction. D'ici, il pourrait en atteindre quelques uns, mais cette initiative risquerait, plus que de sauver un peuple, de précipiter son trépas.
Plutôt que de tirer, il se saisit de son arme et se précipita en bas. Connecté aux enceintes il espérait trouver un appareil capable d'amplifier le timbre de sa voix et ainsi, d'alerter l'ensemble de la ville.

Ses pas précipités, il bondit par dessus les crevasses qui perçaient le parquet de dizaines de petits précipices, puis il dévala l'escalier. Une fois dehors, il profita de la surprise d'une démone belliqueuse pour lui trancher la gorge et il fila jusque la première caisse de résonance, sans même se soucier de ce qu'il adviendrait de la carcasse gargouillante qu'il venait de taillader.

Décidément, sa bonne étoile ne l'abandonnait pas.
Branché par un câble rongé, un téléphone à peine chargé faisait slamer un compositeur oublié. Coupant net la musique, le rebelle chercha un moyen d'enregistrer puis de diffuser un message en boucle. Il y parvint.
Les quarante secondes nécessaires à l'exécution de ces différentes étapes lui parurent durer des heures. Il s'agissait de quarante secondes perdues pour fuir, mais c'était mieux que rien, car désormais, l'alerte était diffusée à la puissance maximale à des centaines de mètres. Ningal ne pourrait pas faire mieux, et lui-même devait désormais déguerpir.

Il aurait pu y parvenir si une balle n'avait pas soudainement ricoché sur le métal anciennement noir qui protégeait la carlingue du véhicule dans lequel il était installé. Le tir manqué lui fit relever la tête sur un démon tout sourire, l'une de ses cornes brisée et l'épaule souillée du noir sanguin qui devait s'écouler d'une plaie.
La créature, vue de son siège, semblait gigantesque. Une bête musculeuse haute de peut-être deux mètres cinquante, son bras droit levé à l'horizontale pour pointer sur le rebelle un glock chargé et sa main gauche refermée sur une hache massive qui devait être aussi lourde que tranchante.
Ningal était prit au piège. Installé derrière une vitre miraculeuse, le siège passager inaccessible tellement il s'y accumulait nombre de choses encombrantes et la portière gauche promesse d'une mort certaine une fois à découvert, il ne lui restait plus beaucoup de solutions. Il attrapa son fusil et, toujours à l'intérieur de l'habitacle, le pointa sur le torse nu de l'infernal.
Ningal tira aussitôt, de même que son ennemi. Le recul de son arme, alors qu'il ne pouvait correctement l'encaisser dans cette position, lui fit violemment percuter la crosse - ou la crosse le percuta violemment, à vous de voir - tandis que sa seconde épaule encaissait le projectile de son assaillant. Les deux douleurs simultanées lui arrachèrent un grognement, tandis que le démon lui mit pied à terre. Pouvait-on dire que le score était à un partout si l'une des blessures étaient à l'épaule alors que sa concurrente en pleine gorge ? Non, certainement pas.
Profitant de cette accalmie, Ningal s'extirpa du véhicule et fit quelques pas sous le soleil brûlant. Ses coéquipiers avaient déjà fuit, la panique commençait à saisir les survivants qui, d'abord lentement mais de plus en plus précipitamment, sortaient de leurs refuges.
Le rebelle héla les premiers, confirmant leurs craintes d'une palabre, sa main appuyée sur la plaie suintante.

- Fuyez pauvres fous !
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeSam 1 Sep - 22:36
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La félonne valsait de démons en têtes cornues, badinant au gré des gorges qui s'offraient à sa lame assoiffée de sang noir. Lorsqu'elle ne tranchait pas, elle heurtait violemment les uns, les autres, et ses alliés également, faute de place, ou d'un endroit sûr dans lequel se réfugier. Elle entretenu la danse aussi longtemps qu'elle en fut capable, tâchant de protéger du mieux qu'elle le put les rebelles qui combattaient vaillamment à ses côtés. Elle fut témoin du trépas de nombreux d'entre eux, cependant que trop de nouveaux ennemis se présentaient au combat.

Les affrontements s'éternisèrent, les démons ne semblaient que gagner en partisans, comme en force, et ce malgré les pertes que leurs rangs essuyaient. Tentant d'échapper aux balles d'un énième tir, la jeune parjure s'effaça au détour d'une ruelle, bifurqua sur la droite alors même qu'un assaillant se lança à sa suite. Une lame se logea entre les omoplates du félon, comme sortie de nulle part, et assura la survie de la fuyarde.
Les odeurs du sang et des larmes, de la poussière et du désespoir, chacun se mêlaient en un tout pesant, et bientôt une voix s'éleva du coeur de ces ténèbres. Elle s'éleva si haut que tous les guerriers purent l'entendre, les plus près d'abord, les plus lointains ensuite, pourtant le brouhaha des luttes acharnées empêcha à la mise en garde de parvenir jusqu'aux oreilles de certains qui périrent dans l'ignorance.

Le trouble dans la voix qui s'infiltra jusqu'à son esprit renseigna la démone sur l'état de la situation, l'information qui suivit la fit se figer sans qu'elle ne put finalement décider de se mouvoir malgré les ordres que transmettait son cerveau à ses membres. Une horde de diables s'approchait de leur position, armée pour un anéantissement au moins, prête à décimer tous les survivants encore en lice qui résidaient toujours dans cette gigantesque arène faite de maisons éclatées et de rues poussiéreuses que représentait le village. Ce qui l'empêcha toutefois de bouger une fois la stupéfaction passée, fut le fait de sentir la promesse d'une tempête menaçante proche hérisser les poils à la base de sa nuque. Elle tourna la tête dans la direction dans laquelle elle sentit l'orage s'annoncer. Il était terrifiant et sa puissance était certaine d'être ravageuse. Le cyclone, une fois tout proche, réduirait à néant chacun des vestiges encore debout ci bas, et emporteraient les âmes restantes des damnés blessés, qu'ils fussent rebelles ou non.
Prise de court, la félonne se précipita en arrière, contourna la façade seule qui la séparait du reste de la riflette et s'engouffra dans la bataille. Elle esquiva quelques coups, du contrer une attaque et essuyer plus tard l'assaut d'un ravageur furieux qui lui asséna la morsure de son sabre et ainsi lui transperça le flanc. Pour réponse, elle lui planta sa dague au sommet du crâne après avoir grogné, puis repris sa course en direction du haut parleur.

Elle vit de loin l'homme poisson s'extirper des affrontements et comprit bien vite qu'il fut à l'origine du message, elle ne put pourtant prendre le temps de l'aborder car l'information qu'elle transportait était pour le moins aussi urgente que la sienne le fut, et il était primordial de la transmettre sans délais.
Elle se saisit du portable et enjoignit ses pairs à cesser les combats le plus rapidement possible, de sorte à ce qu'ils purent fuir et atteindre sans échéance aucune les abris les plus proches, solides de préférence, la tornade approchait. Ce fut sans prendre le temps de constater de la bonne réception de son message qu'une fois de plus la jeune femme se précipita dans la foule à la recherche cette fois de la terminaison de la ville dont les rues étaient déjà toutes jonchées des cadavres de soldats venus d'origines et d'autres. La danse reprit, elle fut contrainte d'éliminer son lot d'engeance sur le chemin, perdit du temps à lacérer l'envahisseur, l'obligeant à se départir de bon nombre des siens.



La tempête les prit tous en traître.
Elle s'engouffra sauvagement dans chacune des ruelles, balaya sur son passage le moindre hère qui y stagna encore, percuta de plein fouet les ruines demeurant dressées et avec elles tout ce qu'elles contenaient encore. Les corps s'envolèrent malgré eux, s'élevèrent parfois haut dans le vent, les réfugiés eux mêmes ne purent pour certains pas échapper à la violence des impacts et leurs âmes partirent de fait rejoindre le néant.
La cornue fut partiellement protéger le temps d'un instant. A l'abri d'un escarpement rocheux, elle attendit le meilleur moment pour courir et se rendre jusqu'à un trou qu'elle vit se dessiner plus loin. La falaise était fouettée par la férocité des bourrasques, innombrables furent les hommes à venir s'écraser contre sa rudesse. Un coup de feu vint déchirer la force assourdissante du simoun, et plus loin une masse sombre s'épancha sur le sol rugueux. De par sa carrure, la silhouette difforme lui sembla appartenir à un démon, mais lorsque le capuchon fut contraint de se soustraire à la tête vierge qu'il dissimulait, sous la violence d'un courant d'air atroce chargé de particules de terre sèche, le bleu de la peau de l'homme dont l'image se dessina dans son esprit fit prendre conscience à la jeune femme qu'il ne s'agissait aucunement d'un ennemi.

Elle serra les dents, c'était prendre un risque ridicule que de se lancer dans le sauvetage d'un être qui n'aurait jamais mis sa vie en jeu pour elle si leurs rôles avaient été inverses, d'autant qu'au vue de la lourdeur qu'avait emporté son corps, il devait être mort. Sa propre vie, elle la lui devait pourtant, elle n'oubliait pas son intervention de plus tôt et ce fut donc pour cette raison qu'elle s'élança à son aide malgré la dureté des bourrasques qui lynchaient les terres mornes de ce désert. Le sang qui petit à petit colora la sécheresse du sol, il la força de fait à presser le pas. Elle ne pénétra cependant ladite bourrasque qu'après avoir glissé sur son visage un tissu jusqu'à son nez. Lorsqu'elle fut à sa hauteur, lorsqu'elle l'eut difficilement atteint, elle attrapa ses jambes et tira de toutes ses forces, sans jamais faillir. La démone ignora les projectiles et traîna le cadavre jusqu'à la cavité qui avait attiré son oeil plus tôt, à vrai dire ce trou était leur unique espoir d'en réchapper.
Une fois à l'intérieur, la jeune femme constata avec soulagement que le sable ne parvenait pas à s'infiltrer trop avant dans ce refuge, ou pas suffisamment pour que ce fut dangereux, ni pour elle, ni pour l'autre, mais elle prit tout de même le soin de placer le Meidan au plus profond de la caverne pour qu'il ne fut pas la cible de quoi que ce fut.

Tournée vers l'extérieur, la diablesse ne pivota dans la direction de son suivant pour s'enquérir de son état que lorsqu'elle fut certaine que rien ne viendrait les surprendre. Là, elle constata avec effarement tout le sang qui peignait son corps. Il était passé du bleu abyssal au carmin sanguinolent, une teinte qui ne lui allait pas forcément d'ailleurs. Ce fut motivée par la hâte qu'elle dévêtit le haut de son corps pour faire état de ses blessures, elle ne se préoccupa pas de la force qui dessinait son torse ou ses abdominaux, et plutôt que de baver sur un homme à demi mort, elle s'attarda à essayer de freiner l'écoulement sanguin.
Elle ne fut toutefois pas en mesure de retirer les balles qui étaient venues se loger sous sa peau, et ne parvint qu'à bander ses plaies dans un premier temps, essuyer les balafres et garrotter les plus sévères. Elle estima qu'il survivrait, mais seulement si elle retournait chercher de quoi refermer chacune des perforations les plus graves.


Le Meidan ouvrit les yeux quelques heures à peine plus tard. Assise sur ses talons, la démone continuait de recoudre ses plaies avec bienveillance -sans doute après avoir trouvé de quoi débuter pareille intervention-, en avait cautérisé certaines et faisait en sorte de, davantage que de maintenir en vie le rebelle, soigner celui ci. Son regard ne prenait pas la peine de se perdre sur ses pectoraux nus, la fatigue cerclait ses yeux et la concentration tirait ses traits. Elle n'en démordait pas d'efficacité, de rigueur, comme de précision, les points étaient son affaires malgré qu'elle ne fut pas médecin, car elle avait du apprendre à se recoudre toute seule dans ce monde qui n'avait jamais voulu d'elle.
Une ride sur son front tressauta tandis qu'elle terminait son travail. Elle n'avait ni remarqué le réveil de son patient, ni même pris conscience du regard profond qu'il dardait sur elle. Elle se pencha en avant pour sectionner le fil avec ses dents, puis se redressa, le teint soudainement blême.
De la poussière les recouvrait tous les deux, et le regard de la félonne se nimba furieusement d'un voile opaque. Les perturbations de sa propre vision la firent papillonner des paupières, puis poser la main sur la roche de sorte à pouvoir se maintenir assise. Sa respiration elle même se fit alors tremblante, puis ses iris devinrent finalement laiteuses.

La diablesse ferma les yeux un instant. S'il lui adressa une parole elle ne l'entendit pas, elle ne fit que se relever pour enfin aller s'écrouler un peu plus loin, à quelques mètres de la sortie, là où ses cheveux bleus furent balayés par les bourrasques venues du dehors. Son vêtement était maculé de sang sur tout son flanc, un débris de métal était venu s'y loger, mais jamais elle ne l'y sentit, et ce fut pour cette raison qu'elle ne prit aucunement la peine de se soigner. Le sort du rebelle lui importa plus que le sien, sa résistance la poussa à continuer ses soins sans jamais faillir, mais son corps, loin de pouvoir en endurer davantage, finit par lui faire défaut.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeDim 2 Sep - 12:29



Ouvrir les yeux ne serait certainement pas le geste le plus difficile qu'il aurait à exécuter dans les heures à venir, néanmoins, il fut extrêmement pénible de s'y atteler. Ses paupières semblaient plus lourdes que du plomb, plus raides qu'une planche, comme cousues entre elles pour, à jamais, faire barrière à la lumière extérieure jugée trop agressive pour ses prunelles fragiles. Ses yeux eux mêmes ne semblaient pas prêts à faire face au monde qui l'avait voilà quelques instant si malmené, car même nourris d'images et de séquences mobiles, ils furent incapables d'y déceler davantage que de sombre silhouettes, des marbrures et pigments irisés, un amalgame d'ombres et de lueurs qui ne trouvèrent aucun sens avant que ses paupières n'aient, par quatre fois, papillonées dans l'espoir d'ajuster sa trouble vision.
Enfin, Ningal pu définir ce qui était alors penché sur lui, mettre un nom et une raison aux sensations qui, depuis son réveil brumeux, venaient chatouiller son épiderme asséché, percer et transpercer inlassablement sa chair d'un fil désagréable ou la brûler d'une lame chauffée à blanc, impitoyablement, sans qu'il n'en ressente clairement ni la douleur, ni les bienfaits. Une femme était là, courbée sur son corps qu'il savait inerte, les traits soucieux et les doigts agiles, concentrée sur un labeur complexe qui avait certainement dû être responsable de sa survie, appliquée et consciencieuse sur un acte de chirurgie qui aurait pu pour autant signer son arrêt de mort. La félonne, dont les mèches bleues si particulières avaient très tôt trahi l'identité, était autant réputée pour son implication désintéressée au sein de la garde Nailite que pour sa présence indésirable, de ce fait le Meidan n'aurait été capable à l'instant de déterminer si elle agissait à l'instant pour ou contre son camps, car lui même incapable de déterminer si elle était alors en train de s'atteler à recoudre des plaies qu'il eu accumulés lors de ses confrontations passées avec l'engeance démoniaque ou s'il elle pratiquait une perverse vivisection. Qu'il se soit agit de l'un ou de l'autre néanmoins, il n'aurait pas été fichu de s'y opposer, car de nouveau, le fait pourtant si simple de garder les yeux ouverts lui fut d'une difficulté inénarrable.


Le soldat avait du reperdre conscience un instant, car lorsqu'il revint à lui, sa bienfaitrice tortionnaire s'était éloignée, délaissant alors une épaule sanguinolente au profit d'une cuisse qui n'était pas dans un meilleur état. Autant Ningal se souvenait de ce qui avait été responsable de la plaie inscrite dans son deltoïde sculpté, autant le reste demeurait flou, troublé par la puissance de bourrasques implacables qui n'avaient eu de cesses de lui envoyer terre et poussière au visage, l'aveuglant autant que l'affaiblissant. Si le Meidan n'aimait déjà pas les déserts, il n'appréciait encore moins les tempêtes, les grains de sable et la chaleur étouffante qui fouettaient sa peau assoiffée, martelant encore davantage ses sens et ses faiblesses d'un handicap qui n'alla qu'en s'aggravant à mesure que les secondes s'égrenèrent. Désormais protégé du gros de la tornade, il demeurait blessé, impuissant et presque aussi sec que le roc contre lequel il était appuyé, son corps depuis trop longtemps offert sans protection à l'aridité d'un air qui ne lui apportait pas la moindre molécule d'eau salvatrice. Des écailles avaient commencées à réapparaître sur son épiderme d'un bleu devenu terne, maigre protection, ainsi que des branchies qui relayaient nez et bouche dans l'espoir de capter davantage d'humidité, en vain. Le poisson se desséchait, et s'il ne crevait pas de ses blessures, il le ferait de déshydratation. Un trépas si peu héroïque pour un soldat qui rêvait de donner sa vie pour une cause noble, en combattant démons et cornus pour le bien d'un peuple qui ne l'acclamerait même pas, certainement pas en fuyant la colère divine d'une nature impulsive.
C'était tellement ridicule qu'il aurait pu en rire, il n'en eu même pas la force. Au contraire, il entrouvrit les lèvres et fit une premières tentative pour parler. Seul un sifflement rauque s'échappa, tout aussi stupide, et quand enfin il articula quelques mots, ceux-ci se perdirent dans le fracas du vent sur les parois sans jamais sembler atteindre les oreilles de la démone qui s'épuisait à la tâche.

Lorsqu'enfin, l'innommée se redressa, l'homme poisson cru qu'elle eut compris sa prière et que enfin, elle concédait à lui apporter la gourde d'eau qui devait reposer avec ses affaires. Ningal ne se souvenait pas avoir perdu ni son arme, ni ses ceintures, si c'était la belle diablesse qui l'en avait dépossédé, elle serait alors en position de les lui rendre. Mais elle n'en fit rien, et après trois pas, elle s'effondra sans plus de manière, le laissant spectateur pantois, étourdi par l'amer comique de la situation. Si sa bonne étoile l'avait un temps suivi et protégé, désormais, elle se foutait de sa gueule, car ce n'était pas le moment pour sa sauveteuse de s'effondrer. Sans eau pour l'hydrater, elle n'aurait fait que prolonger son agonie en s'obstinant à le soigner.
Le garçon murmura un "Fait chier " tout aussi inaudible que ses autres paroles et se lança alors dans la folle entreprise de se débrouiller par lui même. Si d'ordinaire, le rebelle était un homme plutôt indépendant, il eu tout le mal du monde à faire quoi que ce fut seul. Se redresser s'avéra plus complexe que de se forcer à garder les yeux ouvert, et mille fois plus douloureux. Son corps était raide, lourd, désagréable à porter ou à mouvoir. Ses muscles semblaient se figer à mesure qu'ils s'asséchèrent, c'était comme s'il était à moitié mort finalement, car il se sentait aussi rigide que de froids cadavres abandonnés là voilà des jours. Sa respiration elle-même était de plus en plus laborieuse, car l'air qui pénétrait à mesure dans sa trachée lui brûlait les muqueuses, irradiait ses poumons. Certains Meidans vivaient sans trop de difficultés hors du domaine aquatique, d'autres avaient eu le malheur d'avoir une condition vraiment à chier.

Un coup d'oeil une fois hissé sur ses deux pieds apprit au rebelle la raison de l'effondrement soudain de la démone. A vrai dire, de sa couche jusqu'au corps s'étendait une traînée carmine qui allait grossissant à mesure que le sang qui s'échappait d'une plaie encore invisible s'évacuait. Il sembla inconcevable au blessé qu'elle ai pu consacrer tant d'énergie à le sauver sans jamais s’enquérir d'elle même mais il ne put que constater la véridicité de cette dévotion. Lui même ne serait pourtant pas capable de faire de même, car s'il n'avait pas une gorgée humide dans la minute, il ne pourrait même pas se traîner jusque la pâle carcasse qui semblait tendre un bras suppliant à la lumière brûlante qui pénétrait par l'orifice de leur refuge.
Ningal se dirigea en premier lieu vers le tas de vêtement entreposé à moins d'un mètre. Il vida la moitié de sa gourde miraculeusement pleine et recouvra instantanément à la fois sa souplesse, à la fois la douleur qui irradiait de la moindre de ses plaies. Il grogna, encaissa le choc et bientôt, se tourna pour rendre à son ennemi la pareille.

Il n'était pas aussi doué qu'elle. Si le rebelle avait longtemps eu à encaisser même acharnement et même solitude que la paria cornue, lui n'avait jamais pris le temps de correctement bander les coups et les taillades qu'il eu toujours essuyé. Son corps était résistant, ses écailles plus solides que la peau fragile d'un humain, il avait apprit à en jouer pour se protéger, talent que nombre de ses confrères avaient délaissé car davantage intégrés au peuple raciste que représentait l'humanité. Il était donc bien moins bon chirurgien, mais ses quelques connaissances seraient suffisantes pour en venir à prouver sa reconnaissances à la diablesse dont il se méfiait pourtant toujours autant. A vrai dire, il n'agissait que par souci de bonne conscience, il n'aurait pas souhaiter côtoyer un cadavre tout le temps que durerait la puissante tempête, pas plus qu'il n'aurait voulu vivre avec le souvenir d'une traîtrise égoïste. Ningal avait toujours agit pour la justice, la jeune femme ne lui avait fait jusque là aucune crasse, il se devait alors de lui rendre pareille considération. Il regretterait plus tard si besoin.

Ainsi, une heure plus tard se retrouvèrent-ils dans la même position, l'un penché sur l'autre, le médecin de fortune consciencieux et préoccupé, le mourant inconscient et à demi nu, abandonné aux mains trop inexpertes d'un hère qui, pour une fois, se décidait à le traiter comme un égal plutôt que comme un intrus. La seule différence s'illustra lors du réveil de la patiente, qui attira immédiatement l'oeil de l'homme poisson déjà a nouveau assoiffé. Il ne pipa mot jusqu'à ce qu'elle cherche à se redresser, peu loquace mais contraint d'y céder sinon quoi il crû que la jeune femme n'en vienne à détruire tout son travail.

- Restes couchée, tu risquerais bien de finir avec une aiguille dans le ventre sinon.

Le garçon respirait fort, sans le voir on aurait pu croire à un homme agonisant. L'une de ses plaies s'était remise à saigner, mais ce n'était pas ce qui le préoccupait le plus, pas plus que sa difficulté à inspirer puis expirer décemment. Seule comptait à l'instant la plaie qu'il finissait de bander.
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeDim 2 Sep - 13:55
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C'est en serrant les dents que la jeune femme jura. Allongée sur le dos, sur la rugosité et l'inconfort d'un sol caverneux, son premier réflexe fut celui de tenter de se redresser. Elle ne gardait qu'en souvenir la brusque venue du néant, et désormais qu'elle se retrouvait à la place du mort, elle parvenait seulement à recoller les morceaux épars dans sa mémoire, petit à petit.
Elle eut beaucoup moins de mal à ouvrir les yeux, ou ne fut-ce qu'à se mouvoir dans la pénombre qu'offrait l'ambiance austère de leur refuge rocailleux, que l'homme qu'elle avait gracieusement sauvé à peine une heure plus tôt. Elle tira malheureusement sur ses abdominaux pour tenter de se pencher dans l'unique espoir de retourner en position assise, mais fut contrainte de demeurer dans celle d'alors, la douleur irradia dans l'entièreté de son corps, un gémissement s'extirpa d'entre la volupté de ses lèvres charnues et le temps de quelques secondes, la démone referma ses paupières sur deux yeux qui n'en démordaient pas de blancheur. Lorsque le trouble qui conduisit sa vision à se voiler s'effaça, la félonne en vint à darder l'étrangeté de son regard laiteux sur le beau rebelle qui patiemment s'occupait d'elle, celui là même qui l'avait déjà épargnée d'un trépas en début d'après midi.

Elle s'obstina à vouloir tirer sur sa blessure sans obéir gentiment aux paroles de son hasardeux médecin. Il l'obligea cette fois à garder le dos contre la pierre, et même si elle grommela d'abord, elle se mit à sourire ensuite.
Son bras vint inscrire un angle au dessus d'elle tandis qu'il se dressait, puis elle posa sa main sur son front, le coude pointé en direction du plafond auburn. Les yeux de nouveau clos, elle ne voyait plus rien du Meidan, la seule chose qu'elle ressentait résidait dans les soins que le garçon continuait de s'évertuer à lui prodiguer. La douleur que lui infligeait l'aiguille ne la fit jamais se départir du rictus qui barrait son visage, elle songeait au ridicule de la situation, il se présentait comme son ange gardien alors même qu'il n'éprouvait aucune confiance pour elle, et elle savait que tout ce cinéma ne résultait que de son désir de ne pas côtoyer la puanteur d'un cadavre démoniaque pour les jours à venir.

Ce fut l'odeur du sang qui la tira de sa constatation amusante, et ce ne fut pas le sien qui l'attira mais bien celui de son compagnon. Elle utilisa son bras pour prendre un semblant d'élan, le lança vers l'avant pour inscrire un mouvement, puis un second qui lui fut semblable à l'aide de sa jambe gauche. Elle entendit l'autre grogner et le fit avec lui de concert alors que la douleur la poignardait à l'endroit même où sa plaie tranchait sa peau. Elle n'en fit rien et après s'être appuyée sur son coude droit, la félonne poussa sur son bras pour s'asseoir.
Elle balaya les ordres du rebelle d'un silence préoccupé qui agaça l'homme sans doute, mais peu lui importa sur le moment, sa blessure était moins importante, les siennes plus urgentes à traiter, il parvenait à peine à tenir sur ses fesses tandis qu'elle attribua son propre évanouissement à un coup de mou relatif. Devant l'opposition qu'elle rencontra, elle n'accorda qu'un nouveau sourire qui fut suivit d'une grimace lorsque finalement elle se hissa maladroitement sur ses deux jambes.

- Ferme là, tu pisses le sang.

Sa jambe droite, ceinte jusqu'à la hanche d'une égratignure conséquente, la lâcha cependant qu'elle tenta d'atteindre ses affaires. Elle trébucha à peine et força son corps à suivre le mouvement imposé par ses choix. Devant son sac, sur lequel reposaient d'ailleurs ses vêtements dont une certaine personne l'eut départi quelques instants plus tôt, un fait qu'elle ne remarqua qu'alors qu'elle avait le nez dessus, la démone souleva tissus trempés de sang et armes jusqu'à atteindre les biens qu'elle était venue chercher.
Une fois de retour près du rebelle, la diablesse l'obligea à s'asseoir contre la façade rugueuse. La peau de son torse s'asséchait au fil des secondes et présageait qu'elle ne pourrait pas le soigner s'il continuait de se transformer en poisson pané. Elle fronça les sourcils au moment où il se saisit de son poignet, comme pour la faire cesser, mais même de maintenir sa poigne il en était incapable.

- Laisse toi faire, je m'occuperai de mes blessures après.

Elle ne lui laissa pas le choix de lui accorder une liberté d'action qui fut totale. Désormais tranquille de pouvoir intervenir à sa guise, la paria attrapa sa lame et la fit brûler de quelque manière que ce fut. Cautériser la plaie demeurait à l'instant le meilleur moyen de résoudre le problème des épanchements sanguins, d'autant plus depuis qu'elle avait constaté que son patient était, tout comme elle d'ailleurs, incapable de tenir en place docilement. Elle marqua sa peau de la brûlure de son poignard sans même lui avoir offert un instant de préparation, il était urgent de faire au plus vite, et elle estima qu'il en avait vu d'autres.
Empreint d'une faiblesse maladive, Ningal fut dans l'obligation de garder le siège, et pendant qu'il cherchait à reprendre le peu de contenance que celle qu'il jugeait toujours comme son ennemie lui avait dérobé, celle ci s'occupa de la sécheresse qui faisait se fendre son épiderme assoiffé. Elle attrapa sa propre gourde encore remplie jusqu'au goulot puis plaça son avant bras sur l'épaule du Meidan. Assise à son coté, de biais devant lui, elle était en mesure de laisser s'écouler l'eau et de retenir la cascade comme elle l'entendait, toute proche de lui comme elle l'était. Elle consacra de fait toute sa concentration à l'humidification d'un corps qui ne tiendrait plus éternellement sans l'eau salvatrice que contenait sa large bouteille.
Lentement, elle accorda au flot de glisser sur le bleu d'écailles ternies par une aridité atroce. Sa main libre quant à elle s'employait à étaler la moindre goutte sur l'entièreté de la musculature séduisante, et ses yeux dérivaient de pectoraux en abdominaux tandis que ses longs doigts graciles venaient caresser le tout d'une douceur que l'on se refusait d'admettre à la gent démoniaque.

L'eau nettoya le sang, la sueur et la poussière, s'écoula telle une courte rivière sur toute la hauteur de la force d'un être qui n'en possédait plus une once. Ainsi vulnérable, à demi nu, le rebelle semblait pourtant toujours aussi intimidant malgré sa médiocrité, et sa beauté désormais décelée laissait à sa soigneuse de quoi se perdre.
Celle ci d'ailleurs en vint à se rapprocher du blessé, elle le sentait recouvrer un minimum d'aise et son esprit se faire plus clair autant que son confort lui revenir par bribes. Il contesta du nez, jamais départi de la méfiance qu'il ressentait à son encontre, mais elle n'en fit rien et laissa glisser la douceur de sa main jusqu'à sa gorge pour venir hydrater l'ensemble. Les liquides qui leurs restaient n'étaient pas suffisants pour qu'ils purent se permettre de les laisser s'écouler sans discernement. Ningal était à peine bon à garder les yeux ouverts, s'il avait voulu remplir le rôle qu'avait endossé la paria, il eut surement vidé chaque gourde sur son corps et réduit à néant ses chances déjà maigre de survie.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeLun 3 Sep - 19:03



Etaient ils tous deux destinés à sans cesse se sauver la vie l'un l'autre, d'abord à se protéger mutuellement puis inlassablement à soigner les plaies et blessures du second, empirer les siennes propres en s'acharnant en un acte qui n'avait rien de professionnel, puis changer de rôles ? Ils semblaient ne jamais pouvoir en finir, encore et toujours impartis de cette même force qui, à les voir, leur était commune, ce besoin inaltérable de soutenir et aider le moindre quidam dans le besoin, et qu'importait ses frasques et mesquineries passées ou soupçonnées, aucun des deux ne semblait pouvoir s'en empêcher. Lui s'obstinait à recoudre une démone dont personne ne souhaitait dans le camp rebelle et elle même se tuait à vouloir le maintenir d'abord en vie, puis en forme alors même qu'il était de ceux qui la rejeta sans vraiment chercher à la connaître. En somme, une forme d'automutilation stupide, du masochisme injustifié, mais dont pourtant, il était conscient. De ce fait, quand une énième fois la diablesse se fit violence pour se redresser sur ses deux jambes et, quelques instants plus tard, se pencher sur son corps décharné, le Meidan se sentit lever les yeux au ciel. Ce manège l'agaçait déjà, car si d'aucuns cherchaient à mesurer qui eut le plus grand chibre, eux deux concurrençaient le titre de pseudo médecin le plus acharné, et bien qu'il ne fut pas décidé à abandonner la course, la voir elle aussi toujours en lice avait de quoi lui faire serrer les dents.
Qu'importait toute l'attention que la jeune femme pu vouloir porter à tant d'hères ingrats et égoïstes, finalement ce qu'il souhaitait uniquement fut qu'elle ne se décide pas à jouer les Saint Bernard avec lui. Ningal était assez grand pour se débrouiller par ses propres moyens, et assez habitué à être contraint de le faire seul qu'il ne supportait plus désormais que quiconque se pense en position, ou prenne la dite position, de lui dispenser conseils, avis et surtout attention, qu'ils soient amis, connaissances ou parfaits inconnus.

Pourtant, s'y opposer ne changea rien. Le soldat était pieds et poings liés, la belle soignante qui, de nouveau, s'attardait sur ses chairs pour le traiter d'un mal ancré dans ses gênes se voyait sourde à ses protestations, et son corps quant à lui devenaient seconde après seconde plus raide que la précédente, le rendant ainsi incapable d'exécuter le moindre geste. Prisonnier d'une enveloppe charnelle qui ne répondait plus au moindre stimulus nerveux, il dû se contenter d'une maigre autorisation à observer la scène plutôt qu'à celle de s'y impliquer. Et constater la douceur de la paria à son égard n'était finalement qu'un maigre réconfort, autant d'ailleurs qu'un coup d'oeil en rien profiteur attardé sur ses quelques courbes mises à nue. L'homme poisson n'était ni en état ni d'humeur à se rincer l'oeil, et s'il s'avérait qu'en d'autres conditions, il aurait pu prendre plaisir à détailler pareille anatomie, démone ou non, à l'instant il n'en avait pas grand chose à cirer. L'identité et les motivations de cette femme étaient plus préoccupantes que son charme capiteux.

L'eau était un baume dont son épiderme se régalait avec avidité. Les caresses qui suivaient le maigre filet humide qui s'échappait de la gourde faisaient pénétrer avec délice la moindre larme vivifiante et bientôt, le liquide salvateur lui permit de recouvrer un semblant de mobilité bienvenue.
Son premier geste ne se fit pas attendre.

Ningal leva le bras, celui qui eu l'honneur d'être nourrit et apaisé dès le début de cette - sensuelle ? - séance, plié de sorte à avoir la paume presque à hauteur du visage, du sien comme de celui de la démone méchée de smaragdin. Ce fut d'ailleurs le sien qu'il saisit, brusquement mais sans violence, le bout de son pouce sous sa lippe et le menton de la demoiselle calé entre ses doigts. Ainsi, il lui fit tourner la tête dans sa direction, impérieux, et peu préoccupé par l'idée qu'elle ai pu ne pas avoir terminé ce à quoi elle s'affairait. Les sourcils froncés, l'air bien peu reconnaissant, il parvint enfin à formuler une question, celle là qui brûlait ses lèvres depuis des heures.

- Vas-tu finir par dire ce que tu fous là ?

Il semblait mécontent, comme si son mutisme l'énervait, mais encore fiévreux, chose que l'innommé devait sentir à ainsi le masser, il pouvait tout aussi bien passer pour délirant, peut-être trop expressif pour que l'on ai pu croire qu'il s'adressa à une inconnue, on aurait pu le croire énervé de retrouver une vieille connaissance, alors qu'en réalité le meidan demeurait tout à fait lucide. De ce trouble néanmoins, tout comme de l'image qu'il pouvait donner, il ne soupçonna rien.
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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horlogeMar 4 Sep - 12:03
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Si la félonne ne s'était attendue à aucune gratitude de sa part pour l'avoir gracieusement sauvé d'une tempête qui l'aurait poussé à se dessécher, un pincement vint malgré tout lui chatouiller le coeur devant tant d'impassibilité et même, d'énervement.
Au fond, elle pouvait comprendre sa réaction, elle avait osé espérer qu'il ne fut pas à ce point véhément, raté, pour autant elle ne lui en voulait pas, elle s'était faite une raison depuis longtemps sur les hommes qu'elle tentait par tous les moyens de protéger.

Forcée de diriger son regard droit dans le sien, la jeune femme en soutint la dureté avant de fermer les paupières tandis qu'un soupir s'extirpait d'entre ses lèvres à peine entrouvertes, lourd du ressentiment qu'elle éprouva alors. Elle dégagea la main du blessé d'un bref mouvement de la sienne et se releva. Elle posa la gourde à côté du Meidan avant même de s'être levée complètement, puis attrapa sa lame pour finalement aller s'asseoir à l'autre bout de l'étroite caverne, juste en face du méfiant personnage.
Absorbée par cette nouvelle tâche que fut celle de faire chauffer la tranche de sa dague, la belle n'adressa pas même un regard à l'autre pendant toute la durée de son office, ses yeux pâles sans pupilles observaient patiemment les flammes d'un briquet à demi vidé de son essence éclairer le fer froid dont elle comptait user. Son flanc quant à lui continuait de laisser s'épandre la nécessité d'un sang presque noir dont la couleur, propre aux démons, les mettaient tous deux faces à leurs différences, Ningal était plus humain qu'elle, même physiologiquement parlant. Ce constat était ridiculement peinant et la laissa brièvement amère.

- Je ne te demande pas de comprendre, vous semblez tous en être incapables. Ca peut paraître difficile de croire qu'un démon puisse condamner les agissements des siens, de sa race tout entière, alors je ne parle même pas du fait de l'accepter.

Ils n'étaient pas si différents l'un l'autre, ils avaient vécu, et continuait de le vivre dans son cas, avec une épée de damoclès au dessus de la tête, fille de la peur des humains qui menaçait de s'abattre à la moindre bévue. La félonne n'aurait pas été surprise d'apprendre que Ningal eut pu faire les frais de la même méchanceté dont elle était aujourd'hui encore la victime, mais sa méfiance la contrariait, non pas qu'elle eut pensé qu'il ait pu la comprendre, de ça elle en était convaincue, c'était impossible, ni même qu'elle ait cherché à trouver la moindre forme de soutien chez lui, mais elle avait eut la faiblesse de s'imaginer qu'il eut été suffisamment sensé pour ne pas la faire souffrir du même mal dont il avait été le sujet.
La lame devenue rouge d'un feu incandescent, la diablesse serra les dents et offrit à la brûlure le goût de sa peau grisâtre. Sa tête fut sévèrement cognée contre la roche en réponse à la douleur, comme pour diriger son esprit ailleurs que sur la souffrance de la morsure acide qui glissait lentement sur toute l'étendue de sa plaie. Elle se stoppa à mi chemin, incapable d'en souffrir davantage. L'air dans ses poumons fut exhalé d'un coup, comme si elle avait cessé de respirer durant toute la durée de son affaire, et de nouveau le sang s'écoula par flot du reste de la crevasse ceignant son buste jusqu'à la cuisse, sous le coup de la contraction d'abdominaux solides.

Lui comme elle étaient moins distincts qu'ils ne voulaient bien le penser. Leur vie tout entière pouvait avoir été érigée sur les mêmes bases, la seule véritable différence résidait dans le fait de leurs espèces opposées.

Elle était le feu, lui l'eau.
La douceur effrayante de l'eau était moins considérée dangereuse que l'appétit dévorant d'un feu destructeur. Pour autant, chacun d'entre eux demeurait terrifiant aux regards perplexes des hères de ce monde, à celui des humains notamment. Ils avaient apprit tous deux à se débrouiller seuls, à n'avoir besoin de personne, ils se confortaient même dans leur ermitage stupide, mais Ningal avait sut réussir à se faire une place, tandis qu'elle peinait toujours à se faire accepter d'un camp. Finalement, lui pouvait toujours retourner aux eaux de ses origines s'il en sentait la nécessité, pour elle, c'était différent. Les flammes qui l'appelaient ne laisseraient que braises et cendres de son corps, c'est pour cette raison que la démone demeurait le plus souvent à l'abri des alentours de Naisul, plus proches des rebelles que de ses démons, mais pas intouchable non plus.

Sa respiration se fit silencieuse malgré les tremblements qui s'envolaient de la plupart de ses expirations. Ses lèvres se refermèrent lorsqu'enfin la douleur, non sans s'être éteinte, se fut toutefois moins insupportable. Elle garda sa tête appuyée sur la roche, le menton légèrement relevé, sa vision s'était faite chancelante et même alors que ses yeux étaient toujours reposés derrière deux lourdes paupières, elle ne parvenait à se départir de la sensation toute désagréable qui s'était emparée d'elle. Pour le moment, elle était incapable de continuer.

- On est quittes maintenant... elle fut contrainte de reprendre une bouffée d'air chaud Libre à toi de penser que tout ce que j'ai fait, je l'ai fait avec une idée bien précise en tête. Libre à toi de penser que je joue un rôle.

Insensé aurait été le fait de lui accorder la moindre confiance, mais elle estimait qu'une race ne signifiait rien, les gens étaient davantage guidés par leurs peurs que par un véritable objectivisme, voilà pourquoi tous étaient incapables de la voir autrement que comme une ennemie, et qu'ils se voilaient sévèrement la face tout en se confortant dans l'idée absurde que celle voulant que les démons soient tous les mêmes. Il y avait autant de démons sains que de dragons fourbes, elle en connaissait un bien sympa.
Cette pensée fit naître un sourire sur son visage alors que son esprit divaguait lentement vers les abysses les plus profondes. Elle lutta pour garder la lumière, n'y parvint que de peu, puis finit par rouvrir les yeux alors même que le sarcasme de son sourire s'effaçait.

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MessageSujet: Re: Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. Ningal & X | Deux indésirables pour le prix d'un. 1523541311-horloge
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