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Concessions Difficiles | Seven & Never
AnonymousAnonymous
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MessageSujet: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeDim 11 Fév - 20:40











Concessions
Difficiles


Exister, c'est autant de choix que de hasard. Parfois, la situation est incontrôlable. D'autres fois, tu ne peux que t'assurer d'avoir pris la décision la moins catastrophique.



- Sigma ?

La gamine releva la tête. Son visage était maculé de poussière. Ses ongles étaient noircis par la terre, ses vêtements détrempés par la neige fondue. Plusieurs de ses mèches ébènes s’étaient échappées du chignon strict que Soeur Anadrielle s’était consacrée à faire et chatouillaient désormais son nez rougit.
La croyante s’approcha d’elle. Elle posa deux genoux à terre pour se mettre à sa hauteur puis elle glissa sa main calleuse sur l’épiderme insensible de l’enfant. Ses sourcils s’étaient légèrement froncés, la mine réprobatrice. Du pouce, elle tenta d’effacer les taches brunes qui encrassaient jusque ses oreilles.

- Regardes dans quel état tu t’es encore mise .. Tu n’es pas croyable. Vas faire ta toilette avant que l’on ne prenne le souper. Ca te réchauffera, tu es glacée.

Le souffle qui s’échappait des lippes de la vieille femme était blanc et opaque. Les prunelles smaragdines de l’enfant s’y attardèrent quelques secondes, captivées par le changement d’état brutal de ces petites particules. Le froid la touchait peu, mais d’en voir les effets sur l’homme comme sur son environnement avait quelque chose de fascinant. Sigma sentait l’engourdissement de ses membres, ses lèvres abîmées la dérangeaient : sans cesse, elle glissait sa langue sur la chair meurtrie, inconsciente qu’elle aggravait son cas. Mais elle ne ressentait pas la morsure douloureuse qui saisissait le corps des plus fragiles, ne comprenait pas pourquoi sa propre enveloppe, insensible, tremblait sans discontinuer.

Soeur Clemence semblait attendre une réponse : elle l’apostropha à nouveau, avec dynamisme mais sans méchanceté, la tirant de ses pensées.

- Allez dépêches toi donc !

L’enfant hocha la tête en silence et se remit sur ses pieds, serrant contre son buste la construction de bois qu’elle avait mit tant de temps à façonner.
Protégeant son bien comme son plus précieux trésor, elle accéléra jusque l’entrée du bâtiment où une autre croyante l’attendait, sévère et austère. Sigma ralentit, baissant la tête. Devant la porte, elle frappa ses pieds contre la marche pour se délester de la neige qui agrippait la semelle, puis elle leva le menton vers la dame dans l’attente d’une approbation pour rentrer.
La religieuse tendit une main autoritaire, à plat, paume vers le ciel. La gamine se raidit, le coeur serré, tiraillée entre sa peur et sa possessivité.

- Tu sais que c’est interdit.
- Mais .. C’est moi qui l’ai fait !

La réponse déplut à la religieuse. Elle saisit des frêles phalanges de l’insensible le bateau de bois et le détruisit.



Never ouvrir soudainement les yeux, malmenée par ce rêve et l’alarme qui venait brutalement de se déclencher. Elle inspira profondément pour calmer son palpitant effrayé, puis se redressa retrouver ses repères, quelque peu désorientée.
Le bruit soudain ne relevait pas de la sonnerie d’un réveil mais du klaxon violent du chauffeur qui la conduisait à Ebeleïn. Arrivés à destination, l’homme blasphémait, mû d’une ire propre aux automobilistes, frustré ou énervé du comportement d’un hère qui, vraisemblablement, ne disposait pas de sa dextérité au volant.

La rebelle rappuya ses omoplates contre le dossier et ferma un instant les paupières. La raison de son voyage lui revenait, et avec elle, toutes les questions auxquelles la celeste n’avait daigné répondre. Pourquoi son frère s’était-il réfugié ici ? Que fuyait-il ? Comment expliquer qu’il ait pu être aussi blessé ? Qu’il ait besoin d’autant de vivres. Grand Dieu, il y avait bien suffisamment de quidam affaiblis à Naisul pour se permettre de consacrer tant de denrées à un seul homme, dragon ou non !
Sigma avait fini par baisser les armes, convaincue par le trouble d’une femme qui, plus que de savoir être convaincante, demeurait l’une de ses plus précieuses amies. Elle ne l’approuvait pas pour autant. Elle avait apprit à devenir indispensable à la Caserne. Ses capacités médicales n’étaient plus à prouver, son simple don - pouvait-on appeler cela de la magie ? - pouvait faire des miracles. Elle ne pouvait pas se permettre de partir trop longtemps, ce malgré le répit que l’hiver leur offrait. Au delà de laisser disparaître autant de médicaments, la médecin avait accepté de faire elle-même le trajet jusque la cité sauve. Elle avait opiné en pleine possession de ses moyens, mais Neeve exagérait.

- Je te laisses ici, ou tu veux que je t’emmènes directement à destination ?

La femme balaya le paysage d’un regard. En périphérie de la ville, garé devant une vieille paroisse bien trop ressemblante à celle de son rêve, le métamorphe qui l’accompagnait patientait. Il ne la quittait pas des yeux, un comportement un peu trop appuyé qui, bien qu’il reste courtois, lui semblait mal à propos. La brune secoua la tête en signe de négation et tira sur la poignée de la portière.

- Nan je vais me débrouiller, merci. Je te retrouves ce soir ici ?
- Pas de soucis.

Elle lui rendit son sourire. Même s’il peinait à dissimuler son attirance, il n’avait jamais rien tenté, et elle lui était reconnaissante d’avoir fait le trajet.

L’Insensible quitta la Jeep et s’éloigna après un dernier signe de main. Elle tourna le dos au clocher qui perçait le ciel opaque et faisait tomber sur la terre des milliers de flocons immaculés et elle s’éloigna de la périphérie de la ville.
Sa carte la mena vers un chemin de terre, puis un autre. Elle traversa un cours d’eau gelé, puis pénétra dans les bois qui ceignaient une partie de la région sauve.





Yovoed.




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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeDim 11 Fév - 21:50
Concessions ?



La mort, la guerre, et tout ce qui en découlait, n'était par miracle pas le lot de tout le monde.

Seven moquait les personnes qui, en possession de toutes leurs capacités, se refusaient d'aller donner d'elles mêmes auprès des rebelles, tout comme il le faisait du fait de désirer venir en aide à la cause dissidente. Sa vie n'était pas parfaite, il résidait perdu dans les bois, mais étrangement, cette existence lui convenait dans l'absolu, et d'appartenir à une catégorie d'imbéciles heureux se complaisant dans son ignoble injuste chance ne le dérangeait pas le moins du monde. Pourquoi aurait-il dû s'excuser de vivre sereinement, d'être dans le seul lieu sur cette terre, ou du moins n'en connaissait-il aucun autre, qui ne fut pas en proie, à un moment ou un autre, à l'invasion démoniaque ?

Un loup se mit à ricaner entre deux arbres gigantesques. Le son se réverbéra contre les parois de bois tendre et fit écho dans le vide de la forêt profonde. Le sous bois s'éveilla lorsque l'immonde rire à demi inhumain parvint à ses frontières, et les petits mammifères qui s'y étaient réfugiés se mirent à galoper dans le sens de la fuite. Les léporidés engagèrent de vives enjambées imprécises, et les cervidés, qui les eurent dépassés bien tôt, galopèrent se perdre dans l'obscurité de taillis feuillus.
Le carnivore sourit tant bien que mal, au moins comme le lui permit son apparence sur le moment, et il posa la patte qui s'était faite immobile à quelques centimètres de l'herbe dans celle là même. Il reprit sa marche nonchalante, courir ne le tentait pas, et bien qu'il fut décidé de chasser, la motivation qui l'avait envahit de lancer sa carcasse à la poursuite de gibier, quel qu'il fut, ne l'enchantait plus.

Gros et paresseux devenaient les habitants saufs de ce monde en perdition. Profitants de leurs dernières heures de vies, ils préféraient se prélasser devant le verre d'écran bien trop grands, bien trop plats, inutiles pourtant, qui ne passaient plus depuis des années que de pauvres chaînes animées par des êtres sans âmes, et qui confortaient leurs spectateurs dans un état larvaire desservant jusqu'à la liberté intellectuelle.
Et c'était peut-être la dernière qui fut.

Le loup ne se sentait nullement visé.
Le caractère transcendant qu'il accordait parfois... souvent... toujours, à sa propre personne, le prémunissait de ce manque de considération qu'il avait pour les autres et qu'il aurait pu diriger contre lui même.

Son pas inattentif sembla le mener jusque vers les ruines.
L'irréflexion pouvait s'avérer surprenante, mais Seven n'avait nullement envie de s'approcher du tombeau dans lequel il lui parut qu'un dragon venait de faire son nid. Ou plutôt, des dragons. Il ne les connaissait pas, il ne savait si celui ci se montrerait hostile, mais l'odeur du sang qui était remontée de l'endroit et qui était parvenue à son flair quelques deux jours plus tôt ne faisait que de lancer à son cerveau des alertes agressives qui lui conjuraient de ne pas aller chercher les ennuis.
Après tout, même une bête aussi grosse que lui ne pouvait rivaliser avec un dragon. Son seul espoir aurait été que.... non. Il valait mieux ne pas y penser.


Les ruines se dessinèrent dans le paysage lorsque l'animal eut atteint l'orée du bois, et enfin, lorsqu'elles se révélèrent intégralement à son regard, un pic de couleur vint chatouiller la rétine vive de l'arrivant.
Une femme, peut être sa propre taille lui fit perdre la notion des grandeurs, mais elle lui parut petite. Elle semblait chargée, de provisions d'après sa truffe, mais elle humait également l'odeur de la mort. Une senteur désagréable qui n'était commune qu'aux dehors de cette région intacte.
Une rebelle ?

L'hybride retint un grognement. Peu importe qui elle était, ces denrées qu'elle promenait avec elle avaient éveillé sa curiosité tout comme son désir.
Il attendit qu'elle fut à proximité pour attaquer, et il ne lui fallut que peu de temps pour la faire reculer de sorte à lui bloquer le passage jusqu'aux ruines. Il continua d'avancer, et elle d'aller vers l'arrière, les yeux dans les yeux.


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AnonymousAnonymous
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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeLun 12 Fév - 22:35











Concessions
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Exister, c'est autant de choix que de hasard. Parfois, la situation est incontrôlable. D'autres fois, tu ne peux que t'assurer d'avoir pris la décision la moins catastrophique.



La semelle de ses bottes s’enfonçait dans la poudreuse. La neige, qui en ville peinait à accrocher au revêtement du sol, recouvrait d’un voile opaque l’étendue végétale qui courait de parts et d’autres de la région miraculée. Majorité des arbres s’était débarrassée de sa crinière impériale, favorisant à la somptuosité de son feuillage un squelette nu et rachitique, malmené par le vent et les précipitations. Fut un temps où l’hiver était bienvenu, impatiemment désiré par une multitude d’hères trépignants et ce en dépit de son lot de virus et de décès. Depuis douze ans pourtant, la source joie qui l’accompagnait s’était tarie, brutalement obstruée par le poids des guerres et des destructions. Sans ce souffle, la saison froide s’avérait bien plus difficile à supporter. Aucune chaleur n’animait les coeurs, les ébats d’une nuit ne suffisaient à réchauffer les corps. Les rebelles faisaient face à l’obscurité, à la faim et à la mort. La neige n’avait plus rien de joyeux. Never, qui durant longtemps en fut fascinée, abhorrait désormais ces mois de gels et de tempêtes trop enclins à voler des basses terres les malheureuses âmes qui avaient eu l’infortune de survivre aux assauts démoniaques.

Son avancée n’était cependant pas des plus difficiles. Ebeleïn semblait avoir eu un peu plus de chances que sa voisine assaillie et les éléments, soit plus cléments, soit retardés, ne se déchainaient pas encore, ou plus actuellement. La jeune femme parvenait sans trop de mal à distinguer des broussailles les voies praticables, certainement aidée des gravier qui, encore, se faisaient ressentir sous la plante de ses pieds au travers du fin manteau blanc. Lorsqu’elle rejoignit un terrain moins hospitalier, son pas décidé lui assura de passer outre le moindre obstacle. Elle restait pressée, elle se souciait peu de ce qui pourrait lui barrer la route et de ce fait, elle ne prêta pas même un semblant d’attention au son qui s’éleva des profondeurs forestières. Une inattention involontaire et potentiellement dangereuse, provoquée certainement de l’habitude d’une vie de médecin et de guerrière dans une ville dominée par des cris de rage ou de lamentations, où durant longtemps ne régna que le combats et chaos.
Entendre, dans un paysage à peine différent, le grognement animal d’un prédateur n’avait rien de plus étranger que le grondement guttural d’un démon dans les rues de Naisul. Bien que naturel et familier, l’idée qu’il puisse s’en prendre à elle était inconcevable. L’ennemi s’incarnait en un peuple fou et violent, pas en un animal sauvage dérangé sur son territoire.

Se retrouver face à face avec la créature et, plus que tout, comprendre qu’elle en était devenue la cible fit regretter à la rebelle trop naïve qu’elle avait eu le tort de sous estimer un environnement réputé pour sa paisibilité.
Sigma se raidit dès lors qu’elle aperçut la haute silhouette du loup mutant, prise soudainement d’un très gros doute. Avait-elle été aussi idiote ?
Vraisemblablement.

Les prunelles du canidé se posèrent sur elle, s’aggripèrent à ses yeux dans un contact qu’elle ne pu se résoudre à rompre par souci de surveillance. Son pas était lent, poussé par la force froide d’une âme qui à conscience tant de sa puissance que de la menace qu’elle dégage.
Never resta longtemps immobile. Elle avait inconsciemment retenu son souffle. Lorsqu’elle expirait, c’était lentement. Elle gardait le contrôle, l’angoisse qui avait serré son estomac avait vite été maîtrisée. La peur aguichait les sens de certains fauves. Elle n’en ressentait pas, peu.
Il s’approchait pourtant, patte après patte, silencieux mais hostile. L’espoir qu’il puisse s’arrêter, se tourner, s’amenuisa, disparu. Ce fut à elle de faire un pas en arrière, puis un second. Elle ne quitta pas le loup immense des yeux, pourtant son esprit s’agitait, plongé dans la vision spatiale de son environnement, sauvegardé quelques secondes plus tôt dans sa mémoire.
Y aurait-il un combat ? Allait-il attaquer ? Sigma n’avait pas sous estimé suffisamment la région pour être venue les mains dans les poches. Elle avait sur la hanche, dissimulée par son manteau, un glock et quelques lames. Le strict nécessaire, mais elle ne pouvait pas compter que sur ces accessoires. Elle devait pouvoir utiliser ce qui l’entourait.
Néanmoins, sa main glissa lentement au travers du pan de sa veste. Son épiderme frôla la fibre du holster, remonta sur le cran de mire, puis sur la poignée. Ses lèvres s’entrouvrirent, assez pour laisser échapper un souffle réfléchi, un murmure qu’elle s’adressait davantage à elle-même qu’à l’animal, non pas une prière, mais une demande quasi silencieuse.

- Fais demi tour toi .. J’suis pas venue là pour me battre …

La rebelle fit encore un pas. L’animal accélérait. Elle finit par retirer l’arme de son support.





Yovoed.




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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeMar 13 Fév - 13:18
Concessions ?



Cette chasse là s'avéra être bien plus enthousiasmante que celle pour laquelle il s'était décidé à mettre le nez dehors.

Malheureusement pour elle, d'être un loup ne caractérisait aucunement la créature qui lentement la conduisant vers les fourrés, car il était bien plus que cela et la folie qui exsudait de son regard amusé en disait long sur sa véritable nature.

Le piaillement ridiculement intempestif des petits oiseaux positionnés ça et là aux quatre coins du paysage s'était tu, et ne persistaient plus que, et les manifestations lointaines de la vie agitée dans la ville voisine, et la tonalité des respirations, l'une assurée, l'autre altérée par l'excitation, du petit chaperon et du grand loup.
L'hiver et ses éléments mettaient en musique chaque pas, parfaisaient l'exhalation de chaque souffle, et les flocons qui tendrement s'étaient mis à fendre le ciel de leur douceur faisaient affront à la dureté de la situation. Doucement, puis de plus en plus, une nouvelle couche d'immaculés se rependit sur la première et parsema le pelage du colosse de minuscules éclats lumineux.
Le rictus glaçant de la bête se matérialisa une fois nouvelle sur sa lippe animale, ce qui le rendit à quelque chose près monstrueux et le rire qui s'extirpa d'entre ses babines avait l'espèce de faculté celle qui vous figeait le sang.

Un pistolet ridicule, dans les mains d'une enfant ridicule, bardée d'armes dont elle savait sans doute se servir, mais qui ne lui feraient pas le moindre mal. Il se serait roulé dans le manteau neigeux si cela n'aurait pas eu comme conséquence d'ouvrir une fenêtre de fuite à la jeune femme.
Son pas s'était immobilisé.

Au fond ne désirait-il rien de plus que ce qu'elle avait dans les bras, des denrées qu'il lui serait aisé de s'approprier, et qui lui éviteraient d'avoir à poursuivre d'autres proies.
Elle ne lui sembla cela dit pas prête à s'en défaire, et c'est en cela que leur position lui parut attrayante, il avait été trop paresseux pour traquer, mais les perspectives de jeu et de tuerie sanglante l'intéressait toujours.
Désormais qu'il avait bien rit devant le risible numéro de la guerrière armée, était-il prêt à achever de la tourmenter de sa simple présence et de mettre un terme à leur accrochage. S'éterniser ne faisait pas partie de ses plans et les peut-être cinq minutes qui s'étaient écoulées le fatiguaient déjà.

Contrairement à tout membre de son espèce, Seven ne la prévint pas de son passage à l'action. Si les loups en temps normal annonçaient une attaque par un grondement, qu'il fut sourd ou conséquent, celui là ne jappa pas même une fois et, préméditant une riposte de la part de son désormais adversaire, il s'aventura sur la gauche de celui ci afin d'éviter un quelconque projectile, ou l'éventuel coup de feu qu'elle aurait pu diriger contre lui.
La neige, et la terre qui reposait en deçà, fut marquée par son passage et prit l'empreinte de son poids. La bête glissa dans un geste contrôlé, l'herbe à demi morte fut découverte de sa pâleur hivernale et plus tard encore, les pattes vinrent trancher la terre de griffe rudes, lacérant ses pans comme d'autant de lames acérées.

C'est à cet instant que le loup, dans sa langue, ricana.

Il n'était pas trop tard pour qu'elle se sorte encore de la misère.


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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeMar 13 Fév - 20:01











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Exister, c'est autant de choix que de hasard. Parfois, la situation est incontrôlable. D'autres fois, tu ne peux que t'assurer d'avoir pris la décision la moins catastrophique.



La créature n’avait que faire de son avertissement. Elle continuait d’avancer, son attention focalisée sur les traits de la rebelle, pas même effrayée par le glock pointé sur son pelage mais au contraire, presque amusée. S’il connaissait le danger que pouvait représenter cette arme, l’animal ne semblait envisager l’idée qu’elle puisse lui causer le moindre tort, autant qu’il ne semblait estimer la menace que la jeune femme pouvait représenter.
De même, il était certain que les mots de la médecin, bien que presque muets, s’étaient faufilés jusqu’aux oreilles du loup majestueux. Pourtant s’il les avaient entendus, il ne trahi ni sa compréhension, ni sa considération. Never ne doutait pourtant pas qu’il soit capable d’interpréter les paroles humaines : il brillait dans ses yeux une malice carnassière si vive qu’elle ne pouvait appartenir qu’à un homme, ou un être qui s’y apparentait. Fou, dangereux. Elle avait oublié que les monstres ne s’incarnaient pas tous en des créatures infernales regroupées tantôt en meute, tantôt en rang armés. Bon nombre arboraient des traits et des caractéristiques propres aux survivants de l’invasion. Et à l’instar des femmes et des enfants, Sigma les protégeait, les soignait, alors que souvent, ils ne valaient pas mieux que les abominations qui assaillaient la ville fantôme.
L’idée qu’il puisse d’ailleurs faire partie de ce peuple sanguinaire lui traversa l’esprit un instant, sans que pourtant, elle ne concède à s’y attarder. Qu’importait d’où il venait, son rire animal lui glaça le sang, raidissant une seconde fois ses muscles engourdis d’une peur qui menaçait à nouveau son aplomb. La bête qui lui faisait face n’avait rien d’un loup ordinaire, rien d’un démon, et rien d’un homme. Elle était imprévisible, certainement véloce, féroce. L’idée que l’angoisse lui fasse négliger le moindre détail ajoutait encore à son inquiétude.

L’animal se lança avant qu’elle ne puisse se reprendre. Les muscles de ses pattes roulèrent pour l’aider à prendre son impulsion tandis qu’il se lançait à sa gauche sans avertissement. Never se tourna précipitamment pour le garder dans son champs de vision tout en reculant davantage vers sa droite.
Son champ d’action était mince. Bien que le chemin se soit un peu élargi, le sous bois sauvage restait inhospitalier et les arbres risquaient de lui barrer la route. Le premier coup de feu parti, un choc fracassant qui trouva réponse en une envolée d’oiseaux terrorisées mais en aucune plainte. La balle s’était perdue dans les broussailles, peut-être logée dans l’écorce d’un arbre ou - quelle infortune - le coeur d’une biche. Sigma ne tenta pas le hasard une seconde fois et, plutôt que de viser un colosse qui bondissait sur elle pour que, comme dans ces films que l’on voyait des années plus tôt, seul son corps inerte ne la percute, elle roula sur le côté dans une esquive presque trop tardive et manqua un coup de patte qui aurait pu s’avérer fatal.

Son idée n’était pas mauvaise, mais le poids qu’elle portait sur ses épaules l’handicapait. Il réprima son élan, manquant presque de la maintenir au sol alors qu’elle aurait du se remettre naturellement sur ses pieds. Sans hésiter, la doc se délesta du lourd sac de vivres et fit face au monstre qui déjà, reprenait son assaut.

L’Insensible n’était pas seulement médecin, c’était une rebelle. Comme tous, elle maitrisait les rudiments des arts martiaux et une dextérité suffisante pour tirer droit. Ses talents n’étaient pas innés, elle avait travaillé son corps des dizaines d’années pour pouvoir atteindre ce niveau qui, bien que plus que correct, n’atteignait en rien l’élite Naisul. Pour autant, pouvait-elle faire face à la puissance d’un canidé presque aussi haut qu’elle ? Esquiver chacun de ses coups ? Sigma était rapide, mais ça ne valait pas la vélocité animale d’un prédateur affamé.
Son arme fit feu à encore deux reprise. L’un des coups avait dû atteindre la bête, au moins la frôler mais si jamais ce fut le cas, elle ne sembla pas s’en soucier.

- Merde !  





Yovoed.




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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeMar 13 Fév - 21:17
Concessions ?



Attaquer pour jouer.

Elle avait raison de croire qu'il n'avait rien d'humain. Certes, il pouvait en être un, en apparence seulement, tout comme les démons l'étaient la plupart du temps, où ceux qui désiraient s'approprier ce genre de traits plutôt que de céder à garder leurs portraits souvent monstrueux.
Son fardeau, elle l'avait abandonné pour lui fuir le temps d'un instant, de sorte à esquiver son coup de patte trop violent, un geste qui l'aurait surement propulsée à l'orée du bois, dans les broussailles ou à terre encore. Il ne désirait que cela, que les paquets qu'elle avait laissé choir, mais son attention était désormais ailleurs, dans la danse qu'ils mèneraient. Une danse qui s'avérerait aussi enrichissante qu'amusante.

Le jeu continuait.

Peut-être avait-il sous estimé son adversaire, mais le fait est qu'elle semblait tout de même être moins véloce qu'il ne l'était. Il ne s'en étonna cependant pas, le corps humain n'était pas forcément fait pour la rapidité, l'esquive démesurée, la hardiesse, alors que le sien, qu'il fut été sous une forme comme une autre, qu'elle fut celle ci ou la seconde, son hybridation lui octroyait le pouvoir de se mouvoir en toute aisance et bien plus vite qu'aucun Homme.
Il exagérait à peine.

Sa confiance en sa propre personne le poussait à toutes les folies, et sa folie divine ôtait de son esprit toute peur, détendait ses muscles puissants, décuplait sa force. Etrangement, il était presque toujours au maximum de ses capacités, une bonne, comme une mauvaise chose. Il comptait trop sur le caractère bref qu'il accorderait à chaque situation de conflit pour s'en sortir en tant que vainqueur du moindre affrontement.

Il pivota.

La balle, il était parvenu à l'éviter de loin, ou du moins le fit il de la première.

Les deux salves qui suivirent manquèrent de moitié leur cible. L'une vint transpercer son oreille, l'autre faillit lui traverser la patte, comme par accident, mais heureusement pour lui la rudesse de la blessure lui fut évitée lorsqu'il bondit en avant pour tenter de lui attraper l'avant bras de sa gueule pleine de pointes tranchantes.
La bête du s'y prendre à trois reprises et sur de longues secondes pour atteindre son membre. Sa première action avait visé son épaule, la mâchoire avait claqué sur du vide, le son avait fait écho dans le vide de la plaine. La seconde tentative avait visé son mollet, mais trop grand, et même s'il s'était tapi de sorte à pouvoir l'atteindre, sa trop grande taille lui avait valut de manquer sa cible, et un magnifique piercing à l'oreille droite qu'il garderait malheureusement, à moins de se nourrir de sang dans l'heure, ce dont il doutait.

Les coups de feu ne semblèrent pas inquiéter le dragon réfugié dans les ruines, puisqu'il ne bougea pas, ou du moins, Seven ne ressentit aucun mouvement de ce côté du paysage.
Le sol était marqué par l'échange, les pas de danse et le sang de chaque blessure. Un maigre filet, à peine visible, s'échappait désormais du trou au dessus de la gueule du loup, d'où était passée la balle, et de la plaie qu'arborait désormais le médecin. Si la première plaie n'avait offert à la blancheur de la neige qu'une pauvre goutte carminée, la deuxième en revanche était un peu plus grave, un peu, ou plus, il savait simplement qu'il l'avait eu, le sang l'excitait, et à cet instant il ne pensait à rien d'autre.

Il sourit de nouveau, toujours comme il le pouvait, mais à chaque geste, à chaque coup, à chaque goutte de sang versée, sa folie cruelle était piquée du vif, le rendant plus féroce encore, et il en redemandait.
Il se mit à haleter, comme un chien joyeux, le ridicule en moins. Il ne ressemblait pas à un vulgaire cabot, mais dans ses yeux la rage et l'amusement se disputaient la part du gâteau.

Prétextant de lui fondre dessus de nouveau, un geste trop prévisible, il la contourna rapidement, et avec aisance, fouettant du bout de la queue le buisson dans le dos de la jeune femme, et à qui il fit dos tout à coup. Il referma la gueule sur le manteau de la rebelle et tira d'un coup suffisamment sec qui ne manqua pas de la faire chanceler. De là, il donna un coup d'épaule qui la déstabilisa davantage et la fit tomber en avant, comme il l'avait prévu.
Perdu.

Lorsqu'elle fut à quatre pattes, et alors qu'il allait donner le coup de grâce, la raison s'empara de son esprit. Le vice recula pour laisser place au calme et à la paix.
Le goût métallique du sang auquel se mêlait celui de la faute le pris à la gorge et lui monta au nez, il secoua la tête, la légère douleur qui irradiait de son oreille lui fit baisser et incliner la tête sur le côté, comme s'il se demandait d'où exactement, et pourquoi cette zone le démangeait, et il montra les crocs. De s'être arrêté avait laissé suffisamment de temps à la jeune femme pour se relever sans doute, ou au moins assez pour lui lancer quelque chose qui vint se planter dans son flan.
La créature glapit et fit un bond sur le côté, perdue entre incompréhension et douleur, elle répondit par un nouveau coup de crocs qui atteignit la main rebelle, puis poussa sur ses pattes arrières et lança sa carcasse prêt des paquets dont elle en saisit la lanière.

Cette raison nouvellement... comme acquise, lui dictait de prendre la bouffe et de rentrer avant que l'autre bête, plus énorme encore qu'elle même, ne sorte leur demander des comptes, sans savoir que la jeune femme était l'amie du dragon.
Il fallait qu'il retourne chez lui, Seven le savait, de sorte à emmagasiner les vivres, faire des réserves et ôter le poignards d'entre ses côtes, le sang ne perlait déjà que trop bien de son côté droit, et il fallait qu'il se dépêche.

Avant que l'autre ne revienne.
Cet autre qui prendrait possession de lui et qui lui coûterait sans doute un jour sa propre vie.

Il poussa un nouveau grognement et bondit par dessus la rebelle, son bien traînant. Il échappa à la femme en empruntant le chemin des bois, son repaire, et s'enfonça dans les fourrés. Le sang pourtant permettrait de suivre sa trace.
Branches et brindilles cédèrent sur son passage violent. Certaines assez pour rejoindre le sol, d'autre un peu plus hautes, seulement au point de pendre à l'extrémité de chaque accroc. L'herbe qui avait en partie été épargnée par les stigmates de l'hiver se mut en refuge des empreintes du loup géant, reconnaissables parmi ses semblables plus petits, et la garniture des buissons fut effacée par le passage du monstre. De nouvelles volées d'oiseaux s'élevèrent dans le ciel, effrayés d'un rien, et des touffes de fourrure furent abandonnées dans la verdure à demi morte.

Si elle voulait récupérer son trésor, elle le pouvait encore. Pourtant, était-elle prête à subir un nouvel assaut ?


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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeJeu 15 Fév - 18:58











Concessions
Difficiles


Exister, c'est autant de choix que de hasard. Parfois, la situation est incontrôlable. D'autres fois, tu ne peux que t'assurer d'avoir pris la décision la moins catastrophique.



Le monstre ne cessait de revenir à l’assaut, inlassablement, grisé par l’ivresse extatique d’un combat électrisant, mû de cette joie perverse, de cette rage folle que seule une traque exaltante pouvait susciter. Le prédateur, plus que poussé par la faim, chassait pour satisfaire une appétence malsaine, la soif d’un sang qui déjà, maculait sa gueule et exacerbait ses sens, la faim d’une résistance farouche et d’une victoire méritée. Il souriait de ses babines dégoulinantes d’hémoglobine, ses prunelles fauves dilatée par l’excitation, réjoui d’un jeu qui n’amusait que lui. Sigma elle, subissait un combat qu’elle ne contrôlait en rien, sauvée par de solides réflexes mais pas même capable de prévoir la moindre des attaques de cet animal trop rapide. Elle esquivait des coups de patte à la dernière seconde et de peu, évitait la mâchoire garnie de crocs tranchants que la bête tentait de refermer sur ses membres. La moindre erreur lui assurerai d’y laisser un bras, et lorsqu’il advint que celle-ci soit commise, la jeune femme laissa entendre un grognement rauque, une plainte rageuse qui bientôt, la poussa à faire feu une seconde fois.

La première faute avait été commise pourtant, qu’importait sa colère et son désir de vivre, la rebelle ne tarda pas à essuyer un nouvel assaut, plus fourbe, moins prévisible, qui la laissa en une position mortelle. La morsure ne vint pourtant pas, ni même le moindre choc. Alerte et peu désireuse de laisser la faucheuse l’accueillir, Never profita de ces quelques secondes de répit pour se saisir du poignard fixé à sa cuisse et l’enfoncer dans le flanc du loup gigantesque. La lame pénétra chair et muscle, élimant l’une de ses côtes du fait d’une proximité aussi accidentelle qu’opportune, et fit glapir le monstre d’une douleur soudaine et éclatante.

Cet éclat fut vengé avant même que l’Insensible n’ai pu savourer sa victoire. Le loup eut bientôt raison de la main de la femme comme de ses biens, volant et broyant respectivement l’un et l’autre sans qu’elle ne parvienne à s’opposer au moindre de ces faits. Impuissante, elle ne pu que regarder l’animal s’enfuir finalement, délaisser la proie qu’il prenait pourtant tant de plaisir à molester sans que la moindre raison logique ne puisse expliquer cette attitude. Elle jura dans un nouveau grognement. Le calme et l’agacement de la médecin avaient laissé place à une colère sourde, mêlée tant de cette sensation ineffable de n’avoir été qu’un simple jouet incapable de s’extirper de la condition dans laquelle on l’avait mise que de cette frustration d’y avoir perdu, plus que son sang, des vivres et des pansements destinés à sauver, non pas un monstre, mais à l’origine plusieurs dizaines d’innocents. La rage faisait bouillir son sang, l’injustice qu’elle venait de subir méritait une justice qu’elle était déterminée à rendre, et pourtant elle ne pouvait se le permettre. Never avait été blessée, et son corps malmené requérait  une attention plus immédiate que la traque du chasseur fou.

La neige souillée était maculée d’écarlate. Le sang de la bête se confondait avec celui qui giclait de ses plaies, de son avant bras, mais tout particulièrement de sa paume perforée. Son épiderme déjà recouvert d’hémoglobine, il était ardu de juger de la gravité de la morsure, les extrémités réputées pour leurs hémorragies superficielles et abondantes. Le souffle court, elle tremblait sans être capable de déterminer si ses muscles se contractaient du fait du froid ou de l’adrénaline, sans savoir si main qui elle, tressautait, le faisait du fait de l'hémorragie ou de ses nerfs.
D’un cas ou de l’autre, l’Insensible devait réprimer les saignements.

Assise contre le tronc d’un arbre nu, Sigma n’hésita pas à se départir de son manteau pour gagner tant en visibilité qu’en aisance. Le pull fin qui recouvrait son buste laissait échapper un maigre filet carmin. Son avant bras n’avait pas dû être trop atteint. Du reste, il fut nécessaire qu’elle nettoie grossièrement la plaie avec de la neige pour mettre en évidence un bref instant le nombre de perforations, leur taille et l’endroit atteint.

- Bordel .. !

L’angoisse menaçait de la prendre à la gorge. Son majeur semblait avoir souffert, de même que sa paume sur toute la hauteur, du doigt atteint au pisiforme. La blessure semblait conséquence, mais même ainsi il lui était difficile de déterminer les zones atteintes. L’idée qu’elle puisse perdre l’usage de son membre lui tira une sueur froide, mais de sorte à éviter la moindre panique, la jeune femme inspira profondément et relégua ses inquiétudes sur un autre plan.
Plus maladroite à mesure que le temps s’écoulait, Sigma retira son écharpe et la plaqua sur la blessure dans le but de compresser la plaie. Le tissu s’imbiba de ce liquide sirupeux qui avait déjà taché ses vêtements.
Elle cala sa paume sous sa cuisse pour s’assurer de maintenir une pression suffisante tandis que de son autre main, elle cherchait hâtivement dans la poche de sa veste son téléphone.

Les capteurs de l’appareil peinaient à assimiler les différents points de contact que la blessée s’efforçait de provoquer de ses doigts poisseux. Elle laissa sur l’écran des traces ensanglantées qui, à trois reprises, l’empêchèrent de lancer l’appel souhaité. Lorsqu’elle le porta à son oreille, ce fut sur sa joue que les pigments grenat se fixèrent.

- Jahah ?

Aurait-elle dû appeler Seiryu ? Le dragon logeait dans les souterrains, il pouvait être si loin de la surface qu’aucun signal ne pouvait l’atteindre, et tenter de le rejoindre pourrait mettre bien plus de temps que celui que le rebelle aurait à consacrer pour la rejoindre.

Elle grimaça lorsque la voix qui lui répondit dérailla, le signal mal reçu peinait à rendre l’échange correct.

- J’suis tombée sur un loup, une espèce de … Il s’est enfui avec mon sac. Faut’ que tu me rejoignes aux ruines, prends ce que tu as dans le coffre et viens !
- Ce qu’il y a dans le coffre ? Merde, Never ça va ?
- Dépêches toi Jahah !

L’homme cédait déjà. Le ton impératif qu’elle avait prit ne laissait pas à discuter. Sigma laissa tomber l’appareil sur sa veste et cette fois-ci, elle s’attarda sur son avant bras.


__________

- Tu as été blessée ?

L’Insensible ne prit pas une seconde pour lui répondre, le constat évident était suffisant. Elle se saisit plutôt de la trousse de premiers secours qu’il lui tendait pour se promulguer de véritable soins.

- Aides moi à serrer ça.

Le métamorphe s'exécuta. Le bandage autour de sa paume devrait réprimer suffisamment les saignements pour s’assurer qu’elle ne souffre pas d'anémie.

- Qu’est ce qu’il s’est passé ?

L’homme lorgnait la scène de crime sans comprendre. L’odeur canine devait le prendre au nez, celle du sang n’était pas suffisamment intense pour masquer toutes autres effluves.
La brune déchira de ses dents le tissu puis le noua fermement avant de lui répondre.

- Je pensais pas tomber sur le moindre danger ici. J’ai été négligente, il m’a flairé avant que je ne le vois et m’a attaqué. Il s’est enfuit quand je l’ai poignardé, après avoir prit mon sac.

L’Insensible se remit debout. Elle recupéra les armes tombées au sol durant le combat puis elle fit quelques pas en direction des fourrés, tête baissée, son attention focalisée sur le sol. La neige malmenée laissait émerger des brins d’herbe piétinés desquels il était possible de déceler les giclées d’hémoglobine échappées du flanc de l’animal.

- Ton sac ? Y’a quoi de si important dedans pour que tu tiennes tant à retourner te frotter à lui ?

Sigma releva les yeux sur le visage barbu de son coéquipier. Sa colère était toujours présente, mais sous celle-ci se dissimulait une culpabilité puissante, produit d’une décision prise à contre coeur et d’un gâchis conséquent dont elle était responsable.

- T’occupes Jahah .. Je veux juste le retrouver. Je suis pas pisteuse, je ne le retrouverai pas seule, et j’arriverai peut-être pas non plus à le battre sans toi. Ce loup est gigantesque, je sais pas avec quoi il a été hybridé mais il est dangereux..

Culpabilité et détermination mêlées convainquirent l’homme ours. Il soupira sa concession et réajusta le sac qu’il avait sur l’épaule, plus léger que celui qu’elle-même avait emmené, mais pas moins précieux. Les armes qui s’y cachaient pourraient leur être utiles une fois la bête débusquée.


Une heure de traque fut nécessaire pour retrouver le canidé blessé. Celui-ci avait dû les percevoir, mais à peine trop tard sinon quoi il aurait filé, ou aurait attaqué le premier.





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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeVen 16 Fév - 21:10
Tensions



L'animal avait galopé un temps dans la fourrure sauvage, le flanc douloureux et l'esprit embrumé de confusion. Cette blessure, ce sang, tout comme le goût métallique qui envahissait sa gueule et ruinait lentement sa raison, il ne pouvait l'expliquer que d'une manière. Son trou de mémoire et tout ce merdier n'étaient explicables que d'une manière, la prise de contrôle de son espèce de... jumeau maléfique.
Tandis qu'il continua d'enjamber les buissons et la terre mère rendue humide par le temps, son esprit vagabonda un instant à la recherche du moindre souvenir le plus récent qu'il posséda encore.

Le sang.
La neige.
La brise fraîche.
L'irradiation de la douleur.

La mâchoire de l'animal se contracta avec force.
Il n'y parvint pas.

Une présence lancinante et désagréable qui empêchait son corps de se mouvoir dans des foulées régulières et conduisait sa patte avant gauche à se défaire plus tôt du sol, à s'étendre sur une plus courte longueur à chaque lancée. Qui l'empêchait de penser. La contraction des muscles blessés de son flanc meurtri, et l'impérieux désir de faire demi tour pour arracher cette tête de ce si joli cou.
Le canidé secoua la tête. Il devait commencer par retirer de la plaie cette lame logée si profondément et qui jouait avec son os, et qui frottait et cognait de cette manière si insupportable et gênante. Elle viendrait bien le trouver d'elle même.


Il lui fallut un peu moins de vingt minutes pour rejoindre la maison de bois qu'il s'était construite sous la grandeur des arbres. Il lui en fallut neuf de plus pour reprendre apparence humaine, tout ça à cause de la douleur.
Le risque de voir la dague s'épancher et trancher la peau du moindre organe vital ne l'inquiéta pas même un instant. Plantée entre K11 et K12, elle était venue se loger par hasard contre sa onzième côte côté gauche et en grattait la corne comme une putain de chieuse, le pensa t-il. La femme des bois avait bien visé, et maintenant qu'il y repensait, il ne se souvenait pas l'avoir entendu se plaindre sous l'effet de la souffrance. Il balaya cette idée et serra les dents alors qu'il posait la main sur le couteau. Ses sourcils se froncèrent largement et il grogna longuement lorsqu'il retira l'arme de son plastron. Une giclée de sang vint tapisser le meuble de cuisine et l'évier de la viscosité du liquide écarlate.
Il laissa tomber l'épine acérée et recula maladroitement pour s'appuyer contre la table, sa seconde main engluée appuyée sur son torse de sorte à venir en aide à cette chair qui ne parvenait à retenir la poisse vitale de sa carcasse suante.
Son corps trembla d'un coup, il fut victime d'un frisson, son front humide laissait perler la sueur puis la musculature de son dos nu se serra brièvement.
Il l'attendait.
Il la sentait.
Il l'entendit.

La discrétion, ça n'était pas son fort. Elle et son ami lycanthrope étaient aussi indétectables qu'un troupeau de bufflons. Il pouffa nerveusement, loin d'être remis de sa blessure.
Heureusement pour lui, il n'avait besoin que d'une chose pour se refaire une santé, le fait est qu'il ne disposait que de peu de choses sous la main, comme de plan d'approche. Deux choix s'offraient à lui, et aucun ne lui paraissait impossible, il ne fallait plus que la jouer finement, en espérant que ça fonctionnerait.

Il n'eut pas le temps de bander la crevasse qui ceignait l'épaisseur de son corps, il n'eut que celui de reprendre une apparence animale et gigantesque. Si le passage de ce portrait ci à un autre plus petit n'avait eu qu'effets bénéfiques, comme celui de faire rétrécir l'entaille, cette transformation là eu l'effet inverse et le loup grogna une fois de plus par la faute de l'entêtante géhenne. Il jura entre la blancheur rougie de sang de ses crocs mordants. Se rincer la gueule aurait été inutile.


Ils vinrent à lui quelques instants plus tard.
Elle se méprenait.
Elle le sous-estimait.
Et l'homme qui l'accompagnait désormais ne s'était certainement pas attendu à combattre une créature de ce gabarit, à faire face à un loup à ce point haut sur pattes que sa taille dépassait le mètre soixante-dix au garrot et son poids les 130 kilos au moins, tout d'énergie constitué.

L'animal les conduisit plus profondément dans le sous bois, là où la lumière passait avec peine entre la verdure sombre des branchages fournis. Peu lui importait que ses poursuivants croisent sa grande cabane ouverte, mais le fait est qu'il préféra garder la surprise, tout comme les nombreuses denrées dont elle s'avérait être la gardienne branlante.
La fourrure naturelle s'épaississait à mesure qu'ils s'aventuraient au delà des ténèbres. Lorsqu'il leur fit enfin face, son regard n'était plus empli de cette folie meurtrière qui l'avait caractérisé quelques longues minutes plus tôt, mais dans ses yeux suintait la soif de sang, ainsi que celle de vengeance.

Malgré sa plaie, l'animal gigantesque se mouvait sans trop de peine, seules les foulées étendues lui étaient inaccessibles, ce qui constituait un léger handicape. Ou du moins c'est ce que du penser l'homme debout devant lui, qui fixait son côté touché dont le sang continuait de s'écouler d'une plaie laissée béate.
Le loup pouffa. Elle ne le serait plus pour longtemps.

Il n'attaqua pas le premier, car se fut l'homme qui entama la danse.
Esquivant de peu pour se réfugier dans les fourrés, le loup projetait de se déplacer dans les hautes herbes et les buissons garnis, furtifs et bruyant à la fois, déstabilisant et stressant.
Il jappa d'un côté, et à peine un instant plus tard sa gueule, d'autre autre lieu, se referma sur la cheville du lycanthrope. Il tira si fort que le rebelle chut vers l'avant, puis le loup le traîna dans l'obscurité angoissante des ténèbres feuillues.
Il n'avait pas prévu de le tuer, l'autre reprenait pas à pas la place dans son esprit et il lui fallait jouer intelligemment.
La première étape remplie, celle de les séparer, il bondit à la frontière de la zone cerclée de buissons plus ou moins imposants, de ronces mortelles et mûriers sans corps, pour rejoindre la jeune femme, sans toujours qu'elle ne soit à même de le voir. La jambe de son compagnon avait été suffisamment amochée pour lui fournir quelques minutes de répit.
Il s'amusa à la tourmenter, gronder d'un côté tout en en rejoignant un second, chahutant avec le feuillage et éclatant des branches innocentes pour faire monter la tension.
Il s'amusait d'eux.

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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeLun 19 Fév - 12:50











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Exister, c'est autant de choix que de hasard. Parfois, la situation est incontrôlable. D'autres fois, tu ne peux que t'assurer d'avoir pris la décision la moins catastrophique.



Quelque chose avait changé.

Le loup maudit ne semblait ressentir aucune peur.  
Acculé au plus profond des bois, le flanc blessé d’où suintait encore un fluide carmin, il faisait face au binôme rebelle sans même tressaillir, pas même inquiet de l’assaut à venir. Sa fuite pitoyable avait cédé la place à une assurance nouvelle, une détermination solide qu’aucune angoisse ne semblait pouvoir faire vaciller. En l’espace d’une heure, et ce en dépit d’une blessure aussi douloureuse que handicapante, l’animal était parvenu à troquer frayeur et égarement contre sang froid et colère. Une évolution rapide à laquelle Sigma ne s’attendait pas, certaine de débusquer un animal blessé, malade ou effondré.

Son brusque changement d’humeur s’avérait déstabilisant. Le comportement adopté n’avait rien à voir avec l’attitude qui gouvernait lors de leur première confrontation, et tout s’opposait à la seconde qui l’avait possédée sur la fin du combat. Ce n’était plus l’amusement qui le dominait. Sa folie meurtrière avait cédé le pas à une rage sourde, fruit d’une blessure tant physique que psychologique. L’ego touché du monstre canin demandait réparation, sans prendre en considération que le parti le plus lésé ne s’incarnait pas en un monstre hybride mais en une femme insensible.

La première attaque fut fulgurante. Jahah fut l’initiateur d’un combat qui se destinait à être acharné, mais dont la tournure, bien trop rapidement, se mua en une traque imprévue. L’animal les sépara, et alors que dans les profondeurs épaisses du labyrinthe forestier résonnait encore le grognement de souffrance du métamorphe blessé, il se focalisa sur la femme dont les saveurs métalliques titillaient encore ses papilles sensibles. Il la troubla, la tourmenta, jouant avec sa colère pour, seconde après seconde, la modeler en une inquiétude mortelle.

Sigma était incapable de prévoir d’où partirait la prochaine attaque. Son ouïe se confondait parmi la multitude de sons qui lui parvenaient, tant alertée des fines brindilles rompues que des piaillements agités d’oiseaux effrayés qui, sans exception, trouvaient écho dans l’abysse sylvestre. Pas un bruit ne pouvait lui servir de repère, tous d’intensité et d’origine différentes. Chacun pouvait s’avérer prévenant ou trompeur. Sursauter, tourner, sans cesse, dans chaque direction, pour faire face au fantôme d’un loup qui la prendrai à revers, n’était pas une solution. Ce serait céder à une angoisse qui, à chaque feinte, augmenterait d’un cran, la laissant toujours plus fébrile mais plus lente. Sa propre colère, son besoin de rendre justice étaient suffisamment exacerbés pour la rendre consciente de ces faiblesses. Elle refusait qu’un monstre, quel qu’il soit, se joue d’elle et de ses émotions. L’inquiétude ressentie tant pour sa propre situation que pour celle de son coéquipier disparu n’avait pas besoin de prendre encore en importance.

La doc recula. Ses doigts rougis par le froid étaient fermement resserrés autour du glock chargé. Sa main gauche, dont le bandage sale était déjà taché de sang restait inerte, son bras branlant. Elle s’éloignait du buisson dans lequel le corps malmené de Jahah avait disparu. L’idée de l’abandonner n’était pas dans ses plans, mais s’enfoncer d’avantage dans les fourrés épais risquait de la mettre dans une encore plus mauvaise position.
Dans son dos, au contraire, se trouvait une voie à peine plus large, un relief plus chaotique dont le terrain se verrait plus hostile au jeu pervers de l’immense canidé. Elle remonta sur à peine une vingtaine de mètres avant que, contre ses omoplates, s’écorche l’écorce solide d’un arbre centenaire. Son tronc immense était suffisant pour la cacher du regard de quiconque souhaitait venir de son dos, et, en dépit d’une flore aussi sauvage qu’épaisse, Never pouvait se vanter d’avoir un aperçu presque correct des différents points d’attaque possibles du loup.

La créature bondit finalement. Il attaqua de la gauche, de sorte à être, non pas hors de portée, mais à plus mauvaise portée de l’arme à feu. La rebelle aurait du se tourner, lui faire face pour espérer l’atteindre. Elle préféra rouler pour éviter ses griffes. Lorsqu’elle se redressa, l’animal s’était déjà dissimulé dans les buissons, mêlant son pelage roux au feuillage automnal pigmenté de blanc.
Elle serra les dents, réprimant un grognement, tandis qu’elle reprenait position contre la maigre protection qu’offrait large chêne.

- Sors de là saleté, qu’on en finisse.

Never fit face au second assaut, puis au troisième qui, enfin, les confronta l’un et l’autre.



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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeLun 19 Fév - 22:31
Confrontation


Il pouvait au moins lui reconnaître ça, le fait de s'accrocher et de garder son sang froid.
Ce n'était peut-être qu'une façade, mais elle, semblait-il, tentait au moins de ne paraître animée d'aucune émotion palpable.
Elle avait été blessée, son compagnon était coincé derrière un amas de ronces qu'il avait traversé contre son gré, d'où il geignait désormais, perdu au coeur d'une forêt inconnue, encerclé de buissons touffus et de bêtes sauvages, dont la pire de toutes, qu'ils avaient sous estimé tous les deux, les tourmentait maintenant.
D'être venue accompagnée n'allait pas la sauver. Mais elle ne cillait pas.
Le loup ne savait pas encore s'il allait lui laisser la vie sauve ou s'il allait les tuer tous les deux.

Le fait est que d'avoir malmené la jambe du pauvre garçon, seul dans les fourrés, lui avait offert la grâce du sang, et sa plaie avait déjà rétrécie quelque peu.
A elle lui avait été accordé le luxe d'un temps précieux qui lui manquait pourtant.

Et leur danse n'en finissait pas.
Malgré tout, il lui avait laissé l'occasion, une occasion dont elle n'avait sans doute pas eu conscience, de fuir, de prendre ses jambes à son cou et de se tirer rapidos avant qu'il ne la prenne en chasse, ne la traque, et ce pour finir par l'éviscérer.
Etait-ce un quelconque code d'honneur ou le respect de valeurs malvenues qui la faisaient rester ici, l'arme à la main, prête à pourfendre l'ignoble monstre d'une balle bien placée ?
Elle ne comptait pas abandonner son binôme, il pouvait comprendre, mais le fait est qu'elle n'était pas en mesure d'attendre quoi que ce fut, comme un miracle, et elle le savait. C'était donner sa vie pour rien.

Après de nouvelles intrigues inutiles sans dénouement, la belle et la bête se firent face, comme lors d'un ultime affrontement.
Cette idée l'eut presque fait sourire, mais la situation, dans toute sa réalité et l'urgence de son caractère, ne s'y prêtait pas. L'ours pouvait bien se mêler à l'échange d'une vigueur retrouvée et par surprise l'envoyer dans les ténèbres de la nature ambiante. Ce qui ne serait profitable qu'à eux, si tant est que son second lui n'émerge pas.
Au fond, pensa t-il, avaient-ils de la chance, d'être tombés sur lui cette fois.

Debout devant elle, la tête basse et les oreilles droites, l'animal immense ne ressemblait à rien d'autre qu'à un gros loup sauvage, calme et serein, dont la curiosité l'avait mené à croiser les pas de deux rebelles perdus en forêt. Son poil soyeux et doux, flottant sous la brise, ondulait lentement, par moment, et la longueur de sa fourrure aux couleurs diverses dissimulait la plaie désormais à demi refermée qui ne ceignait plus que la moitié maintenant de son flanc gauche.
La queue immobile, le regard perdu dans celui de la jeune femme, la bête s'était immobilisée et restait figée là, à attendre que quelque chose ne se passe, vulnérable à n'importe quel ciblage.
Il ne montrait pas même les crocs, et la soif de vengeance avait quitté la transparence de ses beaux yeux d'un jaune lumineux.

Etait-ce une nouvelle stratégie, une autre approche, une feinte ? De l'honnêteté ?
Elle avait le choix, tirer, ou partir, car s'approcher pour le flatter n'entrait pas dans la roue des possibilités.
Etait-elle seulement prête à faire confiance à la folie d'un monstre inhumain aux actions imprévisibles ?


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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeMar 20 Fév - 18:27











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Exister, c'est autant de choix que de hasard. Parfois, la situation est incontrôlable. D'autres fois, tu ne peux que t'assurer d'avoir pris la décision la moins catastrophique.



Quel animal pouvait ainsi sauter d’une humeur à une autre si aisément qu’on l’eut crû acteur ou comédien ? Quelle créature pouvait adopter nouvelle attitude et inédit caractère comme l’on changerait simplement de masque ou de costume ? Quel être s’avérait si habile mais si mesquin qu’il usait de son talent pour se jouer ainsi d’hommes et de femmes pour son propre ravissement ? Lequel pouvait mentir de la sorte sans jamais éprouver le moindre remord ? Lequel sans s’en être jamais mordu les doigts ? Combien s’étaient retrouvés seuls aux pires instants, incapables de retenir l’attention d’un hère qui, lassé, ne croyait pas plus en ses vérités ?
A l’instant, quel comportement relevait du naturel, lequel de l’affabulation ? Dans quelle mesure l’animal gardait-il le contrôle de la situation, a quel point se jouait-il d’elle, et quel point s’était-il lassé ? Qu’attendait-il à, de nouveau, se laisser dominer d’un calme troublant, cette fois ci pas même animé d’aucune ire, d’aucune appétence ? La troubler davantage était-il si plaisant qu’il se délecta au point de, encore, jouer de sa naïveté ? Ou était-ce une raison tout autre qui motivait chacun de ses faits et gestes ? Avait-il ne serait-ce que conscience de ses brusques changements d’humeur ? Le canidé n’avait rien d’une simple bête après tout. Sa partie humaine, quelle qu’elle soit, trahissait une parenté bipède qui aurait pu lui assurer d’hériter de bien plus qu’une méchanceté propre aux quidams dits civilisés : une maladie sévère qui malmènerait un esprit déjà corrompu.

Never ne pouvait se résoudre à tirer sur un loup pacifique qui, bien qu’immense, semblait cette fois aussi doux qu’une biche. Tiraillée entre sa rage et sa pitié, elle gardait à l’esprit cette dernière hypothèse qui s’était naturellement imposée à son esprit scientifique. Medecin avait d’être guerrière, elle ne parvenait à se décider d’abréger les souffrances d’un être qui, peut-être, ne contrôlait en rien ce qu’il faisait, ou n’avait pas même conscience de son impact. N’avait-elle pas été dans ce même cas de figure, aussi violente que dangereuse, insouciante enfant fascinée d’un rien ? Pour autant, jamais elle n’avait souhaité heurter quiconque, et pas une fois elle n’avait agi pour étancher une soif sanguinaire. Il en allait différemment pour le loup face à elle.
Revoir au travers de ses pupilles le souvenir de ce regard emprunt de folie meurtrière la convainquit de ne surtout pas se laisser duper. La rebelle ressera ses phalanges sur la poignée du pistolet, levé bien droit sur le monstre même plus haut qu’elle. Elle fronça les sourcils, signe qu’elle avait en partie tranché la question.
Never changea d’approche, plus froide qu’ordinaire, plus ferme mais toujours aussi déterminée, espérant peut-être que son petit corps armé soit suffisamment intimidant pour faire entendre raison au prédateur soudainement lucide, elle laissa une poignée de mots quitter ses lèvres gercées.

- Rends moi mes affaires.

Depuis son arrivée dans cette zone, la brune n’avait pas aperçu la moindre fois le sac lourd de provisions. Soit l’animal l’avait bien caché en les sentant approcher, soit celui ci avait été abandonné plus haut dans les sous bois, et eux-deux, naïfs, n’avaient faits que suivre une piste animale qui les poussait droit dans un piège.

Sigma n’était pas certaine d’obtenir la moindre réponse du chasseur, qu’il s’agisse d’un grognement, d’un sourire ou d’une concession. Elle n’en attendait certainement aucune de Jahah. Ce fut pourtant celle-ci qui se fit entendre, une brindille brisée qui alerta le fauve puis bientôt, une explosion assourdissante qui marqua le tir d’un nouveau projectile.
L’arme utilisée était plus efficace que son glock, mais plus lourde, bien que moins encombrante qu’un pistolet-mitrailleur. Pour autant, la munition du P-90 n’atteignit jamais la cible, ou si ce fut le cas, elle ne transperça qu’une extrémité de la créature. Une patte arrière, ou peut-être la queue. Son ouïe l’avait alertée à peine trop tard.

La danse reprit, mais les partenaires changèrent. Sigma vit avec horreur la bête se détourner d’elle pour bondir, toutes griffes dehors, sur l’homme déjà ours. Le combat reprit, violent et primitif, à coup de griffes et de crocs. Le sang gicla sur l”impérial mêlé d’auburn du feuillage épais des buissons, sans qu’aucun ne puisse dire qui, du canin ou de l’ursidé, répandait cette viscosité écarlate. Grondements et grognements s’élevèrent des profondeurs sylvaines, choc de deux puissances animales ennemies aux forces inégales.
L’un prit le dessus sur l’autre. S’il n‘avait pas été surpris, il l’aurait certainement achevé.  

Sous leurs pattes musculeuses, la terre souillée se mit à dégager une fumée d’un vert malachite, épaisse et suffocante. En une poignée de secondes, le nuage envahit l’atmosphère, prisonnier des branchages et d’un vent quasi inexistant, viciant l’air et brûlant à tous, larynx et rétines.
Sigma laissa échapper une toux sèche. Déjà en partie à l’écart de la source, elle recula encore, cherchant instinctivement la protection de fourrés bientôt submergés. Ses yeux irrités laissèrent échapper des larmes salvatrices, incapables de voir au delà de silhouettes troubles. Seule son oreille perçut maladroitement le déroulement des événements, mais confuse et prise au dépourvue, elle était incapable d’associer au son la moindre conclusion.

Au milieu de ce chaos prémédité roula une seconde bombe artisanale, plus complexe, qui, dès lors qu’elle percuta la patte griffue du canidé, se déclencha en un solide filet qui, en une seconde, se rabattit sur le corps gigantesque du lupin. Un corps massif le percuta, le maintint  au sol, étendu et prisonnier.
La main du dragon se referma sur la gueule de la bête captive, ses genoux s’enfoncèrent dans ses côtes, ses pieds nus dans la terre. En position dominante, Seiryu s’assura que la bête ne pouvait se retourner, puis il approcha de l’oreille percée du monstre acculé son visage dissimulé tant par la fumée opaque que par l’épaisseur d’un masque à gaz.

- On va faire un marché toi et moi, tu veux bien ?

La question était rhétorique.
Peu réjouit d’avoir dû quitter son antre pour sauver une amie, un inconnu et des vivres du fait des affres d’un hybride égoïste, le reptile smaragdin s’avérait de bien piètre humeur. Néanmoins, sa colère était bien différente de celle ressentie par la femme médecin, mêlée d’une inquiétude dissimulée et d’un agacement certain. Pour autant, cette situation pourrait peut-être tourner à son avantage.
Ses lèvres s’étirèrent en un sourire presque insidieux.

- On va même en faire deux. Tout d’abord, et en l’échange de ta vie, tu me rends le sac volé. Et ensuite ..

L’homme baissa le ton, de sorte à ce qu’aucun autre que son nouveau prisonnier ne l’entende.

- En l’échange de quelques uns de ces biens que tu as l’air de tant vouloir .. Tu me rends quelques services. Tu en penses quoi ?




Yovoed.




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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeMer 21 Fév - 15:12
CHOIX



Le défi lui plaisait, de se battre contre plusieurs ennemis l'excitait, mais à trois contre un, c'était quand même un peu de la triche.
Enfin, surtout quand s'incluait à l'équation un PUTAIN de dragon.

Seven jura entre ses crocs tâchés du sang de son adversaire à la seconde même où de la fumée s'éleva du sol brouillé, maculé d'empreintes diverses et de la viscosité d'un sang qui n'était qu'en partie le sien.
Il eut à ce point le loisir de plonger ses canines dans la chair et les muscles de sa victime que les maigres plaies dont il eut hérité se soignèrent d'elles mêmes.

Jusqu'à ce qu'un tiers ne se mêle d'affaires qui ne le regardaient qu'indirectement.
Juché sur ses pattes arrières, cabré pour faire face à l'ours, Seven bien malgré lui roula lorsque la bombinette explosa une fois sa patte arrière rencontrée. Il bascula sans retenue vers arrière et lorsque le mouvement de roue eut achevé sa course, le loup se retrouva à terre, prisonnier de liens immobilisant.
Ainsi, après l'avoir fiché d'un filet trop serré pour lui permettre de s'en défaire, le dragon maintint gueule et carcasse à même le sol, de sorte à réduire toute chance de fuite éventuelle à néant. Grondant, l'animal coincé tenta de bouger les pattes pour se défaire de l'étreinte musclée de l'homme, ce que de foutus liens le retenaient de faire, sans eux de virer un dragon sous apparence humaine de dessus son flanc lui aurait été plus aisé.

A de nombreuses reprises, il s'essaya à ouvrir la gueule, fermement gardée close par une main déterminée. Il cessa néanmoins de se débattre à la seconde où le rebelle blessé se pencha.
Le choix n'était pas un luxe qu'il pouvait s'offrir, pas cette fois, il ne lui restait qu'une seule chose à faire, car même le caractère poisseux des liquides mêlés qui enduisaient ses babines resserrées n'empêchait en rien le maintient de la prise ardente.
Il l'écouta attentivement, et à mesure que le flot de paroles s'infiltra jusqu'à son esprit, le ridicule de la situation laissa sa réflexion s'égarer pour laisser place à la moquerie.
Un rire imprévisible et inaltérable s'éleva, d'abord doucement, de sa poitrine, puis il prit en profondeur et s'engouffra hors de sa gueule. D'inaudible, la tonalité évolua jusqu'à se muer en un éclat bestial, à quelque peu fou.
La raillerie du les surprendre tous les trois, que ce fut la jeune femme qui fit un pas en arrière, l'ours gisant, agonisant au sol, ou le dragon aux yeux de braise qui sans le vouloir desserra d'une prise à peine l'étreinte de ses doigts autour du museau animal.
Le monstre en profita pour changer de forme dans l'obscurité, de sorte suffisamment véloce que le dragon n'eut que le temps de voir une ombre s'extraire de l'étau de ses genoux. Le filet se fit flottant et permit à la bête de filer sans mal. Rien sinon deux yeux jaunes ne se reflétèrent dans l'obscurité, et le rire s'éleva cette fois ci pleinement, libre de prendre place dans l'étendue boisée mise à mal.
Sa source une fois de plus se confondait aux ténèbres.

Conscient de sa rapidité sous forme humaine, et de certains de ses sens décuplés de par son hybridation, le loup demeura homme, plus difficile à pister, à traquer, ou ne fut-ce qu'à suivre qu'un loup géant. Une fois son rire éteint, le silence retomba, et il attendit que les regards ne s'éparpillent sur la noirceur pour prendre enfin la parole, ce qui pour la seconde fois surpris la rebelle.

- J'espère pour toi que tu cours vite, dragon. Quittez ma forêt, sinon ce ne seront pas que des vivres qui disparaîtront.

Un craquement bref, et le silence retomba.
Seven s'était accordé tout le temps que durerait la surprise pour fuir, et la compréhension de l'information qu'il venait de donner pour agir.
En moins de temps qu'il ne lui en fallut pour ne fut-ce qu'y penser, Seven s'était déjà jeté dans les bois à la poursuite d'un trésor caché dont il ne connaissait pas ne fut-ce que la nature.
Brisant branches, éventrant buissons et tapis feuillus sur son trajet surnaturel, il n'eut besoin que de douze petites minutes pour rejoindre l'orée du bois, ainsi que l'entrée des ruines, située de quelques pas plus en avant, à l'entrée dissimulée par des blocs de pierre fendus. Ils leurs en faudrait davantage pour le rattraper.
Il se stoppa en contournant un mur fissuré de parts et d'autres, s'attendant à voir une porte, il fut surpris de constater qu'aucune ne reposait ici, mais à la place un renfoncement creux tapit derrière un manteau de lierre épais dont les surcouches changeaient légèrement de couleur par la faute de la lumière ténue de ce mois d'hiver. Il pénétra dans de nouvelles ténèbres en se questionnant sur la qualité du bien que possédait le dragon, en piteux état, qui avait élu domicile dans ces souterrains.
Passant un second encadrement éventré, l'hybride arriva devant un escalier informe et passablement raide aux marches rendues étroites à cause de l'érosion peut-être, il n'en savait rien.
Ses pieds nus foulant la pierre le conduisirent plus profondément sous la surface de la terre, et il eut presque peine à épargner de son poids les nombreuses carcasses et squelettes datés qui recouvraient dans un spectacle quasi morbide la pente inhospitalière et ses tréfonds trop peu éclairés.
Lorsqu'il eut atteint la terminaison de la descente, il put remarquer une lueur faible au delà de la noirceur ambiante. Il hésita presque, les effluves de mort, de sang, celles du dragons et du basilic se chevauchaient toutes d'une puissance qui remuait ses sens. Pourtant davantage que celles ci, ce fut l'odeur d'innocence et de pureté qui lui fit décoller le talon du sol froid, puis avancer jusqu'au nid dégarni qui ceignait une bonne partie de l'un des espaces libre de la pièce humide.

Il souffla, excité, impatient, et curieux.
L'air qui fut expirée de ses poumons se matérialisa en brume fine et blanche au sortir de ses lèvres encore couvertes du sang caractéristique d'un affrontement passé.
Bien loin d'être aussi compétent pour ce qui était de voir dans le noir que ses bons amis les félins, le canidé se saisit de la torche sur le point d'abandonner son feu qui ne clairait que trop faiblement. Ce dernier rempart de lumière fut ravivé par le souffle atroce du carnivore et lorsque le soleil se répandit avec davantage d'ardeur qu'auparavant, il brandit son flambeau pour enfin s'émerveiller devant les reliefs sombres du petit corps écailleux qui gisait là, sous ses yeux.

Le trésor du plus gros était donc un dragon noir, peut-être son petit, mais n'était-ce pas inconscient de laisser pareille merveille sans défense, même dans un lieu comme les abords de la ville d'Ebeleïn ?
Peu étaient ceux à connaître la vérité sur la sécurité de ces zones, car même si le virus démoniaque n'était pas venu s'y répandre, d'autres dangers habitaient cette terre sauvage.

Seven releva la tête lorsqu'il entendit les pas affolés de créatures qui s'approchaient. Des pas affolés mais rendus lents par le soutient d'un être blessé et qui nécessitait au moins la force de plusieurs personnes pour être porté.
Un rictus à la nature inconnue s'invita sur les courbes de son visage, il laissa tomber le flambeau à terre, et murmura dans le noir.

- L'emmener ? Ou le laisser là et attendre ? Mh

Il semblait s'attendre à ce que son geste l'implique dans des affaires qui le dépassaient. Sans doute n'avait-il pas connaissance du problème entre Cain, la défunte et ce dragon ci, ni même avec le petit endormi là, mais causer du tort aux rebelles tout comme retirer pour sa propre personne des récompenses d'un acte qu'il allait commettre ou non, ça, eh bien ça l'intriguait.

Quoiqu'il ait décidé, les trois autres jamais ne seraient arrivés à temps pour l'en empêcher.
Seven s'évanouit dans la nature, avec, ou non, le trésor du dragon.

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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeSam 24 Fév - 20:31











Concessions
Difficiles


Exister, c'est autant de choix que de hasard. Parfois, la situation est incontrôlable. D'autres fois, tu ne peux que t'assurer d'avoir pris la décision la moins catastrophique.



Sa confusion laissa soudainement place à une brusque certitude.
Sur le champ de bataille, les émanations malachite se mêlaient d’ordinaire de smalt et de rubis, des couleurs aussi vives que toxiques qui lui étaient plus que familières. Bien qu’à l’instant en majorité absentes, ces explosions pigmentées demeuraient signature évidente d’un dragon aussi exubérant que mortel.

Sigma sentit un poids considérable quitter ses épaules lorsqu’elle comprit que la fumée qui brûlait ses poumons était le fait de l’intervention salvatrice du reptile exilé.
Confrontée au bip incessant d’un réseau instable une heure plus tôt, la médecin avait abandonné l’idée de l’appeler pour lui demander son aide. En désespoir de cause, elle s’était contentée de taper maladroitement un SMS d’alerte, priant pour que peut-être, l’appareil électronique se décide à capter un signal permettant l’envoi et la réception du message, sans y croire vraiment. Elle s’était trompée, et prendre conscience de cette erreur fit renaître en elle le souffle brûlant de l’espoir. La présence inopinée du dragon smaragdin promettait un brusque changement de situation, la domination d’un combat sanglant et une justice enfin proclamée.

Il lui fallu attendre de longues secondes avant d’avoir un aperçu encore trouble de cette nouvelle confrontation. La fumée épaisse peinait à se dissiper et le soleil qui, certainement, commençait à disparaître à l’horizon, marbrait le ciel nuageux de cinabre et d’indigo, obscurcissant les sous bois déjà protégés des éclats luminescents par une canopée épaisse.
Le silence soudain qui régnait, si calme après les rugissements qui eurent résonnés dans la sylve, était prometteur d’une prise de position évidente de la part du rebelle. A califourchon sur le loup immense, assez fort pour le maintenir au sol, Seiryu avait été plus efficace que Jahah et elle réunis, plus véloce qu’une humaine et bien plus fort qu’un ours. Désormais seul dominant de l’affontation, il semblait discuter des termes d’une trêve sans que pourtant, ses mots n’atteignent plus que partiellement les oreilles de la mortelle.

Entendre, en réponse aux propos cinglants de l’ermite aujourd’hui implacable, le rire profond du loup moqueur la laissa interdite. Le reptile avait ça de menaçant qu’il était inconcevable de ne pas prendre ses palabres au sérieux. Seules deux hypothèses pouvaient expliquer le comportement de la bête monstrueuse, et l’une comme l’autre avait tout de raidissant. Si sa peur de la mort était à ce point émoussée, il ne craindrait alors aucun des rebelles et jusqu’au trépas, serait capable de défendre ses biens sans céder à une concession raisonnable. Si le démon lupin était si puissant qu’il n’appréhendait aucune des menaces du géant céleste, rien non plus ne le motiverait à abandonner armes et ressources au pieds d’étrangers.
Leur chances de vaincre n’étaient pas encore réduites, mais Sigma sentait l’appréhension la gagner, exacerbée par un état d’alerte indicible, un pressentiment ineffable. La belle eu le réflexe de lever son arme, prête à faire face au prochain éclat de l’animal, sans pour autant prévoir qu’il puisse, plutôt que de repousser la masse masquée de son corps musculeux, simplement lui glisser entre les doigts. Filant au travers des mailles lâches d’un filet inadapté à une corpulence humaine, il disparu dans les ténèbres après une poignée de mots lâchés, ironie mordante et menace maligne, laissant derrière lui deux hères impuissant et une bête mourante.

L’Insensible ne prit pas le temps de se questionner sur le sens véritable de la provocation énoncée à l’encontre de son vieil ami. Sa frustration étouffée, elle réprima colère et reconnaissance pour se précipiter vers l’ursidé effondré, pas tout à fait conscient mais tout à fait presque mort.
Les ténèbres ambiantes rendaient difficile le constat du moindre dégât.  La fourrure de l’animal était poisseuse de sang, son souffle rauque indiquait une gêne pulmonaire. La rebelle pouvait toujours palper l’immense animal, elle restait médecin avant d’être vétérinaire, et bien qu’elle ai commencé toutes ses expériences sur des bêtes, qu’un travail au sein d’un peuple Ühvasan nécessitait d’acquérir tout types de compétences, elle n’était pas à l’abri de déductions faussées par la pénombre ou sa main blessée.

- Seiryu viens m’aider !
- Nan.
- Que .. Quoi ?

La femme fit volte face pour fixer d’un regard d’abord abasourdi, puis autoritaire le reptile masqué occupé à ranger d’une brève pression sur un mécanisme le filet dans son réceptacle. Elle ne s’attendait certainement pas à un refus de sa part, et plus que cela, elle ne l’acceptait pas.

- Il va mourir, je ne vois pas ce que je fais, j’ai besoin de plus de lumière et je ne peux pas le remonter seule jusque l’orée du bois alors viens m’aider.
- Never tu comprends pas il ..
- Magnes toi !

L’exilé grogna son désaccord mais céda. Il glissa la bombe à sa ceinture puis s’approcha pour soulever les 90kg du métamorphe de nouveau homme.

______

- C’est bon là ?

Seiryu n’attendit aucune réponse. La clairière dégagée laissait encore filtrer une bonne lumière, il la jugea suffisante pour les nécessités de la rebelle. Il allongea le blessé dans l’herbe gelée.

- Seiryu qu’est ce que tu fou ?!
- Désolée Never, faut que j’y aille, tu vas gérer !

Le garçon s'évanouit dans les bois sans plus d’explications, laissant la doc seule pour sauver d’un homme sur le pas de la mort. Si l’un comme l’autre des deux voyageurs avaient été blessés, c’était bien à l’origine pour satisfaire les besoins du dragon. Qu’il montre davantage de reconnaissance n’aurait pas été du luxe, Sigma se retrouvait pourtant unique coupable à regretter la disparition de vivres qui auraient du aider une bonne poignée de survivants et l’intervention peut-être mortelle d’un rebelle qui n’aurait jamais dû perdre la vie si loin du champ de bataille. Quel gachis.
Une enième fois, l’Insensible ravala sa colère.

Jahah avait été touché à de multiples reprises. Il avait des marques de crocs sur l’épaule droite et sur le mollet. Sa mâchoire arborait de vilaines griffures à la suite d’un coup qui la lui avait certainement déboîtée. Son flanc déchiré laissait échapper un épais filet carmin tandis que d’importants hématomes indiquaient plusieurs impacts sur sa cage thoracique et sa cuisse peut-être brisée. K6 était casée, la pointe entamée devait appuyer sur la plèvre pariétale, sans l’avoir traversée. L’ours ne présentait aucune trace de cyanose, que ce soit sur le bout de ses doigts, du nez ou des oreilles. Cependant, le risque que l’os se déplace et perfore le poumon restait important, elle ne savait d’ailleurs pas par quel miracle il y avait échappé le long de ce trajet mais il devenait nécessaire d’agir.

Sigma retira le sac de Jahah qu’elle avait sur le dos pour y soutirer une partie du trésor caché. La trousse de premiers secours avait déjà été en partie entamée pour soigner sa main mordue. Celle là d’ailleurs ne cessait de saigner, il était difficile de serrer le poing ou de se saisir d’un objet, mais droitière, elle ne devrait pas avoir trop de mal à le recoudre. Le souci principal s’incarnait davantage en la quantité de matériel laissé, et la quantité nécessaire. Le garçon avait trop de plaies, il n’y aurai certainement pas suffisamment de bandages, sans oublier l’aiguille, indispensable mais introuvable.

La belle releva les yeux, soufflant sa précipitation dans une tentative de calme. Sans le précieuse tige de fer, ou sans rien s’y apparentant, il lui serait impossible de refermer l’entaille débordante.
Ses prunelles vertes s’aggripèrent au chemin de terre qui parcourait le bois, s’attardèrent dans les branchages qui ceignaient la clairière, remontèrent jusqu’aux larges poutres d’une cabane forestière. La médecin s’immobilisa une seconde, traversée par l’hypothèse plausible d’y trouver le matériel manquant.
Elle céda à la tentation en une autre seconde, poussée par l’état inquiétant de son compagnon de route et l’absence évidente d’une pointe solide pour le soigner. Avant de s’y précipiter pourtant, la lésion principale nécessitait une attention particulière, sinon quoi l’homme se serait vidé des deux litres de sang nécessaires pour vivre bien avant son retour. La compensation permise par les mécanismes d’adaptation sympathiques assurait une compensation partielle des pertes et évitait, jusqu’alors un choc hémorragique mais il n’agirerait plus très longtemps.

Le tee-shirt plus épais de l’ours était idéal pour obstruer la plaie, sa ceinture pour maintenir fermement le tissu. Elle n’avait pas besoin de beaucoup de temps, seules quelques minutes pour toquer à la porte, ou y entrer par effraction, et trouver un peu de matériel devraient être nécessaires.
Il ne fallu qu’une quinzaine de secondes à la jeune femme pour atteindre la cabane. La construction semblait solide bien qu’assez ancienne. La porte branlante était grande ouverte, les fenêtres en partie obstruées. Quelqu’un vivait là, mais la dite personne était partie, laissant la cuisine tâchée d’une giclée écarlate et sur le sol, un sac et un poignard, tous deux dérobés à leur propriétaire.

Sigma n’aurait su dire si retrouver ses affaires s’agissait d’une bonne, ou d’une mauvaise chose. L’animal avait disparu et il ne s’était vraisemblablement pas réfugié chez lui, pour autant, rien n’assurait qu’il n’y repasse pas. Cette simple hypothèse aurait dû être suffisante pour la motiver à ne pas s’attarder, cependant, tomber sur encore davantage de vivres entreposés là laissait s’insinuer en elle la langue toxique de sa vieille amie Vengeance. Il lui était aisé de rendre au lupin la monnaie de sa pièce, dérober sa nourriture ou brûler sa maison. Pour autant, était-elle si monstrueuse qu’elle pourrait détruire peut-être une vie de souvenirs, ou la promesse d’un avenir, même à la plus cruelle des créatures ?
Elle l’était oui, en moindre mesure. Le métamorphe schizophrène ne pleurerait pas un ou deux lapins fumés, si ?

Quoi que Sigma ai eu décidé de faire, elle n’en eu pas l’occasion. Elle venait à peine d’ajuster le sac sur ses épaules que du coin de l’oeil, elle aperçu le corps nu mais de nouveau chargé du loup belliqueux. L’Insensible n’hésita cette fois pas. Elle leva son arme et déjà, tirait, visant sa jambe gauche pour l’immobiliser.



A presque un kilomètre, le dragon constatait avec horreur le nouveau larcin. L’enfant dissimulé était sauf, endormie dans des linges que plus d’une fois, ses petites griffes eurent déchirées. Le leurre lui, poupée de chair et d’écailles véritables, mais doté d’une vie artificielle, méticuleusement préparé depuis son arrivée à Ebeleïn, avait disparu, pour ne laisser derrière lui qu’une infâme odeur canine. Le loup avait pénétré son antre, outrepassé ses pièges, découvert ses secrets, et bien qu’il ai pu confondre le bien dérobé avec le fruit d’un amour défendu, il n’en demeurait pas moins une menace mortelle, conscient de la richesse dissimulée dans les sous-terrains et assez loquace pour pouvoir en parler autour de lui.
Père et fils n’étaient déjà plus en sécurité. Il fallait partir, ou détruire. Peu pleureraient un monstre implacable, pour autant Seiryu ne pouvait laisser une seconde fois sa progéniture esseulée.






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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeDim 5 Aoû - 21:46
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Le vice fils du vice, et de loin, était sa récente découverte la préférée.

Rien n'avait plus de valeur à ses yeux, entre autres choses, que la saveur du savoir interdit, et, tout comme les arcanes noires, les secrets excitaient la curiosité et le désir.
Sur le chemin du retour, le loup ricana, à de nombreuses reprises. D'abord d'euphorie, puis par moquerie. Seven avait bien des défauts, mais sa truffe ne le trompait jamais, il était né loup, un loup aux sens exacerbés, d'abord par le fait d'une bonne lignée, puis davantage par hybridité. Son esclaffement pris un air tout disproportionné, et il s'éleva dans la nuit naissante, à l'ombre des tiges feuillues des arbres comme un cyclone. Les rares créatures encore présentes ça et là alentour fuirent, les unes prirent la direction des profondeurs des champs sylvestres, les autres escaladèrent, toujours plus haut, la cime des chênes les plus denses, certains enfin quittèrent même la sécurité toute relative du bois pour s'aventurer là où la lumière poignait encore quelque peu sur l'épiderme hérissé des terres environnantes.

Derrière lui se traçait la marque de son passage, crayonnée grassement par l'illusion d'un corps fabriqué de toutes pièces. Ah ça, il ne pourrait pas lui enlever, le dragon était doué. N'importe qui aurait été suffisamment abreuvé de cette vérité faussée qu'il se serait satisfait de la croyance faste qu'était le cadavre qu'il traînait actuellement derrière lui. La queue de la poupée dans la main, l'homme nu marchait, tordu autant que ses lèvres l'étaient par son rire, parmi les buissons éventrés et les troncs salis de traînées de sang succinctes.
Une larme perla à la base de son oeil, puis glissa sur sa joue et termina sa courbe sur son torse noircit. La goutte saline fit un trou dans la crasse et se diffusa doucement tandis que les soubresauts irréguliers de la cage thoracique s'apaisaient.
Néanmoins agacé par le corps qu'il tirait, autant que par le poids qu'il représentait, il le hissa lourdement sur son épaule rougie, sans douceur. Le petit dragon avait perdu de nombreuses écailles et s'agitait comme l'aurait fait un vrai. Il gémit lorsqu'il fut propulsé dans les airs et une fois nouvelle lorsque, une fois sa course achevée, il heurta le corps musculeux de l'hybride. Ces petits sons parfaitement exécutés pour une marionnettes firent sourire le loup maléfique. Il bailla, l'effort ourlait son front et coulait dans son dos. Le voile de sueur qui le recouvrait lui donnait envie de s'ébrouer, et le sang qui continuait de s'épandre de la blessure qui ceignait son corps d'une belle entaille le mis rapidement d'une humeur de chien.
Il gronda, posa sa main calleuse et pleine de terre sur la plaie. Lorsque la saleté rencontra la chair les sourcils foncés du fou se courbèrent davantage et un pli creusa l'arête de son nez à sa base. Il décolla sa patte de son flanc et leva le bras assez haut pour examiner le liquide poisseux qui recouvrait sa paume. Il pouffa et s'essuya à la naissance de l'épaule, il était déjà dégueulasse.


~~


La rapidité était davantage le propre du vampire qu'elle n'était celui du loup, pour autant, la balle atteignit sa cible et s'enfonça sans ménagement dans la cuisse congestionnée du gaillard. Il n'eut ni le temps d'esquiver, ni même l'envie d'ailleurs. Sa folie le poussait à se mettre en danger, et tant que l'aimable et séduisant Seven n'aurait pas repris le contrôle, la noirceur de son âme continuerait de s'auto mutiler avec plaisir. Un plaisir malsain, mais tellement excitant.
La douleur le faisait vibrer, la souffrance le rendait fébrile, le sang le faisait perdre le peu de raison qui arpentait encore son esprit.
Un large sourire se dessina, étirant ses lèvres en une courbe carnassière terrifiante. Elle eut à peine le temps de le voir qu'il avait déjà rejoint l'arrière de la salle et se retrouvait dans son dos, malgré la blessure, malgré la sanie qui pissait et giclait désormais de deux orifices différents, et qui aurait suffit à terminer le plus impitoyable des ennemis.

Une masse noire fut projetée dans un coin, la petite créature couina de manière trop fausse pour qu'il pu s'agir d'un véritable être vivant et elle s'étendit contre le mur, sur le dos, les pattes en l'air, coincée contre le mur. Le regard de marionnette se posa sur la scène, vide.

- On veut encore jouer ?

Il vit les poils de sa nuque se hérisser sur la peau de la jeune femme à l'entente joueuse de ce murmure, son effroi lui parut palpable tant elle se raidit. Sa réaction fut amplifiée lorsque le souffle du propriétaire de ces lieux lécha la courbe de son cou, et ce fut à cet instant qu'il profita, une fois de plus, de la surprise de l'intruse pour agir.
Brusquement, il la poussa des deux paumes pour l'envoyer rencontrer la table de la salle à manger, qu'elle heurta douloureusement. La fermeté de sa poigne la garda de faire tomber le revolver, mais elle n'eut que le temps de ressentir la douleur du choc que le loup était déjà contre elle, son torse plaqué à ses omoplates. Il empoigna avec la même fermeté son poignet et cogna violemment ce dernier à deux reprises contre le plateau de bois que composait le meuble contre lequel elle était maintenue.
Sa témérité n'eut pas raison de la force de son assaillant et l'insensible du lâcher son arme que ses muscles libérèrent malgré elle.

Mécontent par l'absence du moindre témoignage de douleur, il tira sur son bras, un geste empli de la même brutalité que plus tôt, mais une fois de plus il n'y eu rien qui pu le satisfaire, elle ne sembla pas souffrir de ses maux.

Tout ce qui semblait l'affecter était une sorte de peur couplée à de la colère.

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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeMar 7 Aoû - 19:56




Elle avait fait mouche, c'était certain. Trois mètres les séparaient, tout au plus, et l'obscurité ambiante n'était pas suffisante pour l'handicaper. Pour autant, si elle eut ressenti douleur, la bête n'en manifesta point, et si elle en subit l'inconfort, elle n'en trahit rien. Au contraire même, car elle agit contraire à toutes prévisions.
Sigma avait volontairement visé bas : elle ne souhaitait pas tuer mais uniquement blesser. Non pas qu'elle soit prise d'un semblant de pitié, mais il y avait bien suffisamment de morts pour ne pas gaspiller une vie qui aurait pu trouver un semblant d'utilité, un jour ou l'autre, dans leur camp ( bien qu'elle ne fut pas certaine de le souhaiter ).
Une fois éclopé, elle imaginait le loup moins véloce et de ce fait, plus docile. Elle n'avait donc songé qu'à un unique dénouement : un grognement sourd émit davantage sous la douleur que la surprise, peut-être même, quelques pas en arrière pour qu'il puisse prendre appui sur le meuble dans son dos, en somme, un instant de répit qui lui aurait permit, assez vite, de prendre le dessus.
Grossière erreur.

Le couinement qui lui parvint la raidit soudainement, la laissant croire que quelque chose lui avait échappé. Jamais elle n'aurai pu deviner qu'il se soit agit de la plainte feinte d'une poupée éveillée, elle songea plutôt à la présence d'une autre créature, dans son dos, ennemi nouveau qui ne tarderai pas à profiter de sa surprise pour l'attaquer.
Le murmure, prononcé avec un doux amusement mais perçu avec la puissance sinistre d'une promesse funeste, la saisit successivement d'une angoisse nouvelle et d'une révélation soudaine. Deux émotions saisissantes qui ne le furent pas autant que la poigne brutale qui la poussa contre la table, la sonnant l'une et l'autre de sorte que, bientôt, elle ne put même plus déterminer exactement comment elle en était venue à lâcher son arme. Un instant débordée, l'Insensible ne put qu'encaisser l'acharnement d'un homme plaqué de tout son poids contre elle, pas même fichue ni de riposter, ni de faire le clair dans son esprit malmené tant par la peur qui l'avait possédée que par sa confusion. Paralysée, incapable de réfléchir au pourquoi du comment le blessé - et elle était certaine qu'il le soit - avait pu ainsi prendre le dessus, elle choisit de reléguer le tout au second plan, consciente qu'y songer l'handicaperait davantage. Reprenant contenance, elle se laissa déborder par une colère sourde que le loup devenu homme ne cessait d'alimenter, ire réanimée qui, propulsée par l'angoisse qui l'enserrait encore, pourrait la pousser à être aussi violente que le responsable de ses maux.

Un grognement fini par s'échapper de ses lèvres gercées par le froid, émit alors qu'il s’entêtait à vouloir lui déboîter le bras. Non pas le grondement sourd d'une menace non dissimulée, mais celui virulent d'une rage qui ne souhaite que sortir.
Profitant d'une occasion qui ne se représenterait certainement pas, Sigma entama la danse d'un coup de coude sec et puissant, envoyé par son bras gauche, droit dans les côtes lésées de son agresseur, qu'elle du finir d'affaiblir, puis elle bascula la tête en arrière, frappant de son pariétal l'arrête du nez trop fragile du blessé qui s'était penché en avant sous la souffrance première. Certainement pas aussi sonné qu'elle, il devait ceci dit avoir bien plus mal, et elle se découvrit un plaisir mauvais à l'entendre s'en plaindre. A moins qu'il ne s'agisse que de surprise, chose qui ne lui déplaisait pas plus.
La rebelle profita de ce fugace instant où il desserra sa prise sur son bras pour lui glisser entre les pattes, fuyant par la droite où, plutôt que de récupérer son glock, la précipitation la poussa à chouter dedans, l'envoyant valdinguer parmi les ombres de la cabane obscurcie. Le ciel s'était finalement nimbé d’anthracite, et les rares lueurs mordorées qu'il aurait pu être possible d'apercevoir à cette heure tardive étaient masquées par la sylve épaisse. Cette absence de lumière risquerait de jouer en sa défaveur si le combat durait plus de quelques minutes, de même que son simple état de mortelle.
Changeant de stratégie, l'Insensible abandonna l'idée de récupérer son arme pour se tourner à nouveau vers l'hybride, désormais libérée de son étau. Peu intéressée par sa nudité, elle reprit l'offensive, mettant enfin à profit des années d'entrainement auprès des meilleurs guerriers et entraineurs.




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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeMer 8 Aoû - 16:56
CHOIX



Il aurait été plus sage de l'abattre à la seconde même où sa carcasse de chien puant s'était trouvée pile dans sa ligne de mire. Au lieu de ça, elle avait déplacé son arme d'un tiers vers le bas et avait tiré sur sa cuisse, dans un espoir futile que fut celui de le ramener à une raison qui l'avait quitté depuis longtemps déjà.

Il n'avait effectivement pas bronché à cet instant ci, la douleur irradiait toujours, mais elle n'était rien face à celle qui l'envahissait à présent.
Les loups sont, comme les chiens, des créatures merveilleuses à la truffe fantastique mais néanmoins fragile, et si le coup que Seven reçu dans les côtes lui avait fait un mal de chien, la souffrance qui se répandit de son museau à l'arrière de son crâne lui fit tourner la tête.
Lorsque le craquement se fit entendre, aussi bien que ressentir, après qu'une certaine boîte crânienne soit venue s'écraser sur son visage, la sienne fut projetée en arrière et il recula de quelques pas. A l'instant même où le sang se mit à se déverser là où l'air peinait désormais à s'infiltrer, il poussa un grondement sourd, rauque, qui témoigna parfaitement de son mal. Il cligna des yeux, entrouvrit les lèvres, cette fois pour autre chose que mordre ou ricaner.

Après que ses mains furent portées à son nez dans une tentative vaine de stopper la douleur autant que le flux sanguinolent qui s'échappait malgré lui de son corps, l'hybride ouvrit des paupières appuyées qui dévoilèrent un regard furieux.
Il fit un pas vers l'avant, s'arrêta, et en l'espace d'une seconde à peine ses yeux furent teintés d'une incompréhension soudaine, comme si l'homme qui continuait de tenir son nez larmoyant ne comprenait rien à la situation.
Face à la table, alors que la jeune femme était désormais dans son dos, ses iris prirent une teinte plus foncées que celle de ce soudain vert translucide qui avait nimbé son regard.

Un réflexe canin lui fit frémir l'oreille qui vibra dans la direction qu'avait emprunté la rebelle pour le fuir.
Il décolla lentement ses pattes sales de son visage tandis qu'il gémit, toujours d'un timbre rauque, et contempla l'espace d'un instant le liquide poisseux qui en quantité glissait entre ses doigts. Son regard vert de jade s'illumina, mais il fronça néanmoins ses sourcils sombres, et un nouveau rictus vint fendre sa face maculée de vin alors qu'il entamait une rotation de sorte à ce que l'intruse fut de nouveau dans son champ de vision.

Elle était pleine de ressource, il ne pouvait le nier, mais plus elle lui résistait, plus elle se mettait en danger.

Le glock avait filé sous un meuble, là où elle ne risquait pas de l'atteindre à moins de devenir encore plus vulnérable qu'elle ne l'était déjà. Elle ne faisait pas le poids contre lui, encore moins quand la personne qui voulait sa peau était un sociopathe avéré et un cinglé dégénéré.
Il s'avança calmement.
Peints des sangs d'autant de personnes, ses traits toutefois lui resteraient inconnus, seuls ses yeux fous sortaient du lot de l'horreur, mais les hommes aux cheveux verts n'étaient pas non plus rares. L'idée qu'elle le reconnaisse en dehors de ce moment ne l'effrayait pas, et cela ne pouvait vouloir signifier qu'une seule chose : il ne comptait pas la tuer.

Jouer un peu avec elle par contre...

Elle avait excité ses sens autant que sa curiosité, et il s'agissait d'une bonne chose, elle avait découvert le seul moyen, malgré elle, de demeurer en vie. La suite si elle l'avait connue l'aurait fait frémir d'un dégoût virulent, mais elle ne savait rien de ses idées, ni mêmes de ses envies.

Passé son courage, sa détermination et sa rage, elle recula tout de même à mesure que l'individu à peine vêtu que de sang ne s'aventure dans sa direction. Elle avait perçu sa folie très tôt, peut-être parvenait-elle également à ressentir son inflation et la tension qui régnait dans l'atmosphère ambiante.
Ils firent quelques pas ensemble, chacun à distance raisonnable de l'autre, cependant pas suffisamment pour prévenir de la moindre attaque, qu'elle fut celle de la femme ou de l'homme. Ils quittèrent lentement la pièce, guidés par une appréhension certaine.

Et, dans les fourrées dehors, une masse brune s'agita, à demi morte, comme à moitié vivante.

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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeJeu 9 Aoû - 18:01




Sigma avait escompté repartir à l'assaut avant que l'homme n'ai recouvré ses moyens. Longtemps immobile, ses iris mordorées fixées sur ses mains dégoulinantes de carmin suintant, le loup avait un instant dégagé l'impression d'un étonnement aussi douloureux que sincère, peut-être tout autant surpris par la vive douleur ressentie que par le fait même d'avoir put être ainsi atteint. De longues secondes de choc qui auraient pu se concrétiser, pour l'Insensible, en une opportunité unique de prendre, une ultime fois, le dessus sur un combat qui ne devait absolument pas durer, mais la rebelle manqua de temps pour la saisir. Stoppée dans son geste par l'attention nouvelle portée par le sociopathe sur sa personne, elle dû céder à un semblant de fuite, quelques pas à reculons qui la poussèrent à approcher de la cuisine désordonnée par laquelle elle était entrée.

L'adrénaline faisait battre son cœur à un rythme acharné. Colère et peur la rendaient sourde aux barbottements de l'eau - d'ici peu gelée - qui s'écoulait doucement dans le ruisseau qui bordait la cabane, elle-même idéalement placée. Sigma inspira plus profondément dans un effort pour brider son angoisse. Son cerveau lui, était entièrement consacré à la recherche d'une solution viable pour la tirer de ce mauvais pas.
Son regard froncé s'attarda d'abord sur les pupilles de l'animal qui lui faisait face, brûlantes d'un feu nouveau plus inquiétant encore que celui qui le précédait, alors alimenté par les saveurs métalliques d'un sang qu'elle avait elle-même fait couler. En faisant culbuter sa tête, Sigma avait du atteindre l'os nasal, ou l'os ethmoïde. L'un ou l'autre brisé, les vaisseaux sanguins déjà fragiles explosés, la quantité d'hémoglobine qui s'échappait des narines du blessé avait déjà glissé jusque ses lèvres tordues, sur son menton, et bientôt sur son poitrail.
Plus bas, c'était son flanc qui laissait échapper un filet noircit. Ses côtes, qu'elle devinait douloureuses, avaient peut-être été fêlées, et un hématome violacé ne tarderait pas à colorer l'épiderme à l'endroit où le coude de la rebelle avait violemment frappé.
Un faisceau de lumière, le dernier qui émanerait aujourd'hui de l'étoile brûlante autour de laquelle la planète tournait en orbite, glissa par une fenêtre jaunie, percutant une seconde la cuisse dégoulinante de l'être encore innommé qui avançait au même rythme qu'elle. Les yeux cobalt de la belle s'y attardèrent également, avant de remonter, papillonnant d'une plaie à une autre. Avec l'oreille, elle en dénombrait quatre. Elle-même n'en avait essuyé qu'une. Statistiquement parlant, la médecin aux cheveux ébènes menait, et de loin, pour autant elle risquait bien de perdre la partie si elle ne trouvait pas, très vite, comment reprendre le dessus. Car elle était parvenue, semblerait-il, à énerver la bête, si bien que désormais, elle ne savait plus, qui de l'ire ou de la folie, était la plus à craindre.

Reculant, elle chercha à tâtons une masse qui puisse, sous ses doigts, sembler s'apparenter à une arme de fortune. Une fois la porte passée, un meuble s'étendait le long du mur de droite, une étagère sur laquelle reposaient conserves et autres vaisselles. L'Insensible en saisit une sans quitter le monstre du regard et la lui balança au nez, peu préoccupée par l'idée de le toucher à nouveau sinon plutôt de le déconcentrer. La première fut esquivée. La seconde, envoyée plus bas dans l'idée d'atteindre le sternum, ne fit peut-être jamais mouche. L'idiote, une fois surprise par le propriétaire de l'endroit à peine cinq minutes plus tôt, avait laissé son lourd sac à dos dérobé choir au sol, et plutôt massif, il était désormais un parfait obstacle à sa progression aveuglée.
Son talon tapa dans la masse. Sa vitesse, trop importante pour qu'elle se contente de s'immobiliser sans s'inquiéter outre mesure, la fit chanceler. Trop consciente de la menace représentée par le prédateur pour tourner la tête, Sigma eu malgré tout le malheureux réflexe d'attraper à la planche de bois qui servait d'étagère pour assurer sa position. Le corps figé mais le palpitant effrayé, elle restait raide, quelques secondes de trop immobile où l'instinct de survie, qui refusait qu'elle se précipite, la poussa à s'assurer un instant de la réaction de l'animal avant de se décider s'il devait la pousser à se redresser ou au contraire, tomber et filer sur le côté. Un automatisme qui pourrait l'handicaper plus que la sauver.



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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeJeu 9 Aoû - 23:05
Fuir ? ou...



Dans une situation comme dans l'autre, son choix ne la sauverait pas.
Mais elle avait de la chance, elle n'allait pas mourir aujourd'hui, sans doute l'homme tapis dans le corps de la bête y était pour quelque chose.

Il continua de s'avancer, un pas, puis deux. Lorsqu'une nouvelle foulée fut entamée le plateau vacilla, mal fixé, et il entraîna à sa suite la jeune femme dans sa lourde chute à la rencontre du sol en sapin gelé.
Calme et fou, le loup la rejoignit sans trop se presser, mais dépêcha son geste pour empêcher sa proie de rouler sur le flanc gauche alors que le sien continuait de hurler à la mort de douleur. Chacune de ses plaies palpitait, faisait battre sa peau et le sang qui s'écoulait d'elles faisait ralentir son coeur. Elle avait frôlé une veine à sa cuisse, mais le poignard qu'il avait pris dans les côtes n'avait pas manqué sa cible et à chaque mouvement brusque laissait échapper une nouvelle giclée écarlate.

Penché en avant au dessus d'elle, le vampire déjà pâle blêmit, pourtant il ne ressentait aucun des effets malheureux de chaque crevasse enfouie dans son corps. Il sourit, heureux comme le chat d'avoir mis la patte sur sa souris. Sur le dos, la souris quant à elle appuyée sur ses coudes tenta de reculer, mais à l'unissons le canidé la suivit, et bientôt il tira sur ses mollets pour la ramener sous son corps chaud, ce qui releva légèrement son vêtement vers le haut. Une fois à quatre pattes au dessus d'elle il la maintint fermement au sol tandis que le vin s'écoulait et gouttait par filets sanglants sur les abdominaux maladroitement mis à nus d'une rebelle fébrile. Il se pencha d'avantage, toujours ceint de la parure d'Adam, et vint enfouir son visage dans le cou de sa victime, humant son odeur et se préparant à prendre un repas bien mérité. Les gesticulations et les coups n'y purent rien, pas une fois elle ne parvint ne fut-ce qu'à le faire ciller. Il avait besoin de se nourrir, de récupérer des forces, et le désir ardent de connaître son goût, de le sentir exploser sur sa langue, martelait dans son esprit autant que dans son âme.

Il expira profondément, d'un souffle chaud, elle sentait si bon que ses sens se mettaient tous en alerte, et la colère face à tant d'impuissance la rendait plus désirable encore.
Il fit jouer ses canines acérées sur sa peau d'albâtre et soudain son corps fut brusquement projeté sur le côté dans un râle grave effroyable.

La respiration du loup s'accéléra cependant que son coeur commençait à manquer de carburant. Sa vitalité s'en allait, il aurait voulu le jurer, par tous les pores de sa peau. Il serra les dents alors que la jeune femme se relevait vivement, mais il la saisit fermement par le vêtement et tira violemment pour la ramener au sol. De là, ses dernières forces furent toutes mise à l'oeuvre d'un ultime crime. D'une rapidité somme toute surnaturelle, il fila dans l'ombre jusqu'à rejoindre l'auteur de son mal, le coup de feu qui avait été tiré avait certes été invisible, mais il n'avait pas été inaudible et Seven se précipita vers sa source.
Il ne lui fallu qu'une demie seconde pour tordre le cou à une carcasse à peine vivante qui avait trouvé dans un dernier élan de bravoure la force et le courage d'une tentative de sauvetage désespérée.
Ca venait de lui coûter la vie.

Affaibli et tremblant, le loup s'essaya à rejoindre le corps inerte de la rebelle qui avait perdu connaissance à l'instant même où son crâne avait rencontré le meuble de cuisine derrière elle, et contre lequel il l'avait tiré par inadvertance.
Il tituba, non sans mal, mais s'effondra bien avant de la trouver, et il s'évanoui à tout juste un mètre d'elle, le visage tourné vers elle.

A terre, le vermeil qui recouvrait déjà chaque recoin du logis s'étala, et un autre plus vif vint former une énorme flaque sombre autour de l'animal blessé.
Allongé sur le ventre, son propre visage baignait dans la sanie sale, à l'arête violacée, blessé.
Seules ses omoplates se soulevaient encore dans un faible rythme ô combien irrégulier lorsque la jeune femme se réveilla, tâchée par l'horreur de toute cette boucherie macabre.

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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeVen 10 Aoû - 20:04




Si Never avait prêté une attention toute particulière à l'avancée du loup, elle n'en avait pas consacré la moindre au plateau de bois sur lequel ses doigts s'étaient soudainement resserrés, pas même traversée par l'idée qu'il puisse être le traître qui l'abandonnerait aux pattes dégoulinantes de la bête. Lorsque finalement, il s'ébranla, s'effondra en emportant avec lui couverts et condiments dans un fracas devenu assourdissant après tel mutisme tendu, la belle chut de même, pas même sur le cul mais immédiatement dos au plancher, prise d'une terreur abasourdie qui la rendit aussi blanche que l'immaculée qui s'évertuait encore à tomber du ciel. Par chance cette fois-ci, son instinct ne se fit pas attendre et, motivé par un soudain retournement de situation, il adopta une stratégie : la fuite, pure et dure.

Le palpitant de la médecin qui cognait sa poitrine à un rythme effréné était idéal pour propulser dans ses veines et jusque ses muscles la force et l'énergie nécessaires pour lui permettre d'exécuter le moindre de ses gestes plus vite, et avec plus de puissance.
Sigma se redressa sur les coudes puis se recula si prestement que ça en devenait maladroit, cherchant ainsi à mettre le plus de distance possible entre son corps et celui dénudé qui, déjà, fondait sur elle. Toute son angoisse pourtant ne fut pas suffisante pour l'aider à fuir, pas plus qu'elle ne lui permit, une fois l'hybride à sa hauteur, de le repousser. Dominée bien trop vite par une masse malade mais assoiffée, ni ses pieds ni ses mains ne lui permirent de lui échapper. La rebelle, en se débattant, s'acharnait sur un bloc de pierre sculpté dont la force, plus que de relever d'une différence de sexe, était traîtresse d'une divergence de race qui, bientôt, justifia même qu'elle ressente la griffure de deux canines acérées sur sa gorge, et le souffle avide d'un homme également hybridé vampire sur sa peau. Un mélange génétique bien peu commun qui assurait au Démon encore davantage de capacités qu'il n'en avait déjà démontré, et encore plus de travers.
Sigma n'en aurait le plus souvent pas eu grand chose à faire. A vrai dire elle côtoyait la bassesse humaine et les dégénérescences de l'esprit réfléchi depuis des décennies et elle avait apprit, comme beaucoup, à s'y faire. Néanmoins, si elle abhorrait bien un vice, c'était la perversion qui poussaient certains hères à assouvir, à n'importe quel prix, des pulsions que d'autres savaient satisfaire décemment. Pas puritaine pour deux sous - à vrai dire elle serait même la première à céder au péché de chair si elle en avait l'occasion - la belle n'appréciait pourtant pas qu'elle, ou quiconque, fasse l'objet d'une cupidité telle qu'on leur refusait leur libre arbitre. Qu'il s'agisse de son corps ou de son sang, elle offrait par amour ou par passion sans hésitation, mais elle ne supportait pas que l'on cherche à la déposséder sans son consentement.
Never n'eut même pas le temps de grogner, et cette fois-ci bel et bien de colère, que déjà l'Innommé relâchait sa prise, s'effondrant sur le côté sans raison aucune. Peu intéressée par l'explication - car pas assez calme pour songer qu'il y ai pu en avoir une - elle n'eu de toute façon aucune occasion de le découvrir dans l'immédiat. Poussée en arrière alors qu'elle se redressait pour fuir, elle percuta de la tête, alors qu'elle se tournait pour amortir un potentiel choc au sol, la pierre d'un antique évier.


_______________


La première chose dont elle eu conscience fut le sang, chaud et poisseux, qui baignait désormais ses doigts. Puis le silence, entrecoupé des sifflements rauques et pénibles d'une créature aux cloisons nasales brisées.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, deux prunelles cobalt qui ne partageaient aucun gêne avec les bêtes nyctalopes, il faisait nuit noire. La lune qui décroissait depuis des jours s'affinait sans cesse davantage, ne laissant qu'un maigre croissant éclairer un ciel déjà partiellement couvert de lourds nuages de neige. Malgré tout, Sigma aperçu la masse, pour le moment informe, qui s'était effondrée à quelques mètres de son visage. Une masse inerte qui lui fit d'abord songer à un cadavre - avait-elle été balancée dans une cave au milieu de Ses autres proies ? Elle l'en penserait capable - avant de lui rappeler son agresseur. Si c'était lui, et que c'était son sang qui commençait à la tremper, il devait être dans une bien mauvaise position.

La rebelle se redressa en position assise. Confusion et méfiance se disputaient avec la rationalité, qui elle, voulait comprendre ce qu'il s'était passé avant de flipper, presque persuadée que si elle avait du mourir ou qu'elle le risquait encore, elle aurait déjà trépassé. Pour satisfaire les trois partis et sans ôter son regard froncé du corps inconscient, Never glissa sa main, la sanglante non bandée, dans la poche de son pantalon, dénichant un portable déjà maculé de trace noirâtres séchées. Elle l'alluma.

L'heure laissait supposer qu'elle avait du perdre conscience une petite demi heure. L'hémoglobine encore fraîche dans laquelle avait baigné sa paume le confirmait.
D'un clic, elle activa la lampe de poche intégrée à l'appareil et parcouru la pièce du rayon, dévoilant d'un faisceau opalescent la scène macabre dans laquelle elle s'était endormie.
L'hybride blessé reposait près d'elle, ses mèches vertes éparpillées sur son visage déformé. Il était tombé sur le ventre, une "chance" qui lui avait évité de se noyer dans son propre sérum : sur le dos, le liquide suintant se serait accumulé dans sa gorge, obstruant ses voies respiratoires déjà malmenées par des os brisés.
La rebelle se releva, et s'approcha du monstre. Comme l'on vérifierai qu'une créature putride et dangereuse vivait encore, elle poussa du bout de sa botte le bras puis le flanc de l'homme pour tester sa conscience.
Aucune réaction.
S'il n'était pas encore mort, il le serait bientôt. La quantité de sang qui avait quitté son corps glissait entre les lattes du plancher, mais la flaque qui persistait semblait si importante qu'il devait déjà avoir perdu les deux litres nécessaires à sa survie.
Tant mieux.

Sigma détourna les yeux. Inutile de s'attarder davantage, il ne méritait ni ses soins ni une tombe, car elle n'éprouvait aucun regret à le laisser crever. D'autres êtres attendaient une attention bien plus urgente, et si Jahah n'avait pas encore trépassé, il le ferait tout aussi vite si elle ne le rejoignait pas dans la minute.
Elle se pencha pour récupérer son sac au sol, et aperçu la seconde masse, dans le coin de la pièce, une silhouette qui, une fois éclairée, fut bien trop familière pour lui tirer un soupir de soulagement. Le coeur serré, elle alla ausculter le métamorphe qui s'était déplacé jusque la cabane en dépit de ses blessures et elle n'eu aucun mal à confirmer ses craintes. La créature gisait, morte, mais non pas de ses blessures passées. Sa nuque brisée désignait un responsable sans le moindre équivoque et lui ajoutait ainsi un nouveau crime à sa liste déjà longue de méfaits.
Sigma resta un instant immobile, fixant d'abord son compagnon et ami, puis le monstre qui le lui avait dérobé. La jeune femme était sortie vainqueur d'un combat perdu d'avance, mais elle n'en ressentait ni joie ni allégresse. Les pertes étaient trop élevées, et pour une justification dérisoire. Elle avait encore ses vivres, mais elle avait perdu du temps, une partie de sa foi en l'humanité survivante et elle garderait désormais le sentiment d'avoir trahi son camp, envoyant à la mort l'un des membres reconnu et distribuant des ressources vitales à un ancien allié ingrat.
Elle relâche le sac, grognant culpabilité et colère, mais incapable de rester là à se morfondre. Son portable en main, elle fit quelques pas dans les flaques écarlates, en direction d'un interrupteur aperçu qui justifiait la présence d'électricité dans la cabane. Pourquoi avait elle cru qu'un homme, aussi primaire qu'il soit, puisse vivre sans profiter des avantages qu'offrait l'ère moderne sous prétexte qu'il puisse voir dans la pénombre ?
Sigma alla l’enclencher, sauvegardant la batterie d'un portable qu'elle devrait encore faire tenir jusque son retour à la frontière, puis elle se lança dans une exploration exhaustive de la battisse. Après tout, la menace comme son allié tous deux anéantis, elle n'avait plus rien à perdre, et tout à gagner à voler ce qui s'y dissimulait encore. Et ainsi pourrait-elle compenser, un peu, les immenses pertes déplorées.

Elle farfouilla dans la cuisine, puis se tourna vers la salle à manger où, pour la première fois, son regard s'attarda sur la forme reptilienne qui gisait contre le mur, tordue, le regard vide et la langue pendante. L'Insensible haussa un sourcil singulièrement déconcerté, puis elle fit quelques pas dans sa direction, délaissant sa fouille au profit de son intérêt piqué à vif.
Il couina quand elle le souleva du sol et le détailla, le tournant délicatement, mais avec la curiosité méfiante d'une femme qui ne sait pas si la chose qu'elle tient va la mordre ou la brûler. Celle-ci ne semblait pouvoir faire ni l'un, ni l'autre. L'oeil redevenu vif, la créature trahissait l'intelligence d'un être conscient et intègre alors que son corps, brisé, auraient du lui faire exprimer douleur, peine si ce n'était trépas. Il lui rappelait ces poupées qui demeuraient dans sa chambre lorsqu'elle était enfant. L'une d'elle était tout sourire, en dépit de son bras arraché et de buste bouffé par les mites. C'était l'apparence qu'elle même devait parfois donner, inconsciente de la peine que devrait causer ses plaies et souriant, toujours rassurante, jusqu'à s'effondrer parce que son corps, plus fatigué que son esprit, ne supportait plus l'effort.
Never doutait que le dragonneau dans ses bras soit comme elle, et elle garda plutôt en tête l'idée d'une peluche vivante, éveillée par la magie ou par l'illusion. Une peluche dont la présence, dans un cas comme dans l'autre, l'anima d'une curiosité nouvelle et laissa, lentement, évoluer dans son cœur et ses entrailles, la langue toxique du doute. Les coïncidences s'enchaînaient depuis une semaine, traçant à l'instant dans son esprit une succession de liens intangibles et peut-être fictifs mais qui, une nouvelle fois, la poussèrent à se tourner vers l'hybride responsable de toutes ses emmerdes.

Elle resta un moment immobile, puis jura.

- Fait chier.

Le reptile obsidienne pencha la tête, visiblement rendu curieux par ces paroles. Elle n'y prêta garde et le reposa au sol. D'abord un petit immaculé dans les loges d'un général taré, et désormais un autre aussi noir que la nuit dans le salon d'un hybride tout aussi dégénéré, voisin d'un dragon dont l'ouï d'un chantage incompréhensible avait fait pousser des ailes, dragon alors doté du don de tromper les sens. Never se trompait peut-être, mais elle avait un très mauvais pressentiment. Ainsi que la sensation de tremper dans une affaire bien plus grosse qu'elle. Mais elle avait besoin de réponses, et Caïn était bien loin pour la voir mener quelques recherches prohibées de son côté.
Elle commença par envoyer un message à Seiryu, sans trop d'espoir désormais qu'elle avait déjà une fois été confrontée à la qualité du réseau dans cette partie-ci des bois, puis elle se concentra sur le loup. Sa respiration rauque était preuve d'un souffle de vie encore présent, bien que ténu. Quand y'a de la vie, y'a de l'espoir, hein ?


________________



Elle ne l'avait pas soigné, au delà d'allonger sa propre liste de trahison envers le camps Rebelle, c'aurait été du suicide. Uniquement maintenu en vie. Sigma s'était contentée de fermement compresser et bander les plaies dégoulinantes, sans retirer belles ou impuretés, sans recoudre ni désinfecter. Le nez encore brisé avait cessé de saigner désormais que l'hémoglobine avait coagulé, tout comme l'oreille. L'entaille du flanc était plus petite que dans son souvenir, mais elle devait être plus profonde. Celle de la cuisse avait été obstruée, de même que l'épaule, dont l'Insensible n'était pas responsable.
Ce ne fut qu'une fois momifié, ou presque, qu'elle s'était débrouillée pour déplacer le corps inerte du loup. Un interrogatoire se ferait difficilement étendu dans une marre de sang, sans liens ni attaches pour brider les potentielles attaques de la bête.
Avec toute la difficulté du monde, Never l'avait hissé jusque dans une chambre, où une chaise semblait assez solide pour l'attacher sans qu'il ne puisse s'en libérer. Aidée de diverses ceintures trouvées dans les tiroirs de la penderie, elle ficela, sans laisser le moindre mou, bras, jambes, ventre, poitrail et gorge aux différents bouts de bois qui constituaient eux même pieds et dossier du fauteuil. Cerise sur le gâteau ? Une clochette, fixée à un ruban noué autour du cou du fauve, collier aussi bruyant que sensible qui assurerait à la belle de toujours entendre et repérer le chien enragé.

Après tant d'efforts et de souffrances, il aurait besoin de repos. Beaucoup de repos. Mais elle ne pouvait se le permettre. Équipée de l'une des seringues d'adrénaline dissimulée dans la trousse de soin de feu Jahah, la doc vint poignarder le corps malade saucissonné, le réveillant ainsi d'un coup sec. Sourcil froncé, emplie de rage et d'amertume, Sigma laissa échapper un sourire mauvais en croisant son regard mordoré, puis elle se redressa pour se mettre à une distance respectable, abandonnant son arme dans l'autre cuisse de l'Innommé.

- Maintenant que tu es réveillé, tu vas pouvoir me parler du dragon. Dis moi, où l'as tu déniché ?



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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeVen 10 Aoû - 21:27
Coincé


Assis sur la dureté d'une chaise désormais salie par le sang et la terre, le loup était saucissonné comme un filet mignon canin, le comble. La tête penchée en avant, pendante, il ne réagit à aucun son, aucune sonorité, jusqu'à ce que son âme fut rappelée des portes de la mort jusqu'au monde ennuyant des vivants.
Bien loin d'être aussi insensible que la femme qui pendant son sommeil s'était métamorphosée en bourreau, il expira aussi douloureusement que bruyamment dans un gémissement rauque. Ses yeux s'écarquillèrent à ce moment précis, sa cage thoracique se mis frénétiquement à s'élever puis s'abaisser pour expulser un trop plein d'air au goût atroce.

Plongé dans l'incompréhension la plus totale, il tira malgré lui sur ses liens, ce qui fit grincer le cuir autour de ses membres, brûlant sa peau, et fit tinter la clochette délicatement nouée après sa gorge. La résistance et le carillon lui firent tous deux froncer les sourcils, Seven était lui même, mais l'atmosphère puait la mort et comme son esprit n'était pas assez oxygéné pour fonctionner normalement, il ne reconnu rien sur le moment, à peine capable de faire rouler ses méninges. La seringue dans sa cuisse ne lui fit pas le moindre mal, il ne la sentait pas à cause de la douleur qui irradiait partout dans son corps et qui acheva son mouvement corporel de rébelion.
Il se serait cru dans un mauvais porno SM.

Face à tant d'éléments contre indicatifs, il relâcha la tension dans ses muscles, ou du moins suffisamment pour que ses liens ne mordent plus son épiderme rougi.
Il entendit vaguement une voix, reconnu le timbre d'une femme, et ses paupières à demi ouverte se refermèrent. Une mauvaise blague, mais ça n'expliquait pas pourquoi il souffrait, ni pourquoi ça sentait le cadavre et encore moins pour quelle raison il était si faible.
Elle dû sans doute répéter sa question, ou ce qui sembla en être une, car à ce moment ci le ton fut le même, il parvint néanmoins à l'entendre quelque peu mieux. Il rouvrit les yeux, toujours légèrement, et son regard se fronça pour tenter de dissiper le voile que nimbait ses yeux, de sorte à essayer de la voir dans une meilleure résolution qu'actuellement.
Lorsqu'elle retira la seringue de sa cuisse pour la planter plus bas, près de son genoux, grognant contre lui, il tressaillit et sa mâchoire se contracta. Il poussa un grognement après elle et le flou vint reprendre possession de lui.
Il ne dit pas un mot, vraisemblablement il avait -encore- du faire une connerie, et si sa position avait été moins dangereuse, il se serait permis un soupir agacé.

Après quelques nouvelles secondes, lorsqu'il pu ouvrir entièrement les paupières sans ne voir que des silhouettes et que la lumière ne gêna plus, ses iris cliquetèrent et s'illuminèrent aléatoirement d'or ou d'orange sanguine.
Visiblement en proie à un symptôme inconnu, enfin pour elle, il secoua la tête après qu'elle fut penchée en avant, comme s'il avait cherché à se sortir quelque chose du crâne, par le fait d'un miracle.

Ses dents grincèrent tant elles étaient serrées, à tel point que ses gencives en blanchirent. A l'unisson, ses poings se fermèrent, et ses phalanges pâlirent à leur tour.

L'hybride finit par s'immobiliser, figé dans la même position que celle qu'il avait adopté dans son inconscience. Les mots de la femme le léchèrent comme une langue ardente, et sa phrase tourna un moment en boucle, heurtant ses tympans et raisonnant dans sa boîte crânienne alors que le monde s'était mis à vriller.
Il poussa un soupir alors qu'elle le força à relever la tête, tirant sur ses cheveux verts à la base du front. Sa poigne brusque lui indiqua qu'elle lui en voulait pour quelque chose, et toutes ces coïncidences le poussèrent à en conclure que son double maléfique avait encore foutu la merde. Et une belle grosse merde.

Malheureusement pour eux, il n'avait souvenir de rien.

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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeSam 11 Aoû - 10:38



Le loup hybridé avait tant perdu de sa force que de sa prestance. Oubliée, la bête féroce aux pattes musculeuses, effacée l'homme véloce à l’œil comme à l'esprit dégénérés. Ne persistait qu'une carcasse presque inerte dont la poitrine, bridée par deux liens de cuir, peinait à se gonfler de l'air âcre qui saturait la pièce, une coquille vide, épuisée et salie. Toujours paré de sa seule virilité - mise à mal après telles blessures ceci dit - l'homme voyait son épiderme couvert de terre et de sang, la poussière figée dans les dégueulis carmins qui s'échappaient, voilà encore quelques dizaines de minutes, des plaies suintantes. Les bandages encrassés laissaient déjà transparaître la sanie des blessures ; sur son visage, c'étaient ses mèches vertes qui s'étaient collées à l'hémoglobine qui avait investi son museau. Si pendant un temps, le goût de sa proie persistait sur ses papilles, il avait dû disparaître depuis longtemps, remplacé par la saveur, métallique et amère, de son propre sang ainsi que celle de sa défaite.

Le fou avait l'air quasiment mort, plus que l'Insensible ne l'aurait d'ailleurs cru. Il était resté si vif après ses trois premières estafilades qu'elle l'eut crû invincible. Une fois éveillé, et en dépit de son expérience médicale, elle s'était presque attendue à le trouver frais comme un gardon,  dingue ou énervé mais disposant de moyens encore suffisants pour lui tenir tête, si ce n'était même représenter encore une menace. Elle en était presque déçue.
Sourd et débile, il ne semblait ni comprendre la situation, ni comprendre ce qu'elle disait. Un ébahissement somme toute normal après un traumatisme si important mais qui, déjà, l'agaçait. Sigma voulait des réponses, et elle devait faire vite.
Elle reposa sa question une fois, puis elle replanta l'aiguille.

Toujours penchée sur sa personne, la rebelle attendait une réaction autre qu'un grognement réprimé. Lorsqu'il rouvrit les yeux après de longues secondes à encaisser souffrances et incompréhension, elle le fixa, peut-être trop longtemps et d'une manière trop froncée pour ne laisser transparaître qu'une colère sourde. Un instant, ses propres prunelles se firent inquisitrices, son instinct scientifique plus que sa curiosité piqués au vif.
Never avait suffisamment regardé ces yeux la menacer de leur avidité malsaine pour savoir que ceux qui, à l'instant, s'ouvraient à elle, avaient changés. Le mordoré était encore présent, mais il semblait désormais pigmenté de teintes sanguines dont l'importante variait d'un clignement de paupières à un autre, comme doté d'une vie - ou d'une magie - propre. Un trait singulier qui n'avait pas lieu d'être. La mélanine, dans le cas d'humains du moins, ne pouvait changer si vite de concentration qu'elle en modifiait en une demi seconde la teinte de l’œil. Concernant les surnaturels ... Il pouvait y avoir tant d'explications, du fait de capacités et de conséquences magiques toutes plus différentes les unes que les autres que la médecin ne pouvait réellement trancher. Longtemps, elle avait vu les iris de sorcières et d'autres mages gagner, ou perdre, en teinte ou en saturation, si non eux, leur victime, mais pouvait-elle - avait elle envie ? - de justifier la décadence morale de son désormais prisonnier par l'action d'un autre ?
Il y avait encore bien d'autres explications, et elle en préférait une qui soit différente.

Sigma se redressa, reprenant l'air froncé qui, jusque cet instant, figeait ses traits. Elle avait noté le détail, mais inutile de s'attarder. Le garçon en profita pour réadapter sa position initiale, les muscles de son cou si épuisés qu'ils relâchèrent la tension qui maintenaient sa tête droite. De bon coeur, elle fit ce que eux ne semblaient supporter et, tirant sur les cheveux de l'innommé, elle lui fit relever le menton. Son mutisme l'agaçait. Elle ne souhaitait en rien se mettre à le torturer dans le seul et unique but d'obtenir une confession qui, en plus, risquerait de n'être qu'affabulations, pour autant si elle le devait, elle le ferait.
Elle comme d'autres avait déjà commit bien des horreurs pour espérer gagner une guerre. Elle pouvait le faire pour éviter d'en perdre une, car si Caïn perdait la tête, il se pourrait que ce soit leur fin à tous.

- Je t'ennuie déjà ? Allons, ça ne fait que commencer. Mais tu as l'air d'avoir quelques soucis de compréhension. Il faut que je te rafraîchisse les idées ?  

Never relâcha la pression exercée sur ses racines, faisant retomber le crâne du demi loup sur sa poitrine.
D'un geste vif, elle se saisit du seau à ses pieds et en jeta le contenu au visage de l'animal, maculant faciès, épaules, buste et dos d'une eau glaciale puisée dans la rivière voisine. Le sang séché déjà, s'écoulait en de nouveaux filets dilués sur le corps devenu tremblant de la créature aussi stupéfaite qu'éveillée. Si l'adrénaline n'avait pas suffit, une bonne douche devrait aider.
Elle laissa retomber le seau derrière elle et reprit une fois qu'il eu finit de cracher le liquide qu'il avait, semblait-il, ingéré, feignant une réelle inquiétude :

- Ca va mieux ? Elle abandonna le masque au profit du précédent. J'espère, donc maintenant que tu es bien réveillé, dis moi. Où l'as tu trouvé, et pourquoi est-il dans cet état ? Car je doute que ce soit le tien.


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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeSam 11 Aoû - 12:05
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Elle n'avait pas froid aux yeux, tant mieux pour elle, mais ses paroles n'avaient aucun sens.

Si le corps du loup s'était mis à trembler, et s'il avait toutefois été envahi d'un soubresaut lorsque la morsure du froid avait léché sa peau, il n'avait plus bougé depuis, immobile et affaibli. Et si elle espérait des réponses d'une carcasse à demi morte, elle était soit stupide, soit têtue.
En somme, il était le seul à disposer des réponses à toutes ses interrogations, même si l'individu qui les détenait n'était pas celui qu'elle avait devant les yeux, mais un allumé dangereusement mortel.

L'eau froide fit geler son cerveau sur le coup, autant que la douleur qui fut ravivée un peu plus tard. Tout ce qu'il savait ? Qu'il était à poil, saucissonné comme du pied de porc à cette chaise qui lui niquait l'arrière train, et qu'elle attendait de lui qu'il lui communique certaines informations. De quoi parlait-elle à la fin ? Qu'était-il censé avoir trouvé au juste ?
En soi le comportement de la rebelle était compréhensible, mais si elle n'était même pas capable de faire la différence entre un malade mental et un mec un peu plus normal, c'est qu'elle n'avait pas l'habitude des interrogatoires musclés.
Il exhala le si profond soupir qui avait stagné dans ses poumons, un soupir qui parût peser lourd pour un homme à ce point mourant.

Il imaginait pouvoir parfaitement briser ses liens en changeant d'apparence, une transformation ne nécessiterait pas la moindre énergie, mais ce choix comportait trop de risques et il savait pertinemment qu'il ne parviendrait pas à faire plus que cela, atteindre la sortie dans son état était peine perdue, et du suicide.

Ses possibilités étaient réduites.
En fait il n'en avait pas.
Il poussa un second soupir, plus faible, le genre de soupir qu'un être quel qu'il soit pousse à la fin de sa vie. Parvenir un tant soit peu à réfléchir ne le sortirait pas de là, et il doutait qu'elle ne le laisse partir une fois sa petite scène stérile achevée.

Par contre, elle le prenait vraiment pour un débile, ça ne servait à rien de détacher chaque syllabe, ou presque, pour qu'il puisse comprendre, son incompréhension venait d'ailleurs, du fait qu'il ne sache rien, de son amnésie et des chocs qu'avait reçu son corps, il n'était pas attardé, m'enfin, ce devait être de bonne guerre.

Il secoua lentement la tête, les paupières de nouveau serrées. Derrière elles se rejouait la danse des couleurs, mais Seven ne pouvait pas laisser l'Autre prendre le contrôle, il le conduirait encore davantage à sa fin. La seule raison qui expliquait qu'il n'avait pas encore pris possession de lui ? Sa faiblesse avérée, son corps n'avait plus assez de force pour supporter le double maléfique du vampire.

Il tenta de puiser dans la mémoire de cet homme, mais il n'y eut pas accès, comme à chaque fois, malheureusement pour lui il n'était pas non plus en mesure de déduire des événements passés puisqu'il n'avait pas sous les yeux ce dont elle parlait.
Il ne s'avouait pas vaincu, pour autant il espérait qu'elle aurait la décence de l'achever rapidement s'ils devaient en arriver là.

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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeSam 11 Aoû - 12:45



Ne savait-il que soupirer et frémir, geignant presque une supplique de le laisser crever en paix, ou pouvait il relever la tête et s'exprimer enfin ? Où était donc passé ce feu brûlant qui, jusque voilà une heure, animait son corps et son esprit d'une allégresse maladive si puissante qu'elle en occultait blessures et souffrances ? Sigma ne l'avait pas éteint de cette douche glacée qu'elle lui avait forcé de prendre, car les flammes dansantes avaient quitté son âme à son réveil. Néanmoins, qui, ou quoi, en était responsable ?

Le rebelle ne su comment interpréter ce mouvement du chef qu'il eu après ses dernières palabres. Etait-ce de l’incompréhension, de l'épuisement, ou un rejet pur et dur de la situation, comme l'on aurait tendance à accuser l'imaginaire d'une position soudaine et défavorable ? Peut-être un peu des trois.
Elle fit une ultime tentative en récupérant, sur le lit mais certainement hors de sa vue s'il ne prenait le temps de relever la tête, la poupée brisée, la posant ensuite sur les cuisses nues du prisonnier.
Cela ne sembla pas plus faire d'effets, si ce n'était trahir cette même incompréhension que plus tôt. Ne l'avait il donc jamais vu, ou ne s'en souvenait-il pas ?
La doc serra les dents. Autant pouvait-elle passer des heures à opérer un blessé sans voir le temps qui passait, autant avait-elle de sérieuses difficultés à demeurer patiente dès lors que son expertise n'était plus de mise, sans parler de ses émotions, à fleur de peau depuis le début de la soirée. Aussi changea-t-elle de stratégie. Après tout, peut-être n'était ce pas lui qui l'avait projeté sur le mur ? Elle ne se souvenait pas que le dragonneau y soit à son arrivée dans la cabane, ni pendant leur altercation bien que nombre de choses aient pu lui échapper. Jahah l'avait peut-être amené, un intrus pendant son évanouissement, sinon le loup, à condition que celui ci soit, soit très bon acteur malgré sa fatigue, soit amnésique.
Il allait falloir trancher. Et par chance, bien qu'obstiné dans son mutisme, la bête semblait moins hargneuse que plus tôt dans la journée. Sans espérer qu'elle ai retrouvé - ou même que ce soit possible - la raison, au moins serait-elle, peut-être, plus apte à se confier, et répondre à des questions moins complexes.

- Commençons plus simplement. Est ce que tu l'as déjà vu ?



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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeSam 11 Aoû - 13:22
Coincé


Elle n'eut pas de réponse audible, uniquement le regard de son prisonnier dont les pupilles s'étaient dilatées et ses sourcils froncés.

Seven détailla la poupée sur ses genoux, elle avait du souffrir un temps, et il imaginait que c'est d'elle que la rebelle lui avait parlé. Il ne savait ni d'où elle venait ni comment elle était arrivée ici, seules ses écailles arrachées témoignaient de son malmenage. Il mis ce fait sur le compte de l'Autre, ça ne pouvait être une fois de plus que lui. La créature s'agita, elle n'était ni douée d'émotions, ni de sentiments, et n'éprouva aucune peur face à son bourreau. Elle ne fit que dévisager d'un air absent l'homme dégoulinant d'un sang dilué, gelé, sur lequel elle avait été posée.

Le silence retomba.
La seule chose que pu faire le médecin fut d'observer le jeune homme assis devant elle qui détaillait le pantin sur ses genoux.
Il avait l'air vitalisé d'une forme d'énergie magique, les illusions étaient fortes et il devina sans aucun mal qu'il ne s'agissait pas d'un véritable dragonneau. Toutefois, si on avait donné cette forme à une peluche, aussi réaliste qu'animée, cela ne pouvait dire qu'une chose, quelqu'un cherchait à protéger la véritable progéniture.
L'odeur de dragon forte qui parfumait le petit, à tel point qu'il pu la sentir malgré son nez en miettes, le lui confirma.

Cette nouvelle rencontre lui avait fait relever la tête, comme emprunt d'une nouvelle force, et le fit se redresser mécaniquement jusqu'à retendre ses liens qui grincèrent brièvement sous la pression.
Il tendit le cou en avant, de sorte à mieux pouvoir examiner la petite chose, et de petites goûtes glacées gouttèrent de ses cheveux verts trempés pour venir éclabousser silencieusement l'automate étrange.

Il avait l'air plus doux, plus censé, bien loin du monstre qu'il avait été plus tôt, pourtant toujours intimidant malgré son calme. Non que cela ait pu jouer un rôle face à la rebelle, mais il paraissait plus attentif et posé, ce qui ne jouerait pas pour autant en sa faveur.
Curieux, il s'essaya à claquer des doigts, pour voir jusqu'à quel point la frêle créature était réactive. Il fut surpris de la voir tourner l'oreille en direction de son torse derrière lequel se cachait ses mains, nouées dans son dos par des liens mordants.

Il n'avait plus que faire de la rebelle, mais il la savait toujours là. Seven était mauvais acteur mais après tout, elle ne le connaissait pas et ne pouvait pas savoir qu'en lui même, mentir ne résultait pas d'une tendance certaine, car il était beaucoup trop franc pour tenter de détourner la vérité.
Il fit ensuite plier son pied et laissa retomber son talon sur le sol en sapin. Une fois nouvelle, l'animal tourna la tête dans la direction du bruit, puis il secoua cette dernière.
Le jeune homme quant à lui serra les dents, la mâchoire suffisamment contractée pour faire grincer la blancheur de ses molaires, rappelé à l'ordre par une douleur vive dont l'origine était incertaine au vue de toutes les plaies qui parsemaient sa peau pâle.

Il leva son regard en direction de son bourreau, ses iris or plantées dans les siennes. La neutralité de ses yeux ne la suppliait de rien, elle n'avait affaire qu'à un regard sincère qui cherchait à comprendre. Ca ne le sauverait pas, et il ne cherchait pas à la convaincre grâce à ses yeux, il la questionnait simplement par la profondeur de cet échange.

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MessageSujet: Re: Concessions Difficiles | Seven & Never Concessions Difficiles | Seven & Never 1523541311-horlogeDim 12 Aoû - 14:12




Sigma ne s'était pas amusée à tester les réflexes et la réactivité de la peluche animée, trop occupée à d'autres préparatifs. Tout comme le demi loup, elle découvrait à l'instant les capacités de la marionnette et elle devinait, derrière cette mascarade, l'intense travail qui avait dû être accompli par l'être qui l'avait créée pour la rendre si vivante. La magie était puissante, néanmoins elle était bien moins évidente à manier que le croyaient les hommes et autres surnaturels sans pouvoir. Former un être qui, d'apparence, sembla vivant relevait de l'art, mais lui insuffler un souffle, une intelligence et un semblant de sentiments si naturels qu'ils semblèrent réels demandait, plus qu'un talent, un travail acharné durant de longues et interminables heures. Si la poupée n'avait pas été tordue, la rebelle ne l'aurait jamais confondue avec un automate : elle se serait laissée berner et aurait prit quiconque lui dirait le contraire d'affabulateur ou de naïf.
Cependant, bien que le petit reptile ai pu susciter tant son intérêt que son malaise, il ne lui apportait, à cet instant, rien de plus. Le loup raisonnable avait été clair, en dépit de son mutisme obstiné, il ne savait rien et ne pouvait lui fournir aucune information. Peu patiente tout comme peu désireuse de s'attarder plus que nécessaire, la doc abandonna, purement et simplement. La vision de cet homme presque redevenu enfant face à un jouet curieux la répugnait après qu'elle ai subit le courroux du même homme complètement fou, dont l'innocence cette fois n'existait en rien.
Sans une explication à l'ultime interrogation muette du blessé, elle reprit d'un geste brusque le pantin posé sur ses genoux avant de s'adresser à lui, venimeuse.

- Dans ce cas, tu ne me sers à rien. Crèves et pourrit ici, mes bandages ne te sauveront plus très longtemps.

Sigma lui tourna le dos, l'abandonnant, ficelé et presque mort, au froid et aux ravages que quelques heures sans soins feraient sans le moindre doute. Elle referma la porte dans son dos, mais ne quitta pas la cabane tout de suite. Avant de reprendre la route, il lui faudrait enterrer un ami, récupérer et voler des vivres et, si elle le pouvait encore, retrouver un dragon égoïste pour tenir sa parole, et obtenir des réponses.


________


Le choc que fit son sac, encore lourd, une fois qu'il eut rencontré le sol carrelé de la cuisine ne la fit pas même ciller. Fatigue et amertume avaient remplacé colère et vitalité, rendant la carcasse d'ordinaire si enjouée de la chirurgienne presque aussi vide que devait l'être celle du loup taré au fond de ses bois. Encore maculée de terre et de sang, qu'il s'agisse du sien, de Jahah ou de son agresseur qui s'était un moment amusé à se vider les entrailles sur son ventre mis à nu, Sigma avait aussi besoin d'un lit que d'une bonne douche. Néanmoins, avant qu'elle même ne se décide à y céder, elle avait encore deux ou trois choses à faire.
En dépit de ses recherches nocturnes, jamais elle ne pu remettre la main sur le dragon vert qu'elle était venue chercher. La grotte qu'elle avait fini par dénicher était vide mais les braises dans l'âtre encore chaudes. La bête qui y sévissait avait fuit, lâchement, sans se soucier de l'âme qui avait pu vouloir l'aider. Celle-ci avait donc gardé vivres et médicaments et elle se devait, désormais, de les remettre à leur place initiale. Sur ce point au moins, le camp rebelle aurait fait quelques bénéfices : ce qui avait été dérobé chez l'hybride servirait et en aiderait plus d'un.

Profitant de l'absence flagrante de personnel dans les cuisines et les étagères qui en servaient de réserve, l'Insensible replaça à leur juste place conserves, viandes séchées, et autres mets alimentaires. Ce ne fut qu'une fois - ce qu'elle considérait comme - son méfait corrigé qu'elle reprit la besace, bien plus légère, pour aller ranger le matériel de premier secours à l'infirmerie.
Celle-ci, immense pour accueillir le nombre trop important de blessés qui pouvaient affluer des champs de bataille, s'étendait à l'autre bout de la caserne.



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